Plante d’intérieur. L’innovation pour tous les sens

Gilles Galopin

Représenter la nature, apporter un plaisir visuel et olfactif, contribuer à la santé : autant d’éléments que l’innovation doit prendre en compte pour la mise au point de nouvelles plantes en pot. Si la fonctionnalité des plantes doit être un fil conducteur de la recherche pour la prochaine décennie, elle devra faire appel à toutes les méthodes scientifiques allant de l’analyse sensorielle à la floribondité, en passant par toutes les facettes de la biologie. L’innovation a donc un bel avenir.

 

Dipladenia jaune - © Ets LannesLa plante « dite d’intérieur » est destinée à un usage d’intérieur, de nature privée ou publique. Or, l’évolution actuelle de l’habitat qui tend à favoriser un continuum intérieur – extérieur avec le développement des terrasses et balcons couverts élargit l’espace intérieur y compris dans ses usages et dans ses composantes environnementales. La plante d’intérieur est un élément de décoration et d’agrément qui peut évoluer de la simple plante en pot, à la composition florale, aux chemins de table et plus récemment aux murs végétalisés d’intérieur ou aux cloisons végétales.

 

D’abord l’esthétique

La plante d’intérieur représente la nature intérieure en période climatique défavorable ou dans les pays aux climats les plus froids. Dans une ambiance confinée, où la proximité entre la plante et l’homme est grande, la plante peut fortement contribuer au bien être ou au mal être de l’individu. Cela nécessite une analyse fine des propriétés de la plante sur ses formes, ses couleurs, ses parfums, et plus globalement sur son impact sur la qualité de l’air.
Au cours des vingt dernières années, l’innovation esthétique a été privilégiée avec le développement des plantes miniatures (Kalanchoe, Rosa, Cyclamen), des plantes crassulescentes et des orchidées (Phalaenopsis et autres genres botaniques) avec parallèlement une désaffection pour le Begonia elatior, le Saintpaulia ionantha et les plantes vertes en général, jugées moins attractives. Cette innovation a été initiée et stimulée principalement par les pays du nord de l’Europe avec le Danemark et les Pays Bas.

 


L’influence de l’usage

Pour la prochaine décennie, de nouvelles sources d’innovation seront influencées par l’usage et la fonctionnalité des plantes. La plante d’intérieur devra apporter un plaisir visuel et olfactif, en constituant un objet de décoration qui contribue à la personnalisation de l’espace intérieur. Elle devra également contribuer à la santé humaine en rendant l’air plus sain par la purification de l’air et en assurant des effets bénéfiques sur le stress psychophysiologique.
Les techniques de création variétale et d’exploitation de la plasticité phénotypique restent les sources d’innovation les plus importantes mais elles sont guidées par de nouvelles connaissances scientifiques.
L’identification des composés organiques volatils (COV), la connaissance des voies de biosynthèse et le développement des méthodes d’analyse ou de perception avec notamment les nez artificiels ouvrent l’innovation sur les plantes à parfum. Elle doit permettre de proposer des plantes dont l’harmonie et la persistance du parfum peut agrémenter les espaces intérieurs et se substituer aux diffuseurs d’odeurs. La connaissance des processus de phytoremédiation laisse une nouvelle place aux plantes vertes bien connues comme Spathiphyllum wallisii, Syngonium podophyllum, Hedera helix, Fatsia japonica ou encore Epipremnum aureum.  Elles seront mises en scène dans des concepts innovants par des cloisons végétales ou des générateurs d’ambiances. Le développement de nouvelles méthodes scientifiques comme l’analyse sensorielle ou l’analyse morphométrique sur les plantes ornementales constituent des outils d’aide à l’innovation sur la forme, l’architecture et l’esthétisme  des plantes. Elles orientent la sélection sur des critères de floribondité, de compacité de feuillage et de coloris comme peuvent l’illustrer les nouvelles variétés de Cyclamen F1 de la gamme Metis® des Ets Morel ou le Mandevilla jaune Diamantina® Opale ‘Citrine’ créé par les Ets Lannes, qui a obtenu le prix de l’innovation au salon d’Essen en 2011.

 

Lis en pot - © Ets Leblanc

Une adaptation aux conditions

Les connaissances en biologie sur la thigmomorphogenèse (effets mécaniques impliquant le contact avec la plante par exemple les frottements) ou les mécanismes physiologiques liés à l’adaptation aux stress hydriques permettent un meilleur contrôle de la compacité des plantes par l’accroissement de la ramification et la réduction de la longueur des entre-nœuds. Ils permettent ainsi la production de plantes compactes sans avoir recours aux régulateurs chimiques de croissance. Enfin, des travaux récents sur la synthèse des pigments impliqués dans la photosynthèse laisse envisager qu’une surexpression est possible, permettant ainsi une augmentation de l’efficience de la lumière et donc une meilleure adaptation de la plante dans un espace intérieur contraignant.

 

Satisfaire le design

Pour conclure, j’insisterai sur le fait que l’innovation doit mobiliser toutes les méthodes et les connaissances nouvelles pour proposer un produit innovant dans une démarche qui ne se limite pas à une approche empirique. Le Lis en pot,  proposé par les Ets Leblanc, en est un exemple ou les innovations variétales, agronomiques et mercatiques ont été conjuguées pour s’inscrire dans les tendances du design végétal actuel par des couleurs et des formes innovantes.

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