Quelques curiosités

Anne Lassègues

Wollemia nobilis, presque aussi rare qu’un dinosaure…


Son histoire est très récente car cette espèce n’a été découverte qu’en 1994. En effet, quelle ne fut pas la surprise du garde chasse australien, David Noble, de découvrir dans un canyon des montagnes du Parc National Wollemi au nord de Sydney cet arbre inconnu jusqu’alors. Depuis, on considère que ce conifère est l'une des plus grandes découvertes botaniques du XXe siècle.


Wollemia nobilis - © S. DelzonAu prime abord, ses feuilles font penser à des fougères mais l’arbre atteint pourtant 40 mètres de haut en milieu naturel... Ce n’est qu’à son retour à Sydney et avec l’aide de botanistes que David Noble finit par identifier cette nouvelle espèce de conifère. Après plusieurs analyses génétiques et phylogénétiques (voir encadré dans ce dossier), il est classé dans la famille des Araucariaceae et est baptisé Wollemia nobilis en hommage à son découvreur et en raison de son lieu d’origine.

On ne recense qu’une cinquantaine de sujets dans la nature et cette espèce est donc en grand danger d’extinction. Elle a été pourtant très présente entre – 200 et – 65 millions d’années entre le Jurassique et le Crétacé sur tout le supercontinent du Gondwana, qui rassemblait l’Afrique, l'Arabie, l'Inde, l'Amérique du Sud, l’Antarctique et l'Australie. L’analyse des séquences d’ADN a montré que cette espèce est très proche des Agathis et que Agathis, Araucaria et Wollemia forment un groupe monophylétique[1]. Les échantillons prélevés sur 39 individus n’ont par ailleurs révélé aucune variation génétique au sein de la population naturelle, suggérant que la seule population connue à ce jour est entièrement clonale (Payne 1998).

Depuis sa découverte il fait l’objet de nombreuses recherches et bénéficie d’un programme de sauvegarde en tant qu’espèce menacée d’extinction. En effet, s’il est quasiment impossible voire interdit d’accéder au canyon de sa découverte, il est par contre possible d’acheter un Wollemia (http://france.wollemipine.com/).


Sotheby’s a d’ailleurs organisé une vente aux enchères spectaculaire en 2005. 300 plantes ont été vendues pour plus d’1 million de dollars australiens. Ce record a dépassé largement les attentes des experts. Pour chaque wollemia nobilis acheté, une partie de la recette est destinée à la préservation de l’espèce et à la conservation génétique.

Il est maintenant tout à fait courant de rencontrer un wollemia dans des jardins botaniques, chez des particuliers en pot sur une terrasse et même sur le campus de l’Université de Bordeaux…


[1] issu d'un seul ancêtre et constituant un clade.


En voie d’extinction : Dacrydium guillauminii
 

Parmi les 620 espèces de conifères recensées à travers le monde, 28 % ont été classées par l’UICN[2] comme « menacées » et 14 % comme « quasi menacées ». Ces chiffres alarmants sont assez mal connus du grand public, tout du moins dans l’hémisphère nord où le « conifère » est assimilé à une espèce envahissante de haie que l’on essaie de contenir tant bien que mal. Retenons donc qu’un conifère sur 4 est menacé d’extinction mondiale et Dacrydium guillauminii en est un exemple emblématique.


Dacrydium guillauminii - © S. Delzon

Dacrydium guillauminii - © S. Delzon

 

Cette espèce de la famille des Podocarpaceae est uniquement présente sur les berges de la Rivière des Lacs, principalement au niveau des chutes de la Madeleine, dans le Sud de la Grande Terre (Nouvelle Calédonie). C’est un arbre de petite taille, dépassant rarement  2 m, qui vie les pieds dans l’eau. C’est l’une des espèces de conifères les plus rares du monde, menacée d’extinction en raison de son aire de répartition restreinte (12 km²), de ces populations de faibles tailles (<100 individus) et de l’absence de régénération en milieu naturel. Elle était probablement plus répandue de par le passé mais son aire a fondu comme neige au soleil en raison des feux de maquis et des crues des réservoirs. Des mesures urgentes pour sa sauvegarde s'avèrent indispensables. A notre connaissance, peu voire pas de jardins botaniques possèdent cette espèce dans leur collection. Il convient d’agir vite !


[2] Union internationale pour la conservation de la nature