Importations de végétaux : une quarantaine pour maîtriser les risques sanitaires (2e partie)

Philippe Legrand

Dans une première partie, nous avons détaillé la réglementation sanitaire européenne relative à l’importation des végétaux. Cette deuxième partie sera consacrée au processus de quarantaine des végétaux, mené à la station de Clermont-Ferrand par le Laboratoire de la Santé des Végétaux de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail).

Des installations spécifiques pour la quarantaine

La station de quarantaine de Clermont-Ferrand dispose d’instal­lations spécifiques pour la réception et la culture des végétaux. Ces installations sont adaptées aux risques encourus et garan­tissent le confinement nécessaire pour éviter tout échappement d’un organisme nuisible éventuel vers le milieu extérieur.

Les installations de la station de quarantaine sont réglementairement agréées pour l’activité de quarantaine post-entrée par le préfet de la région Auvergne – Rhône-Alpes. Les activités de la station de quarantaine sont réglementairement contrôlées par le SRAL (Service régional de l’alimentation) d’Auvergne – Rhône-Alpes, qui est localement le gestionnaire du risque phytosanitaire et le représentant de l’Organisation Nationale de la Protection des Végétaux (ONPV).

Trame de coloration jaune sur les feuilles causée par l’American plum line pattern virus (APLPV) sur Prunus. Ce virus réglementé d’origine nord-américaine a été détecté à plusieurs reprises sur le territoire européen.  ©P. Legrand

La station de quarantaine de Clermont-Ferrand dispose d’un laboratoire d’analyses spécialisé en virologie, pour la détection des virus, viroïdes, phytoplasmes et bactéries endophytes qui sont recherchés sur les végétaux en quarantaine. Ce laboratoire est donc équipé pour effectuer des analyses par techniques ELISA et PCR, mais aussi pour des opérations de vitroculture nécessaires à la multiplication de certains végétaux comme la pomme de terre. Pour les analyses concer­nant les autres organismes nuisibles aux végétaux (insectes, champignons, bactéries, nématodes…), la station de quaran­taine de Clermont-Ferrand fait aussi appel aux autres unités spécialisées du Laboratoire de la Santé des Végétaux, qui est le Laboratoire National de Référence pour les analyses phytosanitaires.

Spécialisée dans les fruitiers

La station de quarantaine de Clermont-Ferrand reçoit essen­tiellement des fruitiers à pépins (Malus, Pyrus, Cydonia), des fruitiers à noyaux (Prunus), des agrumes (Citrus et autres Rutacées), de la vigne (Vitis) et des pommes de terre (Solanum). Elle reçoit plus sporadiquement des kiwis (Actinidia), des noi­setiers (Corylus), des gojis (Lycium) ou des grenadiers (Punica). Elle peut éventuellement recevoir d’autres végétaux après expertise et acquisition des techniques et méthodes de culture et d’analyses de laboratoire.

Seule la quantité de matériel végétal nécessaire à la sauve­garde (multiplication de la variété) et aux analyses est reçue en quarantaine, et seul le matériel végétal qui présente le risque sanitaire le plus faible est accepté. Ainsi, dans le cas des frui­tiers et de la vigne, la station reçoit uniquement des rameaux aoûtés à l’état dormant qui permettront d’effectuer un greffage ou un bouturage. Cela permet, par exemple, d’éliminer tout problème sanitaire lié aux pathogènes du sol et du système racinaire. Dans le cas des pommes de terre, la station reçoit de préférence des vitroplants produits en laboratoire en condi­tions contrôlées, et à défaut des graines ou des tubercules.

Un processus de quarantaine bien établi

Pour chaque espèce végétale, un processus de quarantaine est établi et suivi. Le processus de quarantaine comprend les différentes étapes d’inspections visuelles en recherche de symptômes et d’analyses de laboratoire au cours de la vie du végétal à la station de quarantaine, depuis sa réception jusqu’à sa sortie de quarantaine. Il a pour objet de s’assurer de l’état sanitaire du végétal et de sa conformité à la réglementation, en recherchant tous les organismes nuisibles réglementés suscep­tibles d’être portés par le végétal. La durée réglementaire mini­male de la quarantaine est d’un cycle complet de végétation.

Chaque processus de quarantaine est construit à partir des exigences réglementaires et des recommandations techniques fournies notamment par l’Union européenne, l’IPPC (International Plant Protection Convention), la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, éditrice des « Technical guidelines for the safe movement of germplasm »), l’OEPP (Organisation Européenne et Méditerranéenne pour la Protection des Plantes) et l’ONPV française (Ministère chargé de l’Agriculture).

La station de quarantaine de Clermont-Ferrand : vue d’ensemble © P. Legrand
La station de quarantaine de Clermont-Ferrand : les installations confinées de culture des plantes © P. Legrand

La sortie des végétaux de quarantaine

À l’issue du processus de quarantaine et au vu des résultats des analyses menées, le SRAL d’Auvergne – Rhône-Alpes délivre ou refuse la mainlevée officielle qui permet la mise en circulation du matériel végétal sur le territoire de l’Union européenne.

Tout matériel végétal contaminé par un organisme nuisible réglementé fait l’objet d’une destruction dans les installations confinées de la station de quarantaine.

Le matériel végétal reconnu indemne d’organisme nuisible réglementé est restitué à l’importateur, qui peut alors en disposer. Il est important de souligner que, conformément aux exigences de la directive 2008/61/CE, l’intégralité du matériel végétal en quarantaine est testée. La station n’effectue pas d’échantillonnage, et seul le matériel analysé pourra recevoir une autorisation de mise en circulation. Cette autorisation ne vaut que pour les végétaux analysés lors du processus de quarantaine et ne permet pas d’importer d’autres végétaux de même provenance et variété. En général, pour une variété donnée, un importateur de matériel végétal récupérera donc trois plants en sortie de quarantaine, qu’il pourra ensuite multiplier.

Plants de pomme de terre, en quarantaine dans une chambre de culture confinée © P. Legrand
Jeunes plants de fruitiers issus de greffages, en quarantaine dans une serre confinée © P. Legrand

La dimension européenne de la quarantaine

La réglementation étant commune à l’Union européenne, les règles d’importation et de circulation des végétaux sont les mêmes pour tous les États membres. Ainsi, la station de quarantaine de Clermont-Ferrand reçoit non seulement des végétaux pour des importateurs français de ressources géné­tiques, mais aussi pour des importateurs situés dans d’autres États membres de l’Union européenne.

La station de quarantaine de Clermont-Ferrand a tissé des liens avec les autres stations de quarantaine et laboratoires européens concernés par des problématiques communes. Elle reçoit aussi régulièrement la visite de délégations étrangères intéressées par les installations de confinement et par la mise en œuvre du processus de quarantaine.

Pour en savoir plus sur la quarantaine

  • Pour des informations concernant la réglemen­tation phytosanitaire et les exigences à l’impor­tation des végétaux, s’adresser au SRAL (Service régional de l’alimentation) de la région concer­née : c’est le service en charge de la protection des végétaux au sein de la DRAAF (Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt).
  • Pour des informations relatives à la quarantaine post-entrée des végétaux :
    ANSES – LABORATOIRE DE LA SANTÉ DES VÉGÉTAUX
    Station de Clermont-Ferrand – Unité de Quarantaine
    6 rue Aimé-Rudel – Marmilhat
    F-63370 LEMPDES
    Tél. : 04.73.74.83.00 – Fax : 04.73.74.83.01
    clermont.lsv@anses.fr