Saiho-Ji, le temple des mousses

Juliette Kuntz

Saiho-Ji ou Kokedera (temple de mousses) situé à l’ouest de Kyoto, ce monastère a été fondé au VIIIe siècle.

Il est reconstruit en 1339 (période Kamakura) par Muso Kokushi. A cette époque, le temple comprenait de nombreux édifices, détruits au XVe  siècle pendant la guerre civile.

Aujourd’hui, il reste le monastère, plus récent et deux maisons de thé, dont l’une de Shonan-Thei (2) – période Momoyama Shonan (1568-1600) - est classée trésor national. Les siècles ont considérablement transformé le jardin. Néanmoins, certains aspects du jardin du Paradis de l’Ouest du Bouddha Amidha, voulu, par son créateur Muso, subsistent. Il fait moins de trois hectares.

La première impression est de pénétrer dans une épaisse forêt éclairée par une pièce d'eau étincelante.

Les mousses recouvrent toute la surface, y compris certains végétaux. Cette invasion de mousse (120 espèces) n’était certainement pas dans les intentions de son architecte Muso. Mais l’ombre, l’humidité, le lourd sol argileux y sont pour beaucoup. Les lichens colonisent les troncs des conifères et recouvrent les rochers. Réduit par rapport à son dessin premier, l’étang occupe la partie basse. Il renferme plusieurs îles, organisées par des pierres érodées et reliées par des ponts.

La suprême matière

Au-delà d’un bouquet de bambous, à flanc de colline, on atteint la « cascade sèche ». Muso, grand « architecte paysagiste » croit, en tant que moine bouddhiste zen, résolument, au pouvoir de méditation que provoque le jardin. Il a écrit que le jardin peut être le moyen par lequel on peut atteindre l’illumination. Cette cascade sèche doit incarner l’image intérieure d’une chute d’eau dégringolant de la montagne. Elle est considérée au Japon comme le premier exemple de paysage sec (Kare-Sansui).

Soigneusement ordonnées, ses roches sont tachetées de mousses et de lichens qui effacent leur tranchant et les font disparaître dans la colline en lui donnant l’aspect d’une falaise rocheuse. On a l’impression que la cascade peut apparaître à tout moment.

Beaucoup de jardins postérieurs s’en sont inspiré.

A Saiho-Ji, le jardin est « l’inépuisable et suprême matière » où l’on médite sur l’existence de la nature et la nature de l’existence.