L’aronia : les grandes vertus d’une petite baie

Si vous êtes adepte des magasins bio et des mélanges de fruits secs, vous connaissez sûrement l’aronia, aux propriétés de super-aliment. Découvrez plus en détail cet arbuste, son histoire, sa culture et sa récolte.

Baies d’Aronia © G. Hosvat – Pixabay

 

Origine et répartition géographique

Le genre Aronia est originaire du nord-est américain où on le trouve à l’état sauvage du Labrador à la Floride. Les Amérindiens le consomment comme « plante qui guérit » et il fait partie des ingrédients qui composent le fameux « pemmican », super-aliment réservé aux expéditions de chasse ou guerrières. Au début du XIXe siècle, le botaniste russe, Y. Mitchourine, le fait connaître en Russie. Depuis sa culture s’est étendue dans le reste de l’Europe, d’abord dans l’ancienne Allemagne de l’Est, puis dans plusieurs pays des Balkans et en Scandinavie, ainsi que, depuis les années 2007, en Suisse et, peu après, en France et en Belgique. Aujourd’hui, la Pologne est le leader mondial de cette production.

Des bourgeons d’Aronia. La floraison a lieu en mai, en corymbes portant de 10 à 30 fleurs blanches. © Pxhere

 

Classification botanique, description et variétés

L’aronia (aronie noire) appartient à la famille des rosacées. Il est proche des genres sorbier et amélanchier. On peut le greffer sur sorbier pour gagner de la vigueur. Les feuilles d’un vert foncé mesurent 3 à 8 cm de long par 2 à 5 cm de large. Elles prennent  de belles teintes orangées à rouge à l’automne. La floraison a lieu en mai, en corymbes portant de 10 à 30 fleurs blanches. Les fruits noirs sont pisiformes de 6 à 8 mm de diamètre. La récolte a lieu cent jours
après la pleine fleur qui a lieu entre le 5 et le 15 mai selon les années (plateau suisse).

La récolte de l’aronia se fait à la main ou à la machine. Les taux de sucre doivent se situer entre 16 et 20 % Brix pour atteindre la pleine maturité
© J.-L. Tschabold

La classification botanique de l’aronia est encore incertaine. On distingue trois types d’aronia : A. arbutifolia (L) Ell. dont le fruit est de couleur rouge, A. prunifolia (Marsh) de couleur violette et A. melanocarpa (Michx.) Ell. de couleur noire. On considère A. prunifolia comme un hybride interspécifique entre A. melanocarpa et A. arbutifolia. Les variétés cultivées aujourd’hui sont des hybrides  de A. melanocarpa pour ‘ Aron ‘ (Danemark) et ‘Viking‘ (Finlande) et de A. x prunifolia pour ‘Nero‘ (clone russe). La plus répandue en production commerciale est la variété Nero bien adaptée, par son port plus érigé, à la récolte mécanique.

Méthodes culturales

L’aronia préfère les sols frais avec un pH neutre à acide. Les situations « séchardes » ne lui conviennent pas. Il craint donc les périodes de sécheresse. En culture, l’aronia est planté aux distances de 0,80 à 1,20 mètre entre les plants et 3,60 à 4 mètres entre les lignes. Il peut se développer jusqu’à 2 mètres de hauteur et 1,50 mètre de largeur. Il est auto-fertile et régulier en production dès l’âge de 7-8 ans. La récolte se fait à la main ou à la machine. Les taux de sucre doivent se situer entre 16 et 20 % Brix pour atteindre la pleine maturité. À la dégustation, le fruit est tannique et acide, ce qui lui confère ses propriétés thérapeutiques remarquables. Il a peu tendance à la chute et se détache bien de la tige à maturité.

L’aronia n’est pas très agréable à consommer frais. C’est sous forme de baies séchées qu’il est le plus populaire. Les jus sont riches et on peut faire, à partir des marcs, une poudre très dosée en antioxydant © J.-L. Tschabold

 

Les fruits sains se conservent facilement une semaine à 20 °C et jusqu’à trente jours au réfrigérateur. L’aronia supporte bien la taille qui vise à renouveler à la base les pousses de 4-5 ans et plus dont les fruits sont plus petits et de maturité irrégulière. Cette taille provoque la sortie de nouvelles jeunes pousses vigoureuses issues des racines. Les pousses issues des chicots de taille sont moins vigoureuses. Le nombre de branches fruitières dépendra de la vigueur de l’arbuste. Certains professionnels choisissent la taille rase une ligne sur deux pour renouveler les branches fruitières.

Les feuilles de l’aronia, d’un vert foncé, prennent de belles teintes orangées à rouge à l’automne © J.-L. Tschabold

Maladies et ravageurs

L’aronia a peu d’ennemis ! En ce qui concerne les maladies fongiques, depuis onze ans que je cultive des aronia, je n’ai vu que très rarement des dégâts dus à des champignons. En années très humides, on peut trouver quelques fruits pourris, pour autant qu’ils touchent le sol. On sait que les fruits riches en antioxydants présentent une résistance aux agressions fongiques en particulier. Pour ce qui est des ravageurs de l’aronia, on constate que la sésie du groseillier peut faire des dégâts sur les branches fruitières âgées de plus de 4-5 ans. La zeuzère également mais plus rarement, le cèphe se rencontre également. Mais ces ravageurs restent marginaux et ne nécessitent généralement pas d’intervention spécifique. On ne peut pas en dire autant de Drosophylla suzukii ! Depuis une petite dizaine d’années, elle occasionne des dégâts économiques dans toute l’Europe et l’aronia n’y échappe malheureusement pas. Elle pond ses oeufs dans les fruits lorsque la couleur de ces derniers tourne du vert au violet, puis au noir. Les dégâts peuvent être considérables en périodes humides. Malgré la possibilité de traiter chimiquement, certains
producteurs ont choisi de couvrir leur culture avec des filets
anti-insectes dès la période sensible.

L’aronia est planté de 0,80 à 1,20 mètre entre les plants et de 3,60 à 4 mètres entre les lignes. Il peut se développer jusqu’à 2 mètres de hauteur et 1,50 mètre de largeur © J.-L. Tschabold

Utilisation et commercialisation

L’aronia n’est pas très agréable à consommer frais. C’est sous forme de baies séchées qu’il est le plus populaire. Les jus sont riches et on peut faire, à partir des marcs, une poudre très dosée en antioxydant. Nous avons créé une spécialité de vin d’aronia liquoreux qui rencontre un réel succès.

Conclusion

S’il est une plante qui devrait trouver sa place dans votre jardin, c’est bien l’aronia. Il n’est pas difficile quant à sa situation pédoclimatique. Ses qualités thérapeutiques en font un « super-aliment ». Sa floraison ainsi que ses couleurs automnales s’avèrent très décoratives.

 

Jean-Luc Tschabold
Ferme de l’Aronia
http://www.aronia-bio.ch/

 

POUR EN SAVOIR PLUS

Aronia: Native Shrubs With Untapped Potentia, Mark Brand Revue Obstbau 2/2011, p 101-104, Aronia oder Apfelbeere, Eva-Maria Gantar Les plantes anti-âge, Prof K. Hostettmann, Ed Favre, 2013 L’aronie à fruits noirs, une plante très utile à planter chez soi, Prof K.
Hostettmann, ActuSanté, avril 2015.

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