Les fabuleuses adaptations des plantes succulentes

Les plantes succulentes, autrefois appelées plantes grasses, ont la particularité de pousser dans des zones sèches où l’eau manque une partie de l’année. Pour lutter contre ce manque d’eau, elles ont développé diverses stratégies. Les plantes succulentes regroupent les cactus, famille des Cactaceae et bien d’autres plantes de diverses familles : Euphorbiaceae, Apocynaceae, Crassulaceae, etc

À GAUCHE : Echinocereus pulchellus, Hidalgo, Mexique - EN HAUT AU CENTRE : Echinocereus pentalophus ssp. pentalophus, Xichu, Mexique - EN HAUT À DROITE : Fleur nocturne de Carnegia gigantea, Sonora, Mexique - EN BAS À DROITE: Echinocereus enneacanthus ssp. brevispinus, Coahuila, Mexique

Quelles sont leurs stratégies ?

Les plantes qui se développent sur des sols carencés en eau sont appelées des xérophytes ou plantes xérophiles. Elles se maintiennent vivantes dans des conditions arides grâce à des modalités leur permettant soit d’éviter la déshydratation soit de la supporter. Un grand développement de l’appareil souterrain (racines), en profondeur, latéralement, dans les différentes directions, permet une bonne absorption de l’eau. Certaines plantes possèdent des racines descendant jusqu’à 50 mètres de profondeur pour puiser l’eau dans les nappes phréatiques. D’autres, des cactus par exemple, développent des racines à faible profondeur mais s’étendant sur une large superficie, ce qui leur permet de capter facilement l’eau des rares pluies.

D’autres moyens de lutter contre les pertes en eau par évapo-transpiration sont le développement d’une abondante pilosité, la cutinisation (épaississement de l’épiderme) des feuilles, la réduction de la surface foliaire, l’absence de feuilles, réduites à des épines, la protection des stomates (présents en nombre réduit) enchâssés dans l’épiderme foliaire, et leur fermeture en journée, l’enroulement des feuilles et parfois aussi leur chute en cas d’importante sécheresse, l’élévation de la force de succion des poils absorbants. Les réserves aquifères deviennent importantes avec le développement de phénomène de succulence : l’eau est stockée dans des tissus situés dans les feuilles, les tiges ou les racines.

Le phénomène de succulence

Les plantes succulentes sont caractérisées par des feuilles, des tiges ou des racines susceptibles d’accumuler de l’eau et faisant ainsi office de réservoir. L’eau, sous forme de solution (mélange d’eau et de substances minérales et organiques solubles) s’accumule dans les vacuoles de grandes cellules situées sous le parenchyme superficiel.

Chez les espèces à feuilles succulentes, les réserves d’eau sont contenues dans les feuilles qui sont développées et charnues. On trouve ce type biologique chez les agaves, les aloès, les Crassula, les Echeveria ou les Lithops par exemple.

Chez les espèces à tiges succulentes, les tissus charnus sont situés dans les tiges. La tige est verte, au moins chez les jeunes sujets, donc chlorophyllienne et siège de la photosynthèse. Les feuilles sont souvent absentes ou de petite taille, caduques ou persistantes, ou encore transformées en épines. Ce type biologique est courant dans les familles des Cactaceae et des Euphorbiaceae. Chez les Cactaceae, on trouve des plantes céréiformes de plusieurs mètres de hauteur et des plantes globulaires de taille variable, petites chez les Mammillaria ou de grande taille chez les Echinocactus et les Ferocactus.

Les espèces caudiciformes sont caractérisées par un organe de stockage situé souvent à la base de la plante et qui correspond à la racine, à la tige ou aux deux à la fois. Les plantes à caudex sont de taille variable : ce sont des arbres, comme les baobabs, ou des plantes de taille moyenne à petite, dont le caudex est aérien ou souterrain, comme les Adenium et Pachypodium (famille des Apocynaceae), les Adenia (famille des Passifloraceae) ou encore les Cyphostemma (famille des Vitaceae). Chez ce type biologique, la photosynthèse est assurée par les organes aériens annuels, feuilles, tiges, parfois volubiles et le stockage de l’eau se fait dans le caudex vivace.

Austrocylindropuntia lagopus, Macusani, Pérou
Melocactus levitestatus, Iuiu, Brésil
Tacinga palmadora, Morro de Chapeu, Brésil
Aporocactus martianus, avec Tillandsia usnoides, Hidalgo, Mexique

D’autres adaptations existent

Les fleurs aussi participent à l’économie de l’eau. Les fleurs diurnes sont alors en général de petite taille et leur floraison est brève, allant d’une à trois journées, ce qui limite les pertes en eau. Chez certaines espèces, les fleurs sont de grande taille, chez les Echinopsis (y compris Trichocereus) ou les Selenicereus par exemple, et dans ce cas, la floraison est nocturne, ne dure qu’une seule nuit, limitant également les pertes en eau.

Dans d’autres cas, chez les Stapéliées ou certains Kalanchoe (Kalanchoe linearifolia), la floraison dure plusieurs jours mais les pétales sont charnus et succulents : un autre exemple de xéromorphisme.

LES PRINCIPAUX GENRES DE CACTUS

Des cactus les plus primitifs aux plus évolués, on peut citer les genres suivants : Pereskia, Opuntia, Cleistocactus, Cereus, Neobuxbaumia, Pachycereus, Cephalocereus, Carnegiea, Epiphyllum, Schlumbergera, Echinocactus, Ferocactus, Eriosyce, Melocactus, Ariocarpus, Copiapoa, Coryphantha, Mammillaria.

Quelques espèces très courantes : Opuntia ficus-indica, Opuntia microdasys, Cephalocerus senilis, Pachycereus pringlei, Cleistocactus strausii, Echinocactus grusonii, Ferocactus latispinus, Schlumbergera hybrides, Ariocarpus retusus, Copiapoa cinerea, Eriosyce napina, Gymnocalycium gibbosum, Mammillaria zeilmanniana. 

La famille des Cactaceae

Le terme cactus a été utilisé pour la première fois comme nom de genre par Karl Von Linné, dans sa classification binominale en 1753 (Species Plantarum), toujours en vigueur. Ensuite, bien d’autres genres ont été ajoutés. Aujourd’hui, le terme cactus est seulement utilisé comme terme générique. On dénombre actuellement environ 2 500 espèces réparties en 124 genres (David Hunt, 2006).

Cette famille est répandue dans le Nouveau Monde, sauf une seule espèce à répartition subtropicale, le Rhipsalis baccifera. Les espèces rencontrées dans la nature, par exemple, sur la Côte d’Azur, ont été introduites et sont devenues subspontanées.

Comment reconnaître un cactus ?

Un cactus est une plante vivace, de taille variable, de quelques dizaines de millimètres (Blossfeldia liliputana) à plus de dix mètres de hauteur (Pachycereus pringlei). Les tiges sont succulentes, chlorophylliennes et recouvertes de côtes ou de tubercules disposés en spirale ou en ligne droite. La plupart des cactus sont pourvus d’épines prenant naissance sur des coussinets plus ou moins duveteux appelés aréoles, qui peuvent être considérées comme des rameaux latéraux atrophiés. Les feuilles sont absentes ou réduites à l’état d’écailles chez les Oponces, sauf dans la sous-famille des Pereskioïdées où les feuilles sont grandes, plates et semi-caduques.
Les cactus peuvent être regroupés en cinq types morphologiques : cactus primitifs, oponces, cactus colonnaires, cactus globulaires, cactus épiphytes à tiges aplaties.

Peu ou pas succulents, les cactus primitifs ont gardé l’aspect de plantes classiques (arbres ou arbustes), portant de vraies feuilles, Pereskia, Pereskiopsis…

Les oponces sont des plantes formées de raquettes qui sont des tiges aplaties ou cladodes (Opuntia), des tiges en forme de cylindres (Cylindropuntia) ou des tiges contractées en boules (Tephrocactus), toujours munies de petites feuilles cylindriques rapidement caduques et de petites épines crochues au niveau des aréoles : les glochides.

Les cactus colonnaires comportent des tiges d’un diamètre plus ou moins important, allongées, dressées, parfois rampantes ou retombantes, dont les aréoles sont disposées le long des côtes (Pachycereus, Pilosocereus). Les cactus globulaires offrent des tiges en forme de boules, parfois s’allongeant, avec les aréoles disposées sur des côtes (Astrophytum) ou sur des mamelons (Mammillaria), eux-mêmes à disposition spiralée.

Sur les cactus épiphytes, les tiges sont aplaties et peu succulentes. Ils poussent dans des zones forestières, moins sèches (Epiphyllum).

Eulychnia acida, Coquimbo, Chili
Mammillaria mystax, Puebla, Mexique
San-Luis-Potosi
Cylindropuntia bigelovii, Californie, Mexique

Comment entretenir les cactus et les plantes succulentes ?

E: Cephalocereus columna-trajanii, Puebla, Mexique

 

Exposition: La plupart des espèces demandent un endroit bien éclairé, mais pas une exposition plein sud, pouvant entraîner des brûlures de l’épiderme.

En appartement, une fenêtre à l’ouest ou à l’est est bienvenue. En été, de mai à début octobre, les plantes peuvent être sorties sur un balcon ou dans le jardin, à l’abri des fortes pluies.

En hiver, il convient de protéger ces plantes du froid, la plupart tolèrent une température de 10 °C. Certaines espèces, comme les cactus brésiliens préfèrent en hiver une température de 15 à 18 °C.

Arrosage : Les cactus et plantes succulentes sont des plantes vivantes, donc il convient de les arroser régulièrement, sinon elles ne pousseront pas et finiront par dépérir.

Il faut arroser tous les sept à dix jours pendant la saison de végétation, de mars à octobre, en mouillant bien la motte, en veillant bien à laisser la terre de surface sécher entre deux arrosages. Pendant l’hiver, si les plantes sont en appartement à la température de 20 °C, il convient d’arroser légèrement, tous les quinze jours, en ne mouillant jamais la motte.

À une température inférieure à 12 °C, véranda par exemple, il ne faut pas arroser, ou deux à trois fois pendant l’hiver et légèrement.

 

 

Rempotage : Les plantes succulentes se rempotent, au printemps, lorsqu’elles occupent tout le volume du pot ou tous les deux à trois ans, en veillant bien à utiliser un pot de taille immédiatement supérieure. Utiliser de la terre à cactus : un tiers mélange de terreau de feuilles bien décomposées et de terre végétale, un tiers de sable de rivière, sable de Loire siliceux, un tiers de gravier de quartz ou pouzzolane. Le mélange doit être bien poreux pour ne pas retenir l’eau trop longtemps. Les cactus et plantes succulentes se taillent peu, sauf lorsque certains rameaux s’allongent trop. Un apport d’engrais de type : N5, P20, K20, peut être effectué une à deux fois par an, pour favoriser la floraison.

 

Norbert Rebmann
Professeur honoraire à l’Université Paris-Est-Créteil, président de la section Cactus et succulentes à la SNHF