William Christie : Le jardinier baroque

Au cœur de la Vendée, un magnifique jardin « baroque » a été créé de toutes pièces par William Christie, chef d’orchestre franco-américain et fondateur de l’ensemble baroque Les Arts florissants. Il est devenu un lieu de référence, tant par son intérêt paysager que pour les nombreuses manifestations musicales et culturelles qui s’y déroulent, où le maître a accueilli les journalistes de l’AJJH*. Petit aperçu de ce « jardin remarquable ».

La cour d’honneur, devant le « Bâtiment » © J.-F. Coffin

Son jardin est à son image. William Christie, célèbre chef d’orchestre franco-américain qui a remis au goût du jour la musique baroque, a choisi comme port d’attache Thiré, une commune située au sud du département de la Vendée. D’une demeure à moitié en ruines datant de la fin du XVIe siècle, il a fait un élégant logis que l’on appelle aujourd’hui « le Bâtiment ». Le jardin qui l’entoure est également remarquable, fruit de plusieurs années d’évolution liée à la créativité du maître et aux conseils de plusieurs jardiniers. Son goût du baroque l’a conduit à créer un ensemble de scènes inspirées tant des jardins italiens que français. Classé « Jardin remarquable » depuis 2004, le jardin du Bâtiment a été inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 2006.

Vingt ans d’évolution

Tout a commencé, il y a une vingtaine d’années, par un parterre de buis que William Christie a planté aux abords de la maison. Le jardin s’est étendu et se divise désormais en plusieurs scènes : parterres de broderies, jardin de cloître, théâtre de verdure, miroir d’eau sur le bord duquel il organise de nombreux concerts, verger potager. Visite guidée de cet « art florissant », accompagnée des commentaires du maître…

La cour d’honneur, devant le « Bâtiment »

Devant la maison, j’ai commencé par créer, en 1987, huit parterres de buis. Ils sont symétriquement disposés dans l’axe principal du logis. Quatre de ces parterres sont en broderie. L’allure, à première vue, est tout à fait celle d’un jardin à la française », précise William Christie.

Le cloître

À l’est du Bâtiment, on trouve un cloître avec quatre parterres plantés de fleurs différentes, selon la saison, et entourés de buis. Sur le pignon grimpent des rosiers Mme Alfred Carrière. « La partie couverte permet de contempler cet espace de sérénité, protégé de la pluie ou de l’ardeur des rayons du soleil selon les saisons », précise William Christie.

L’ancien jardinier de William Christie, Thierry Morosini, a voulu, dans le jardin américain, rendre hommage aux origines du maître en y plantant une flore exclusivement américaine.

Le théâtre de verdure

William Christie parle d’élément de « déraison » pour le théâtre de verdure. « J’ai taillé les ifs de ce théâtre en “chinoiseries” afin de créer une folie de verdure inspirée par les motifs chinois.  » Il précise que cette inspiration exotique était très utilisée en Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles.

La terrasse

Derrière la maison se trouve une terrasse dominant quatre carrés plantés de grands pins parasols et d’ifs en topiaires. Sur les bords, des tilleuls et une charmille taillée en festonnage.

Le verger

Le verger est conçu avec des allées respectant la symétrie des axes du jardin. On trouve des arbres fruitiers dont pommiers, poiriers en arceaux et doubles cordons.

Le potager

Au bord du potager planté de légumes, d’arbustes à fruits rouges et de fleurs à couper, une pergola en châtaignier respecte la tradition régionale.

Le miroir d’eau

Alimenté par la Smagne, la rivière qui le borde, le « miroir d’eau » de 70 mètres de long est l’un des points remarquables du jardin. Des saules taillés « en têtards » encadrent cette partie créée de toutes pièces par William Christie. C’est là, notamment, que le maître donne une partie de ses concerts d’été que les spectateurs peuvent écouter, installés sur les pelouses du bord.

Clin d’œil aux jardins aquatiques du XVIIe siècle servant de décor de fond au miroir d’eau, une colonnade de charmes où s’adossent murs de pierres et rocailles géantes.

Jean-François Coffin
Membre du comité de rédaction de Jardins de France

LES ARTS FLORISSANTS

William Christie lors de la visite des journalistes de l’AJJH © J.-F. Coffin

Fondés en 1979 par William Christie, Les Arts Florissants ont joué un rôle pionnier pour la redécouverte et la diffusion de la musique européenne des XVIIe et XVIIIe siècles. Les Jardins de Musique de William Christie en Vendée et Les Arts Florissants ont reçu le label national « Centre culturel de rencontre ».

Les jardins accueillent le festival « Dans les Jardins de William Christie », en partenariat avec la Juilliard School de New York, et des résidences de paysagistes et d’artistes. Ce centre culturel se distingue également par l’envergure de son projet de départ, qui s’inscrit dans une triple perspective : locale (des jardins, deux festivals, une académie en résidence, des parcours scolaires et ateliers pédagogiques…), nationale (résidence à la Philharmonie de Paris, diffusion dans les maisons d’opéra, salles de concerts, festivals…) et internationale (résidence à la Juilliard School de New York, 30 à 50 % de concerts à l’étranger…).

https://www.arts-florissants.com

*Source: visite guidée organisée pour les journalistes de l’AJJH (Association des journalistes du jardin et de l’horticulture) par Marc Barbaud, ancien jardinier des serres d’Auteuil et du parc de l’Élysée, qui officie au jardin voisin de Chaligny et a collaboré à la rénovation des espaces verts des jardins du Bâtiment du lieu. Il accompagnait Hugues Roger, régisseur général.

https://www.jardindewilliamchristie.fr