Les panicauts : des chardons qui n’en sont pas. 2ème partie : Espèces européennes, asiatiques, nord-africaines et américaines

Claude Denninger

Le panicaut géant (Eryngium giganteum) est originaire du Caucase - © D.R.
Le panicaut géant (Eryngium giganteum) est originaire du Caucase – © D.R.

On dirait des chardons, avec leurs feuilles, ou au moins leurs bractées épineuses et leurs fleurs réunies en capitules. Pourtant ce ne sont pas des Astéracées ou Composées, comme les vrais chardons mais des Apiacées ou Ombellifères par la structure de leurs très petites fleurs. Dans une première partie (cf. Jardins de France 644), on s’est intéressé aux espèces spontanées en France. Mais la gamme des panicauts est bien plus large, puisqu’on en compte environ 200 espèces réparties sur l’Europe, l’Asie, l’Afrique du Nord et sur le continent Américain. Seules les espèces rustiques sont utilisables au jardin.

Espèces européennes (suite), asiatiques ou d’Afrique du Nord

Le panicaut géant

Le panicaut géant (Eryngium giganteum) mérite son nom car il peut atteindre une hauteur de 2 m. Dans nos jardins, il présente, le plus souvent, une hauteur de 80 cm à 1,20 m, ce qui justifie déjà le qualificatif « géant ».

Originaire du Caucase, il ressemble beaucoup à notre Eryngium alpinum par ses feuilles de base vertes, molles, en forme de cœur, bien pétiolées et à bord denté. A l’état de plantules ou de très jeunes plants, il est difficile de distinguer les deux espèces.

En revanche, ses inflorescences présentent des involucres moins élégants, à bractées moins nombreuses, plus larges et, surtout, beaucoup moins bleues. Elles sont seulement glauques avec des reflets argentés mais restent très ornementales. A l’état subspontané, cette espèce peut être observée dans le sud des Vosges, entre 300 et 800 m d’altitude.

Le panicaut géant est bisannuel. Il s’accommode beaucoup mieux que les deux espèces précédentes d’être cultivé en plaine ou à basse altitude. Dans nos jardins, il produit généralement de nombreux semis naturels qu’il convient même d’éclaircir. Il faut seulement, au moins sur une plante, laisser murir les graines, d’assez grosses graines noires, que le vent répandra à proximité en secouant les tiges. Ainsi, une fois introduit dans un jardin, sous forme de graines semées en place ou de jeunes plants, on risque peu de le perdre. Il ne présente pas d’exigences particulières quant à la qualité du sol et accepte presque toutes les expositions.

Un hybride d’Eryngium giganteum et, probablement d’E. planum, aux inflorescences violacées, est connu, en culture, sous le nom de panicaut d’Oliver (Eryngium x oliverianum).

Le panicaut à feuilles planes (Eryngium planum) est originaire d’Europe Centrale et d’Asie - © Kriss de Niort
Le panicaut à feuilles planes (Eryngium planum) est originaire d’Europe Centrale et d’Asie – © Kriss de Niort
Le panicaut à feuilles planes

Le panicaut à feuilles planes (Eryngium planum) est l’espèce le plus souvent commercialisée et l’une des plus faciles à cultiver en plaine. Originaire d’Europe Centrale et d’Asie, introduit dans les jardins dès 1596, il présente un port érigé. Sa tige atteint une hauteur de 50 à 80 cm, parfois 1 m. Ses feuilles de base ressemblent à celles d’Eryngium giganteum mais sont moins grandes et plus étroites. Celles de la tige sont également entières et vertes mais sessiles, alors que les supérieures sont trilobées.

Seules les inflorescences bleuissent, lors de la floraison, en juillet-août mais en devenant seulement bleu clair. Elles sont ramifiées, relativement étroites, comprenant de nombreux petits capitules ovoïdes entourés d’involucres aux divisions courtes et épineuse. Sa variété ‘Blauer Zwerg’ est plus naine, comme l’indique son nom en allemand et, surtout, d’un bleu plus soutenu.

Ce panicaut est bien vivace et n’a pas d’exigences culturelles particulières. Il fleurit en juillet.

Le panicaut bleu

Le panicaut bleu (Eryngium coeruleum), originaire du Caucase, ressemble au précédent mais avec des feuilles de la base lobées et des inflorescences encore plus ramifiées, plus larges et, surtout, remarquables par leur couleur bleu métallique. Elles sont vraiment bleues pendant toute la floraison, en juillet-août. Nous avions déjà décrit cette espèce dans le n° 681 du Lyon Horticole, 1er trimestre 2014, page 5 sous le titre « le plus bleu des chardons bleus ».

Comme l’Eryngium planum, ce panicaut se comporte très bien dans nos jardins et se montre parfaitement vivace, tout en produisant facilement des semis naturels jusque dans les pelouses.

Le panicaut améthyste (Eryngium amethystinum) est originaire du sud-est de l’Europe - © Kriss de Niort
Le panicaut améthyste (Eryngium amethystinum) est originaire du sud-est de l’Europe – © Kriss de Niort
Le panicaut améthyste

Le panicaut améthyste (Eryngium amethystinum) ressemble au précédent dont il diffère cependant par ses feuilles, toutes coriaces, divisées, épineuses et par la couleur d’un bleu violacé rappelant celle du minéral du même nom. Il est aussi bien vivace. Sa hauteur est seulement de 20 à 40 cm. Comme il est également très ramifié, il présente un port comparable à celui du panicaut des champs, formant un ensemble sphérique souvent aussi large que haut.

Originaire du sud-est de l’Europe, notamment de Dalmatie, il s’acclimate facilement dans nos jardins et ne demande pas de conditions de culture particulières.

Le panicaut à trois épines

Le panicaut à trois épines (Eryngium tricuspidatum) est un méditerranéen, surtout répandu dans le sud de l’Espagne et au Maroc.

Vivace, ses feuilles de base minces et vertes, entières ou trifides, molles, ne font pas penser à un chardon. En revanche, ses inflorescences ramifiées, également vertes, sont franchement épineuses. Elles montrent de très petits capitules entourés d’involucres dépourvus d’attrait. Ce serait donc une espèce sans intérêt ornemental s’il n’existait pas, au Maroc, une forme remarquable par les nervures très blanches de ses feuilles de base, la variété variifolium. Et celle-ci, parfaitement rustique car on peut l’observer jusqu’à des altitudes élevées dans le Haut Atlas, se cultive facilement dans nos jardins.

Espèces américaines

Bien représenté aussi dans le Nouveau Monde, le genre Eryngium y est facilement identifiable par les inflorescences des diverses espèces connues. En revanche, lorsqu’on les découvre pour la première fois, leur feuillage est déroutant. Au premier abord, on croirait voir des monocotylédones, notamment des Broméliacées, des Agavacées ou des Pandanacées, d’autant plus que ce sont des plantes de grande taille.

Ces étranges panicauts croissent dans des sols humides, voire marécageux, sous un climat tropical ou subtropical. De ce fait, ils sont sensibles aux gelées dans notre région, même les espèces originaires de montagnes où on peut en observer entre 2.000 et 4.000 m d’altitude où ils subissent des températures négatives mais jamais inférieures à -5 ou -6°C. Pour en savoir plus sur ces Eryngium et les espèces américaines tels que E. agavifolium, E. bromeliifolium et E. pandanifolium, on se reportera au très intéressant article de Claude Denninger paru dans le Lyon Horticole N°690 d’avril 2016

Nos jardins les méritent

Cet aperçu du genre Eryngium montre sa surprenante diversité alors que la famille des Apiacées, où il a toujours été classé, comprend surtout des genres très homogènes réunissant des espèces souvent difficiles à déterminer tant elles se ressemblent, même celles d’autres continents que l’Europe.

Il rappelle aussi que plusieurs panicauts méritent d’être introduits dans nos jardins.

 

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