» Upcycler » la ville avec l’agriculture urbaine : 3 questions à Grégoire Bleu

Jardins de France

« Upcycler » signifie recycler, en améliorant le produit initial. Ce concept prend tout son sens quand on pense à la masse de ressources inexploitées que renferment nos villes : climatisation et rejets de chaleur, friches urbaines et parkings vides, gaspillage alimentaire… Comment faire ?

Grégoire Bleu, cofondateur d’UpCyle, de la Boîte à Champignons, et président de l’Association française d’agriculture urbaine professionnelle (Afaup), nous donne quelques éléments de réponse.

Grégoire Bleu, cofondateur d’UpCycle et de La Boîte à champignons
Grégoire Bleu, cofondateur d’UpCycle et de La Boîte à champignons

QUELS SONT LES CONCEPTS DE VOS DEUX ENTREPRISES D’AGRICULTURE URBAINE ?

Chez UpCycle, nous aimons regarder une ville comme on observerait une forêt. Nous développons des écosystèmes qui optimisent la ville pour la rendre plus résiliente et confortable. Par exemple, avec la Boîte à Champignons nous collectons chaque semaine plusieurs tonnes de marc de café, que nous transformons en pleurotes gastronomiques, puis nous revendons le substrat de culture de pleurotes aux maraîchers comme stimulant du sol, facilitant leur conversion vers le bio. Le tout en priorisant des prestataires, entreprises ou associations d’insertion.

Ainsi nous mettons en oeuvre une approche économique globale, associant plus-value écologique, sociale et économique, convaincus que ces projets sont une manière aussi économique qu’enthousiasmante d’améliorer les conditions de vie dans les villes, sous réserve que l’ensemble des services rendus soient valorisés.

ÉCONOMIQUEMENT, VOTRE DÉMARCHE EST-ELLE VIABLE ?

Notre démarche ne manque pas d’ambition car il est deux fois plus cher de produire en ville. La construction, la main-d’oeuvre, l’eau et l’électricité, tout est plus cher ! Dès lors quelle est la rationalité économique d’une telle activité ? Il faut aller la chercher dans le « en même temps » cher à notre époque.

L’agriculture urbaine peut « en même temps » produire des aliments de qualité, « en même temps » redonner vie à des friches urbaines, « en même temps » sortir des populations de la précarité et être un outil de mixité sociale, « en même temps » réapprendre aux citadins comment pousse un légume et améliorer leur comportement nutritionnel, « en même temps » valoriser les biodéchets, « en même temps » réduire les îlots de chaleur urbains, les inondations et « en même temps » faire chic dans un programme immobilier et dans les politiques de la ville.

Actuellement, on demande aux agriculteurs urbains de financer l’ensemble des services rendus à la ville uniquement par la vente des fruits et légumes. C’est impossible ! C’est un peu comme si on demandait à un taxi de rouler en électrique pour ne pas polluer tout en passant 50 % de son temps à transporter gratuitement des personnes dans le besoin. Le modèle économique risque d’avoir du mal à tenir…

QUE PRÉCONISEZ-VOUS ALORS ?

Mesurons la valeur des services rendus, rémunérons les agriculteurs, urbains ou pas d’ailleurs, à la juste mesure de leurs impacts positifs et nous verrons se développer au sein des villes et à leur périphérie des projets agricoles viables et durables.

La Boîte à Champignons utilise du marc de café pour faire pousser des pleurotes. Le substrat de cette culture est ensuite revendu aux maraîchers comme stimulant du sol.
Marc de cafe pour La Boîte à Champignons utilise du marc de café pour faire pousser des pleurotes. Le substrat de cette culture est ensuite revendu aux maraîchers comme stimulant du sol.
Cave à pleurotes, Théart.
Cave à pleurotes, Théart.

www.upcycle.org

www.laboiteachampignons.com

www.afaup.org