Service de l’arbre et des bois de la Ville de Paris : Connecté jusqu’au tronc

À Paris, environ 200 000 arbres sont gérés grâce à une application cartographique. Depuis les années 1990, elle autorise un suivi individualisé de la vie (taille, maladies, etc.) de chacun des arbres de la capitale. Découverte.

 

Le Service de l’arbre et des bois de la Ville de Paris a en charge la surveillance et l’entretien d’environ 200 000 arbres gérés individuellement dans les rues (arbre d’alignement) ou dans les parcs, jardins, cimetières, écoles, et autres équipements municipaux.

Cette gestion, qui se distingue de celle des quelque 300 000 arbres en massifs forestiers, s’appuie sur une application informatique intégrant une composante cartographique : les coordonnées de chaque arbre sont enregistrées, ce qui permet de les repérer sur une carte.

Une carte d’identité informatique pour chaque arbre

L’application opendata.paris.fr comptabilise 2 198 platanes dans le XVe arrondissement de Paris – © D.R.

Une base de données informatisée de tous les arbres d’alignement des rues de Paris a été mise en place dès les années 1990. Les nouvelles technologies (système d’information géographique, tablette électronique) ont permis une évolution majeure de cette base grâce au développement d’une application mobile et dans laquelle le patrimoine arboré des jardins, cimetières, écoles et équipements sportifs a été intégré.

Chaque arbre possède ainsi sa propre « carte d’identité informatique », qui regroupe toutes les informations concernant son essence, sa date de plantation, son état sanitaire (état physiologique, plaies, champignons, chocs) et les travaux d’entretien dont il bénéficie (arrosage…).

M. Simonetti, chef d’atelier de bûcherons de la division Est, renseigne la base arbres à partir de la tablette – © Jean-Pierre

Des outils de gestion

L’application de gestion du patrimoine arboré se compose tout d’abord d’une application mobile, sur tablette tactile, pour la saisie des informations sur le terrain : réalisation des états phytosanitaires, photos, mise à jour de la fiche de l’arbre et, par ailleurs, d’une application bureautique de gestion qui permet d’accéder aux données collectées sur le terrain, de saisir des informations (consignes d’arrosage, suivi sanitaire approfondi, préparation des dossiers d’abattage…), d’établir des tableaux de suivi (commande des arbres à planter…) et d’analyser les données collectées (statistiques diverses sur le patrimoine arboré…).

Les données produites dans l’application peuvent être exploitées dans une application SIG (Système d’information géographique) qui autorise la visualisation et la préparation des cartographies thématiques (carte des états phytosanitaires, des différentes essences, etc.) facilitant leur exploitation, leur analyse et leur diffusion.

Diffusion de la donnée et récompenses

L’Open Data de Paris (opendata.paris.fr) offre la consultation, sous différents formats, d’une partie des données du patrimoine parisien. Elles sont utilisables en licence libre et une cartographie interactive permet au public de découvrir la diversité des essences présentes dans les rues et les espaces verts.

L’Observatoire national de l’innovation publique a remis à la Ville de Paris le Territoria d’Or en 2014 pour son suivi des arbres parisiens au moyen de tablettes tactiles.

Bénédicte Perennes
Cheffe du Service de l’arbre et des bois au sein de la Direction des espaces verts et de l’environnement

Platanor : une puce pour les platanes

La maladie du chancre coloré constitue une menace importante pour le platane. Par croisement entre des platanes américains et des platanes d’orient, des clones résistants ont été obtenus et évalués. De cette sélection est née la variété Platanor Vallis clausa, une co-obtention Inra/Pépinières Rouy Imbert.

Si elle présente toutes les caractéristiques ornementales du platane commun (lui-même hybride), cette variété est aussi nettement résistante à l’anthracnose et, à un moindre degré, à l’oïdium et au tigre. Elle supporte également bien la pollution urbaine et le vent. Les premiers sujets, commercialisés il y a près de quinze ans, ont été plantés à Trèbes et Castelnaudary (11), à proximité du canal du Midi, et à Lyon (69).

Une puce électronique, identique à celle qui est insérée sous la peau des chiens pour leur identification, est implantée à 1 mètre du collet à l’intérieur du tronc. Après quinze ans de plantation, ces puces minuscules sont toujours lisibles et ne handicapent pas la croissance de l’arbre. À la livraison, l’entreprise Rouy-Imbert met la puce en place et fournit à l’acheteur le code d’identification qui garantit l’authenticité variétale, et donc la résistance au chancre coloré. Mais attention, pour exprimer correctement sa résistance, ce clone, qui est en fait un porteur sain, ne doit pas être planté dans une terre infectée. Si c’est le cas, il est nécessaire de creuser une fosse de plantation de grande taille et de renouveler complètement la terre.
Merci à Aurélie Rouy-Imbert pour ses explications
Lire aussi www.jardinsdefrance.org/canal-du-midi-les-platanes-se-meurent
www.inra.fr/Grand-public/Sante-des-plantes/Toutes-les-actualites/Platane-PLATANOR-R-Vallis-clausa