Jules Gravereaux : une vie pour les roses

Daniel Lejeune

Successivement apprenti, employé, puis chef de rayon et administrateur[1] des Magasins du Bon Marché, Jules Gravereaux (1844-1916) se rendit acquéreur, en 1892, du château de L’Haÿ, village qui, depuis 1910, porte le nom de L’Haÿ-les-Roses. Il y rassembla près de 1 500 variétés, consacrant son temps et sa fortune à la Reine des fleurs, devenue pour lui une véritable passion.

Le plan de la roseraie de La Haÿ parue dans La Revue Horticole – © D.R.

En 1899, Jules Gravereaux demanda au paysagiste Édouard André de dresser le plan d’une roseraie idéale[2]. Mais il comprit bien vite qu’il y avait mieux à faire que de simplement rassembler des variétés horticoles. Il constitua aussi une collection d’espèces botaniques, en vue d’effectuer des recherches scientifiques ainsi que de nouvelles sélections.

La rose à parfum de l’Haÿ, chromolithographie de J.L. Goffart d’après un dessin de J.R. Guillot et parue dans La Revue Horticole – © D.R.

S’appuyant sur un herbier et une bibliothèque spécialisés, il engagea des études sur les procédés de culture, sur l’emploi des engrais; sur la lutte contre les insectes et les maladies qui attaquent les roses, etc.[3]

Le suisse Henry Correvon dans son livre « Fleurs des champs et des bois » indique qu’avec Jules Gravereaux, en France, et Miss Ellen Willmott, en Angleterre, est née une véritable religion des roses, la Rhodosophie !

Bagatelle et Malmaison

L’action de Jules Gravereaux s’est aussi manifestée en dehors de la roseraie de l’Haÿ. C’est grâce à son don généreux que la Ville de Paris a pu créer, sous l’impulsion de Nicolas Forestier, la Roseraie de Bagatelle.

Après le don à l’Etat, par M. Osiris, du château de la Malmaison, c’est encore à lui que M. Ajalbert fit appel pour tenter de reconstituer, dans cette demeure historique, la collection des quelque 250 espèces ou variétés que l’impératrice Joséphine y avait rassemblée. Grâce à de patientes recherches, ce sont 198 d’entre elles qui purent être retrouvées !

Vers le parfum de roses

Portrait de Jules Gravereaux extrait de « BOIS, Désiré, ‘ Notice biographique sur M. Jules Gravereaux ‘ in Journal de la Société nationale d’horticulture de France, Paris : s.n., 1884, p. 105. »
Portrait de Jules Gravereaux extrait de « BOIS, Désiré, ‘ Notice biographique sur M. Jules Gravereaux ‘ in Journal de la Société nationale d’horticulture de France, Paris : s.n., 1884, p. 105. »

Enfin, les travaux de Jules Gravereaux portèrent sur la sélection de roses utilisables en parfumerie. Nous citerons deux obtentions intéressantes : Roseraie de l’Haÿ et surtout Rose à Parfum de l’Haÿ (première floraison en 1900[4]), qui est le produit d’une hybridation du rosier de Damas par la variété Général Jacqueminot, refécondé par Rosa rugosa. On peut consulter avec intérêt la monographie parue en 1905 : Essais de fabrication d’essence de Roses à la Roseraie de L’Haÿ

Jules Gravereaux fut évidemment président d’honneur de la Section des Roses de la Société Nationale d’Horticulture de France et de la Société des Rosiéristes français.

Portrait de Jules Gravereaux extrait de « BOIS, Désiré, ‘ Notice biographique sur M. Jules Gravereaux ‘ in Journal de la Société nationale d’horticulture de France, Paris : s.n., 1884, p. 105. »

[1] Aristide Boucicaut, créateur en 1852 du magasin du Bon Marché, puis sa veuve Marguerite, intéressaient leurs principaux collaborateurs au capital de l’entreprise, en fonction de leurs résultats.

[2] Edouard André : La roseraie de l’Haÿ. RH 1899, p. 229

[3] Edouard André : Les expériences et essais de la Roseraie de l’Haÿ 1905, p. 316

[4] RH 1902 p 64

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One thought on “Jules Gravereaux : une vie pour les roses”

  1. N’y avait-il pas un Monsieur Gravereaux, probablement descendant de Jules au Conseil d’administration de la S.N.H.F. à la fin des années 1990 ? Il me semble avoir discuté avec une personne âgée à cette époque -là.

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