La cuscute, parasite de la luzerne sous étroite surveillance

Joël Lechappe

La cuscute (Cuscuta spp.) est une plante annuelle herbacée de la famille des Convolvulaceae, parasite, dépourvue de chlorophylle. Elle est redoutable pour la luzerne dont aucune variété ne résiste à ses attaques.

La cuscute, un parasite redoutable de la luzerne - © D.R.
La cuscute, un parasite redoutable de la luzerne – © D.R.

Au début du développement de la cuscute, une minuscule racine issue de la semence assure les premiers besoins, puis elle cherche un support, s’y cramponne et émet vers le système racinaire de son hôte un suçoir nourricier. Son développement est rapide, il conduit à l’étouffement et à l’épuisement de son hôte. La cuscute produit de grandes quantités de graines (200 à 3 000 graines par tige), infestant les sols ou contaminant les semences d’espèces agricoles. Il y a plus de 80 espèces de cuscutes et de nombreuses espèces attaquent les plantes cultivées.

La luzerne (Medicago sativa L.) est largement répandue en culture en France. C’est une plante fourragère riche en protéines, souvent utilisée pour équilibrer les rations riches en énergie pour le bétail. Comme toutes les plantes sauvages et cultivées, la luzerne peut être affectée par des maladies et des parasites. La sélection variétale propose des variétés résistantes ou tolérantes à certaines de ces maladies comme la verticilliose ou aux attaques de nématodes (Ditylenchus dipsaci Filipjev), mais aucune variété ne résiste aux attaques redoutables de la cuscute.

Prohibée dans les lots de semences

Les semences de cuscute sont prohibées dans les lots de semences commercialisées depuis très longtemps. Les normes pour la certification sont au maximum d’une semence de cuscute pour 150 000 semences de luzerne (0 pour 50 000). En 1909, selon Émile Schribaux[1], la cuscute était tolérée dans les lots de semences, faute de réglementation, à la condition expresse d’afficher « non décuscuté » sur les étiquettes des lots de semences et sur la facture. On raconte qu’au début du siècle dernier, certains courtiers en semences, peu scrupuleux, mettaient des semences de cuscute sous leurs ongles et les relâchaient dans la poignée de semences de luzerne qu’ils avaient prélevées dans le sac proposé à la vente par l’agriculteur, pour faire baisser le prix. Depuis 1924, La traçabilité, les prélèvements et les tests officiels en laboratoire encadrés par les règles internationales de l’ISTA[2] garantissent les transactions.

Des lots contrôlés et analysés

L’analyse en laboratoire est la base rationnelle du commerce des semences. Elle permet de vérifier la conformité des semences cultivées aux normes de qualité définies dans les directives européennes de commercialisation[3] et dans le règlement de certification français. Tous les lots commercialisés sont contrôlés et analysés selon les méthodes décrites dans les règles de l’ISTA. Ces règles ont une portée internationale, elles sont approuvées par les 64 pays membres votants à l’ISTA. Elles garantissent la traçabilité totale depuis le lot conditionné en usine jusqu’au résultat de l’analyse et l’équivalence des résultats entre les pays qui appliquent ces règles.

La taille minimale de l’échantillon à analyser est de 25 000 semences pour toutes les espèces cultivées. Pour les semences de luzerne de la catégorie « semences certifiées », l’échantillon doit contenir au moins 50 000 semences, environ 100 grammes. Les semences de base sont analysées sur un kilo soit 500 000 semences. Pour la recherche de cuscute dans la luzerne, les laboratoires utilisent des trieurs alvéolaires[4], avec des alvéoles de 1,6 mm.

Trieur alvéolaire utilisé pour la recherche de cuscute dans les lots de semences - © D.R.
Trieur alvéolaire utilisé pour la recherche de cuscute dans les lots de semences – © D.R.

Le résultat du test est exprimé en nombre de semences de cuscute dans la masse de semences de luzerne examinée. Dans la grande majorité des lots de semences analysés, aucune semence de cuscute n’est détectée, ce qui témoigne de l’efficacité du contrôle, qui au cours des décennies a réduit les multiplications de la cuscute.

Semences de Cuscuta campestris (à gauche) et de Cuscuta europaea
Semences de Cuscuta campestris (à gauche) et de Cuscuta europaea

* Ont contribué à cet article : Karima Boudehri, Directrice du laboratoire d’analyses physiques de la Station Nationale d’Essais de Semences (GEVES), Thibaut Mousset, Philippe Pannetier et Thierry Préveaux Techniciens au laboratoire d’analyses physiques, Station Nationale d’Essais de semences (GEVES).

[1] Emile Schribaux, 1909. Le commerce des semences et la loi du 1er Aout 1905. Paris, imprimerie Mauchaussat, 16, Passage Guibert, XVe

[2] International Rules for Seed Testing, ISTA 2015, www.seedtest.org

[3] Directive 66/401/CEE du Conseil concernant la commercialisation des semences de plantes fourragères

[4] Fiches techniques d’identification des semences et autres impuretés « Cuscuta sp. – Cuscute » référence AP/P/01

 

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One thought on “La cuscute, parasite de la luzerne sous étroite surveillance”

  1. Bonjour;
    Nous avons un verger d’olivier attaqué par la cuscute (sur arbre).
    Prière de nous orienter vers une stratégie ou une technique de lutte adéquate.
    Cordialement.

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