Le portail horticole, un projet d'avenir

Patrice Devos

Le portail de l'horticulture française permettra le partage des informations, des connaissances et du savoirfaire, des expériences et expérimentations sur les fruits, légumes, fleurs, arbres et arbustes… Patrice Devos nous apporte ici quelques éclairages sur ce projet ambitieux.

La planche de Malva alcea de l'herbier de Jean-Henri Fabre, un patrimoine qui apporte des connaissances précieuses sur la morphologie de l'espèce. De nombreuses planches de l'herbier du Muséum sont aujourd'hui numérisées © Ph.Abel MnHnJdF
Il existe un projet de bibliothèque horticole de France : de quoi s’agit-il ?

Patrice Devos
La SNHF a pris l’initiative de numériser les ouvrages et revues de sa bibliothèque et de celles des sociétés adhérentes volontaires et d’en offrir la consultation sur internet. Ce projet a été discuté avec des bibliothèques partenaires. Dès lors, l’ambition d’élargir les collaborations et de donner ainsi l’accès à l’ensemble des ouvrages et revues horticoles de langue française a paru naturel.

 

JdF
C’est le projet « Google » de l’horticulture pour une élite ?

Patrice Devos
Seuls les ouvrages entrés dans le domaine public seront en libre accès, ce qui exclut les publications les plus récentes. Cela ne satisfera-t-il que les spécialistes ou les historiens ? Les ouvrages plus anciens, outre leurs
qualités esthétiques, recèlent des trésors d’information sur des modes de jardinage économiques - écologiques en langage actuel – ou encore sur des variétés de fleurs, fruits ou légumes pouvant combler la curiosité des jardiniers ou des amateurs de saveurs oubliées. C’est un public de plus en plus important.


JdF
Nous ne sommes pas tous « chartistes » et nous disposons de peu de temps pour effectuer cette recherche.

Patrice Devos
C’est pour cela que ce projet s’inspire plus de Wikipedia que de Google pour reprendre les références. Cette bibliothèque s’inscrit dans ce projet plus vaste de portail horticole. Ce portail doit rassembler dans un forum le grand public, les experts (chercheurs, enseignants, ingénieurs…), professionnels et bibliothécaires.Une information rigoureuse et utile pourra être ainsi apportée aux interrogations du public ; les plus curieux acquerront les clés de recherche et de lecture des ouvrages, et l’intervention des experts complètera cette documentation par leur connaissance des savoirs les plus récents. Une charte de déontologie délimitera leur intervention pour éviter toute concurrence avec des centres professionnels aux ressources desquels ils auraient accès.

 

JdF
Comment cela va-t-il se réaliser ?

Patrice Devos
La SNHF vient d’ouvrir un guichet internet qui permet d’interroger un réseaud’une centaine d’experts bénévoles.Questions et réponses sont appelées à être capitalisées au travers de dossiers synthétiques munis de renvois à la littérature. Les préoccupations du grand public peuvent aussi nourrir la réflexion des professionnels, lancer débats et consultation, orienter les formations …


JdF
Et les bibliothécaires ?

Patrice Devos
C’est d’abord leur oeuvre. Le premier bénéfice est une économie de moyens : une seule numérisation par document, l’accès à l’ensemble de la bibliothèque et la possibilité de mieux arbitrer leurs achats. Et puis l’accès à un réseau d’experts pour les appuyer dans leurs recherches ne serait-ce déjà que par des notes synthétiques ou de lecture. Et ainsi satisfaire l’importante demande du public comme le montrent les expériences de la bibliothèque municipale de Lyon ou de la BNF. Ceci pourra être amplifié par un travail
collectif sur le catalogue, la rédaction de notes de lecture ou d’analyse, voire, pourquoi pas, la création d’un thésaurus.

 

JdF
Le rôle du public reste assez passif dans ce projet ?

Patrice Devos
C’est au contraire un projet d’échanges pour reconstituer un patrimoine commun horticole vivant et dynamique. Sa réussite se mesurera dans la transformation des pratiques de jardinage, de consommation, mais aussi dans la diversité des paysages quotidiens tant urbains que ruraux. Il ne s’agit pas de dispenser magistralement de nouvelles pratiques, mais aussi de tirer parti de l’expérience de leurs utilisateurs, de répondre à leurs difficultés et de bénéficier de leurs observations. De même, quel intérêt à vanter les qualités de variétés anciennes pour leur rusticité ou leur saveur si elles demeurent introuvables. Au delà, nombre de ces jardiniers, amateurs curieux peuvent être associés à des expérimentations de nouvelles techniques ou de nouvelles variétés voire procéder à des observations scientifiques… Le Muséum national d’Histoire naturelle a déjà créé un tel réseau d’observation, avec succès, pour les papillons. Le portail est un projet éminemment
évolutif et ouvert à toutes les initiatives qui peuvent concourir à renforcer le développement de ce patrimoine commun vivant. Créons la dynamique, l’avenir sera fait d’inventions.

 
JdF
Le jardinage ne se pratique pas dans les livres ou sur internet !

Patrice Devos
La pratique est un complément essentiel qui n’est pas oublié. De nombreuses formations sont déjà proposées aux amateurs dans les régions par les sociétés régionales d’horticulture, les parcs et jardins des villes – voire des établissements d’enseignement. Toutes ces organisations sont invitées à adhérer au Portail et d’ores et déjà – nombre de leurs membres sont appelés à participer au réseau d’experts. Ainsi, un agenda des formations, des journées découvertes ou des rencontres pourra être publié sur le Portail. Cet agenda en précisera les lieux et les conditions d’accès.

 

JdF
Malgré cet aspect pratique, ce projet reste très culturel. Qu’en est-il de l’économie ?

Patrice Devos
Peut-on dissocier culture et économie en évoquant les jardins, les paysages ou encore l’alimentation ? Ignorer ce lien favoriserait la banalisation de ces derniers, réduirait les enjeux aux seuls problèmes de coût. Le pari du portail est celui de la qualité de nos produits comme de notre cadre de vie. Une qualité qui doit être partagée entre tous les acteurs de l’horticulture ; elle constitue aussi un facteur important de différenciation sur le marché. Nos professionnels ont les compétences pour s’en saisir et, en la matière, disposent de nombreux acquis.

1 thoughts on “Le portail horticole, un projet d'avenir”

  1. merci je suis un jeune jardinier sénégalais qui voudrai se lancer dans un projet jeune dans l’horticole-piscicole et je voudrai un ésquice de projet pour étude afin de béneficier des financements de l’état remboursable en deux ans sans intéret pourquoi avoir un partenaire dans votre réseau j’ai déja les terres.

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