Le rempotage des orchidées

Philippe Lemettais

 Le choix du substrat est important. Ici, un Bulbophyllum installé depuis un an sur un bloc de laine de roche - © P. Lemettais
Le choix du substrat est important. Ici, un Bulbophyllum installé depuis un an sur un bloc de laine de roche – © P. Lemettais

En début d’année, les jours rallongent, la reprise de la végétation se concrétise chez la plupart des orchidées par le démarrage de nouvelles racines. C’est la période des rempotages qui commence. En effet, la plupart des substrats utilisés se dégradent sous l’effet conjugué de la chaleur et de l’humidité. Le substrat devient plus acide et moins aéré, ce qui peut amener la pourriture des racines. C’est pourquoi il faut remplacer le substrat si possible tous les ans, tous les deux ans maximum.

Le rempotage des orchidées s’effectue quand les racines naissantes ont environ 1 cm de long. Elles ne sont alors pas trop longues, et on risque moins de les casser lors du rempotage. Elles sont en pleine croissance et vont donc rapidement s’installer dans le nouveau substrat.

Choisir un substrat adapté à l’espèce

La plupart des substrats ‘Spécial Orchidées’ du commerce sont adaptés aux plantes terrestres (Cymbidium, Paphiopedilum) mais ne réussissent pas bien aux espèces épiphytes (Phalaenopsis, Dendrobium, Oncidium). Pour ces dernières, il faut utiliser un substrat bien aéré constitué d’écorce de pin de granulométrie moyenne, additionné de charbon de bois (surtout si vous avez la main leste pour les arrosages) ou de mousse de polyuréthane (pour les plantes les plus gourmandes en eau). Des billes d’argile expansée, des morceaux de polystyrène, de la perlite ou de la pouzzolane permettent de structurer le substrat pour que l’air puisse circuler facilement et assurer ainsi un bon drainage, garantie de la bonne santé des racines.

Une attention particulière aux racines

Bien imbiber d’eau le nouveau substrat une heure à l’avance, puis l’essorer par compression à la main pour en retirer l’eau excédentaire susceptible de ruisseler.

Mettre la plante à tremper une heure durant afin qu’elle s’hydrate convenablement, et que les racines se ramollissent, permettant ainsi de les décoller du vieux substrat sans trop de dégâts. Cette étape est fondamentale pour les Paphiopedilum car ils ont des racines pourvues des tout petits poils absorbants très fragiles. Dépoter et enlever tout le substrat. Avec un sécateur aseptisé à la flamme et encore brulant, couper toutes les racines pourries ou desséchées. Il peut être nécessaire de raccourcir les racines trop longues afin de mieux installer la plante dans son nouveau pot. Dans ce cas, on peut saupoudrer les plaies avec de la poudre de cannelle qui joue le rôle d’aseptisant.

On peut profiter de cette période pour diviser les plantes sympodiales devenues trop imposantes ou déformées par une croissance anarchique. Il faut alors les fractionner en morceaux comprenant au moins 3 ou 4 pseudo-bulbes, qui seront rempotés dans autant de pots individuels, ce qui permet aussi de faire des cadeaux ou des échanges.

Des pots opaques ou transparents

Le plastique transparent favorise la synthèse chlorophyllienne des racines vertes de certaines plantes - © P. Lemettais
Le plastique transparent favorise la synthèse chlorophyllienne des racines vertes de certaines plantes – © P. Lemettais

Les pots en plastique transparent sont souhaitables pour les plantes dont les racines vertes assurent une part de synthèse chlorophyllienne. Pour les autres, on peut utiliser des pots en terre aussi bien que ceux en plastique opaque. Les Cymbidium font des racines épaisses et longues, il faut donc utiliser des pots aussi profonds que possible.

On place au fond du pot environ 2-3 cm de matériau drainant (morceaux de polystyrène expansé, pouzzolane, gros gravillons non-calcaires, pots de fleur broyés). On fait un cône avec du substrat. On place la plante en répartissant autant que possible des racines sur tout le tour du cône, en plaçant la nouvelle pousse au centre du pot, et les anciens pseudo-bulbes au bord. On complète au ras du pot pour couvrir les racines. On tasse en soulevant le pot 20 cm au-dessus de la table, et on laisse tomber. On recommence l’opération 3 ou 4 fois, et c’est tout !

On doit voir affleurer le collet et le dessus des racines supérieures, et le niveau du substrat doit être environ 1 cm en dessous du bord du pot.

On n’arrose pas pendant 10-15 jours pour laisser les racines cicatriser. Mais on brumise le revers du feuillage régulièrement avec de l’eau de pluie à température ambiante afin que la plante ne se dessèche pas. Après deux semaines, on reprend les arrosages normalement, en ne mettant de l’engrais qu’après un mois environ.

Enfin, on peut favoriser la reprise en incluant à l’eau d’arrosage de l’activateur racinaire. Il permettra au réseau racinaire de se développer plus rapidement.

La culture en pot impose le rempotage annuel, ce qui peut être fastidieux à la longue pour une collection importante. On peut contourner le problème d’autres façons.

La culture sur plaque

Un petit Tolumnia tout juste installé sur un morceau de bois - © P. Lemettais
Un petit Tolumnia tout juste installé sur un morceau de bois – © P. Lemettais
Illustration de l’intérêt d’un bois bien gratté pour l’implantation des racines dur le bois (en milieu de photo) - © P. Lemettais
Illustration de l’intérêt d’un bois bien gratté pour l’implantation des racines dur le bois (en milieu de photo) – © P. Lemettais

Toutes les espèces aux racines très adhérentes (Oncidium, Dendrobium), peuvent être cultivées sur plaque.

Choisir une plaque de liège ou une planche de bois. Pour le bois, prendre une planche bien sèche et la gratter avec une brosse métallique pour faire ressortir les parties de bois dur. Les racines s’y installeront plus facilement. Placer la base de la plante au tiers inférieur de la planche, en étalant bien les racines au contact du bois avec un peu de sphaigne. On peut maintenir la plante par quelques agrafes. Un peu de mousse pour couvrir les racines si on pense que l’humidité atmosphérique risque d’être insuffisante. Puis on applique l’ensemble des racines à l’aide de fil à pêche ou de vieux bas. Un système de fixation au sommet, on suspend, et c’est tout !

Les gros avantages sont :

  • Une grande rapidité de séchage des racines lors des arrosages, ce qui évite leur pourriture. En contrepartie, il faut une forte humidité ambiante pour que les plantes ne se dessèchent pas. Parfait pour les Oncidium, Vanda et genres apparentés.
  • En grandissant, la plante finit par envelopper complètement son support. Si le matériau se dégrade (cela demande plusieurs années), il suffit de fixer l’ensemble sur une nouvelle plaque plus grande et plus solide et le tour est joué.

L’inconvénient de ce type de culture est la nécessité de faire tremper les plantes lors des arrosages très réguliers dans des récipients assez grands. En effet, il n’y a pas de réserve d’eau dans le support, on doit donc pourvoir aux besoins de la plante. L’idéal est de brumiser aussi la plante tous les matins. Grands voyageurs s’abstenir !

La culture semi-hydroponique

Le principe est très simple. Vous lavez plusieurs fois, par trempage prolongé dans de l’eau non-calcaire, des billes d’argile expansée. Vous coupez une bouteille plastique en deux. Vous percez la moitié inférieure à 4-5 cm du fond. Dans le fond de cette demie bouteille, vous montez un cône avec des billes jusqu’à environ 10 cm au-dessus du trou, placez votre plante sur les billes, couvrez les racines avec 5 cm de billes. Arroser jusqu’à ce que l’eau déborde par le trou latéral, et c’est tout !

Il n’y a plus qu’à entretenir le niveau d’eau en complétant régulièrement avec de l’eau contenant de l’engrais dilué. La plante va installer ses racines au niveau où l’humidité lui convient le mieux, et une partie de l’eau va s’évaporer en surface, assurant une bonne humidité atmosphérique autour des feuilles. Il suffit de refaire le niveau environ une fois par semaine. Idéal pour grands voyageurs !

La culture sur laine de roche

Restrepia juste installé sur un bloc de laine de roche - © P. Lemettais
Restrepia juste installé sur un bloc de laine de roche – © P. Lemettais

Rien de plus simple ! Vous découpez un cube de laine de roche utilisée pour l’isolation. Vous la faites tremper dans de l’eau de pluie (avec un caillou dessus pour la bloquer immergée) pendant une journée pour la rincer et l’imprégner jusqu’au cœur. Laisser égoutter une heure. Quelques coups de cutter sur les faces pour former des fissures, et vous bloquez des petites plantes avec la moitié des racines dans une fissure, l’autre moitié étalée sur une face et maintenue par du fil nylon. Et c’est tout !

Vous n’avez plus qu’à laisser le cube plonger dans une soucoupe avec de l’eau en permanence, et vos plantes vont envahir votre cube. Valable pour les plantes qui nécessitent une forte humidité.

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