Édito : La végétalisation des bâtiments, aujourd’hui en France

François Lassalle

La terrasse-jardin a été initiée en France par l’architecte Le Corbusier dans les années 1930 et a donné lieu à d’innombrables réalisations, plus ou moins sophistiquées. Mais une petite révolution a eu lieu durant les trois dernières décennies avec ce qu’on appelle communément en France la végétalisation extensive des toitures. Il s’agit de solutions associant des matériaux de culture particulièrement légers à des cortèges floristiques essentiellement xérophiles, l’ensemble permettant l’installation de « couverts végétaux » sur des toits ou terrasses non nécessairement prévus à cet effet.
 

vegetalisation des bâtiments. Jardin-pépinière du Point du Jour - © F. Jarry Astès


Sur la base de l’expérience allemande des années 80, la végétalisation extensive des toitures a vu le jour en France au début des années 90. Mais elle n’a commencé à se développer réellement et se faire connaitre du grand public qu’à partir des années 2000. Hors quelques rares expériences individuelles comme celle d’André Eve citée dans ce numéro, ce sont les entreprises qui ont enclenché le processus en offrant des solutions complètes et en informant les architectes et maîtres d’ouvrage de la disponibilité de ces nouvelles techniques. Ceux-ci se sont progressivement approprié ces possibilités, mais principalement en utilisant les formes les plus « efficaces », à savoir les systèmes les plus légers, qui sont réalisées sur la base d’associations de Sedum, genre le plus efficient dans ce type d’environnement. Comme cela a été inventorié par Frédéric Madre, ces solutions, qui présentent en tout cas une alternative intéressante au tout gravier, et déjà des contributions significatives à l’environnement en terme de gestion des eaux pluviales par exemple, ne participent pas autant à l’augmentation de la biodiversité que les solutions plus « riches » (comprenez surtout plus épaisses et plus lourdes), faisant appel aux graminées, à une palette assez large de plantes vivaces et à quelques sous-arbrisseaux ou petits ligneux. La tendance actuelle, exprimée par les  différentes contributions de ce numéro, est précisément à la mise en application de solutions de végétalisation « enrichies ».

 

Le congrès « World Green Infrastructure» de Nantes en Septembre dernier a permis aux quelques 500 participants issus d’une trentaine de pays de confronter les connaissances et expériences en la matière. Cela vaut pour le domaine récent des végétalisations verticales, dont la France est considérée, grâce à Patrick Blanc, comme le précurseur, mais aussi sur l’approfondissement ou la mise à jour de programmes scientifiques  (voir par exemple ici l’article de Julie Schwager sur la qualité des eaux pluviales) portant sur les thématiques liées à ce qu’on appelle aujourd’hui les services écosystémiques, dont la biodiversité.

 

La diffusion de cet ensemble de solutions techniques, issues du monde de l’entreprise et de la recherche, vers le grand public, et particulièrement celui des « amoureux des plantes », a commencé. Je suis convaincu que ce numéro de Jardins de France y contribuera fortement.

 

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1 thoughts on “Édito : La végétalisation des bâtiments, aujourd’hui en France”

  1. J’aime beacuoup l’idée des toits végétalisés, non seulement pour les bénéfices écologiques, mais aussi pour le ‘look’. La France est connue pour ses toits aux bardeaux rouges est ils sont très beaux sans doute. Cependant, je crois que c’est possible de créer un espace agréable avec l’intégration de tois végétalisés.

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