Société d’horticulture et d’arboriculture des Bouches-du-Rhône : Une association historique moderne

La plus ancienne société savante du département, la Société d’horticulture et d’arboriculture des Bouches-du-Rhône, a été créée en 1846. Cette association, à peine plus jeune que la SNHF (1827), a su s’adapter aux différents changements de la société au cours des siècles pour arriver aujourd’hui à un dynamisme dont elle n’a pas à rougir. Sa présidente, Virginie Lombard, nous présente son histoire et ses activités.

Créée en 1846, la Société d’horticulture et d’arboriculture des Bouches-du-Rhône rassemble des amateurs et des professionnels dont le but initial était de « faire profiter chacun de ses membres des observations faites par chacun d’eux et d’adapter au sol des pays dans lesquels elles sont instituées les découvertes nouvelles et les modes de culture qui sont le fruit de l’expérience », explique Virginie Lombard.

Serre exposition
La serre exposition Anna Pochet © V. Lombard

Située au cœur du parc Bortoli, à Marseille, la Société partage le lieu avec les jardiniers chargés de l’entretien de ce parc labellisé ÉcoJardin dépendant de la Direction des parcs et jardins de la ville. Conférences, rencontres, ateliers ou sorties à thème : la société poursuit sa vocation de faire partager des savoirs et des connaissances dans le domaine horticole au public, après avoir fusionné avec la Société botanique de Provence en 1906, pour devenir la Société d’horticulture et d’arboriculture des Bouches-du-Rhône. Elle abrite également une bibliothèque scientifique, ouverte au public, regroupant une remarquable collection d’ouvrages anciens consacrés à l’horticulture et un fonds plus moderne.

Olivier
La taille de l’olivier, un exemple des multiples activités de la société © V. Lombard

Un pôle Nature

La Société d’horticulture et d’arboriculture des Bouches-du-Rhône est aussi un pôle Nature en développement. Ses partenaires sont nombreux. Outre la Ville de Marseille, les mairies des VIe et VIIIe arrondissements, le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, on peut citer,

– La Société nationale d’horticulture de France ;
– L’École des Beaux-arts de Marseille ;
– L’association Espigaou (formations sur la nature en ville);
– L’association Les Tinctoriales (initiation aux plantes tinctoriales);
– La Société linnéenne de Provence (société savante de sciences naturelles);
– L’Association des Compagnons et la Confrérie des Chevaliers de l’Olivier du Pays d’Aix (développement et rayonnement de l’olivier);
– Naturoscope (association de protection de la nature);
– France Olive (interprofession de l’olive), etc

En évolution avec la société

Depuis 1846, du fait de la disparition de la paysannerie et de son remplacement par les métiers de l’agriculture, le public de l’association, originellement constitué de maraîchers, d’horticulteurs et d’amateurs « éminents », a évolué. Elle est ainsi aujourd’hui majoritairement constituée d’amateurs issus de différents milieux sociaux et culturels. « Elle conserve, néanmoins, ses objets initiaux de diffusion de pratiques innovantes au service du développement durable de l’horticulture, dans un contexte de modification du climat méditerranéen, auprès de nouveaux publics : acteurs de l’agriculture urbaine, de personnes en formation sur ces sujets, universitaires, particuliers et associations, personnes en situation de précarité ou de handicap… » Et Virginie Lombard de rappeler les valeurs et missions de l’association: « Vulgarisation des connaissances, protection de l’environnement et de la biodiversité, mutualisation, continuité et adaptabilité des pratiques, gouvernance démocratique, accessibilité, développement durable, “éco-citoyenneté” ».

Parc Bortoli
Les locaux sont hébergés dans la bastide du Parc Bortoli © E. Guillou

Des collections remarquables

« C’est dans ce contexte que Marc Charlet, membre de la Société, a décidé d’implanter dans les années 2000 une collection variétale d’oliviers qui n’a cessé de s’enrichir. Avec ses 46 variétés, elle permet d’étudier le comportement des oliviers au jardin et de partager ses observations avec d’autres passionnés. » À ce verger patrimonial s’ajoute sa collection de plantes tinctoriales, de lierres méditerranéens et de nombreuses plantes locales. « Ce lieu allie plaisir, réservoir de biodiversité, pédagogie et centre de ressources génétiques… en pleine zone urbaine », aime à souligner Virginie Lombard.

De multiples activités

Impossible de résumer en quelques lignes les activités de l’association. Elle anime les Ateliers au jardin, en collaboration avec de nombreux partenaires et sur des sujets variés : techniques de jardinage écologique, teintures et colorations naturelles, gestion de l’eau au jardin en économisant la ressource, exposition d’œuvres botaniques, taille et entretien des oliviers, taille des fruitiers, mais aussi multiplication de variétés anciennes de blé en partenariat avec l’Inrae, plantation et suivi scientifique des lierres méditerranéens avec l’association Semouraï, projet pour les Arum méditerranéens, plantation de pistachiers Pistacia vera… La serre pédagogique est utilisée en vue de la multiplication de plantes méditerranéennes pour les besoins du jardin et pour échanger et diffuser des plantes bien acclimatées, semis et boutures pour les ateliers, plantes succulentes exotiques. L’organisation de conférences est aussi une activité importante sur des sujets variés tels que les gales des arbres, les amendements et le maraîchage bio, la réintroduction des papillons dans les parcs de Marseille ou les lierres et leurs propriétés isolantes. Sont également proposées des sorties et visites régionales de jardins remarquables, de sites viticoles ou oléicoles, de sites naturels et l’accueil à la bibliothèque. Allez voir le programme sur le site de la société (www.societe-horticulture-bdr.com > Programme), vous serez impressionnés par la quantité et la diversité des activités proposées !

Plantes tinctoriales
Une des collections remarquables : les plantes tinctoriales, parmi celles de lierres méditerranéens et de nombreuses plantes locales © M. Douet

Un avenir plein d’ambitions

Se pose la question de l’avenir. Et, là aussi, les projets ne manquent pas. « Il nous faut tout d’abord pérenniser les activités existantes, explique Virginie Lombard. Nous voulons développer la fréquentation de la bibliothèque aux publics des lieux de formation à l’horticulture et de l’agriculture urbaine, aux métiers du paysage ainsi qu’aux professionnels et universitaires. » L’association a souscrit, en 2021, à la charte régionale Zéro plastique en Région Paca en bannissant le plastique de ses activités. « Nous n’achetons plus aucun matériau en plastique pour le bureau ou pour nos activités. Nous recyclons ceux pour lesquels il n’existe pas encore d’alternative, comme les pots de semis. Et nous comptons poursuivre nos efforts dans ce sens. »

L’un des objectifs 2023 auquel s’attelle la Société d’horticulture et d’arboriculture des Bouches-du-Rhône est sa participation au congrès scientifique de la SNHF en mai, à Marseille. Tout cela demande des moyens. Au niveau humain, la réalisation des différentes activités est assurée par dix bénévoles actifs de l’association et par l’appel à un stage étudiant bibliothécaire-documentaliste pour 2023-2024. Les finances, elles, sont alimentées par les adhésions, les subventions du Conseil départemental et de la Ville de Marseille. Des partenaires précieux, autant que les bénévoles !

 

Propos recueillis par Jean-François Coffin
Journaliste et membre du comité de rédaction de Jardins de France