Un public acteur de ses espaces verts

Jacques Macret

Le rôle et la place des espaces verts connaissent une évolution très importante. Le terme même d’espaces verts est de moins en moins utilisé, laissant la place à des espaces de nature en ville, lieux de convivialité, de solidarité et de biodiversité ou encore infrastructure verte intégrant la notion de continuité écologique. Pour construire ces nouveaux espaces, la participation citoyenne est de plus en plus sollicitée.

À Courbevoie, la population est associée à la conception et réalisation des espaces verts. Ici, un chantier participatif Square Raphaël – © Estelle Pardon – Coloco

Bien que des termes comme « démocratie participative » soient à tort souvent connotés politiquement, sa pratique quotidienne au sein de nos collectivités est aujourd’hui largement mise en oeuvre.

Si la création des conseils de quartiers a été rendue obligatoire dans les communes de plus de 80 000 habitants dans le cadre de la loi du 27 février 2002, dite loi Vaillant, relative à la démocratie de proximité, de nombreuses collectivités de moindre taille ont adopté ces outils de participation citoyenne.

Courbevoie, ville de 87 000 habitants, située à proximité de la Défense près de Paris, a développé, depuis de nombreuses années, une politique en faveur du paysage et de la nature en ville. Cette évolution s’est accompagnée d’une participation citoyenne de plus en plus présente.

Comités de concertation

Dans un premier temps, la participation s’est concrétisée par une concertation active. Après avoir sélectionné une équipe de maîtrise d’oeuvre, des comités de concertation se sont mis en place, permettant à des futurs utilisateurs de coproduire le projet en partenariat avec les paysagistes. Ces exercices sont très enrichissants, tant pour les administrés que pour l’équipe municipale (élus et techniciens) porteuse du projet. En effet, avant de concrétiser l’aménagement, des débats interviennent sur les équipements souhaités et comme, généralement, les souhaits sont bien supérieurs aux capacités du lieu, les participants se retrouvent face à un choix. Ce choix n’étant pas imposé par la municipalité, les arbitrages sont acceptés car partagés.

Face aux résultats positifs issus de cette démarche, la ville de Courbevoie s’est engagée dans une étude plus large sur l’avenir du paysage et de l’écologie urbaine au sein de son territoire. Cette mission stratégique a été confiée à l’atelier Coloco.

Balades urbaines

Le diagnostic paysager de la Ville s’est accompagné de balades urbaines associant des conseillers de quartiers. En arpentant l’espace public, des lieux susceptibles d’accueillir de la nature en ville ou méritant une évolution paysagère visant à favoriser la place de la biodiversité ont été identifiés. Quartier par quartier, ces propositions ont fait l’objet d’un examen de faisabilité et d’opportunité. Une fois retenues, il a été proposé aux représentants des quartiers de concrétiser le projet dans le cadre de chantiers participatifs. À ce jour, trois projets issus de « ces diagnostics en marchant » ont été concrétisés.

Collaboration à une fresque sur l’allée des Vignerons – © Coloco

Allée des Vignerons : une parade constructive

Cette voirie a été réalisée dans le cadre d’une opération immobilière et avait pour simple fonction de servir aux véhicules de pompiers. Pour autant, son traitement correspondait à une voirie traditionnelle avec chaussée et trottoir. Suite à la proposition du conseil de quartier, il a été décidé de transformer celle-ci en voie plantée. Dans un premier temps, le service espaces verts et environnement a réalisé les travaux préparatoires : terrassement, apport de terre végétale et mise en place de bouches d’arrosage.

À l’occasion de la fête des jardins et de la journée sans voiture, les 26 et 27 septembre 2015, la population a été invitée à participer à la mise en place du projet. Celui-ci a commencé par une parade allant des serres municipales, lieu de stockage des végétaux, à l’allée des Vignerons très proche. Cette déambulation a permis de présenter le projet de stratégie paysagère sur l’ensemble de la commune aux participants.

Allée des Vignerons, arrivée de la parade – © Coloco

Fleurs, fresque et pergola

Sur place, l’invitation à l’oeuvre se déclinait en plusieurs ateliers :

• Plantations réalisées avec les Courbevoisiens sur la base de plans préétablis, la palette végétale étant composée, d’une part, de plantes vivaces issues de massifs de fleurissement et, d’autre part, d’arbres fruitiers, de ceps de vignes et d’arbustes à petits fruits.

• Collaboration à une fresque sur l’ensemble de la voirie, un collectif d’artistes accompagnant cette manifestation. Des préparations au sol ont été réalisées et les enfants ont pu peindre les motifs prédéfinis.

• Participation à la construction de pergola et plessis en osier. Accompagné par un paysagiste créateur de land art, le service des espaces verts a construit, avec la participation des enfants, les structures permettant d’accueillir des pieds de vignes et autres plantes grimpantes.

Le tout étant ponctué par un pique-nique festif et un accompagnement musical. L’ensemble, finalisé le dimanche soir, a fait l’objet d’une inauguration en présence de Monsieur le Maire.

Jardin d’Adélaïde : la fresque à laquelle ont participé les enfants – © D.R.

La place Raphaël : du minéral au végétal

Fort du succès du premier chantier participatif de l’allée des Vignerons, un nouveau projet a été engagé. Il s’agissait de végétaliser un espace très minéral où seuls quelques arbres étaient présents. Nous avons donc travaillé avec les conseillers de quartier pour finaliser un aménagement qui consistait à unifier les pieds d’arbres et planter ces nouveaux espaces. Suite à des travaux préparatoires consistant à supprimer les revêtements en asphalte et mettre en place de la terre végétale, la population a été invitée, à l’occasion de la fête de la nature les 21 et 22 mai 2016, à réaliser des plantations et des marquages au sol.

Le jardin d’Adélaïde : plantations ornementales et vivrières

La dernière opération de ce type s’est concrétisée les 25 et 26 juin 2016. Il s’agissait d’un terrain laissé en friche depuis de nombreuses années. Ce projet est de plus grande ampleur que les précédents. En partenariat avec l’atelier Coloco, les conseillers de quartier et l’association Espaces1, nous avons donc élaboré un projet intégrant un espace ludique pour les enfants, des plantations ornementales et vivrières avec des arbres fruitiers et des arbustes à petits fruits et un jardin partagé (six existent déjà sur la commune). L’espace ludique a été réalisé avec des matériaux de récupération et correspond à un espace propice à l’imagination (type dînette pour enfants). Les murs périphériques ont servi de support à des fresques auxquelles les enfants ont participé.

Le jardin d’Adélaïde : plantations ornementales et vivrières

La dernière opération de ce type s’est concrétisée les 25 et 26 juin 2016. Il s’agissait d’un terrain laissé en friche depuis de nombreuses années. Ce projet est de plus grande ampleur que les précédents. En partenariat avec l’atelier Coloco, les conseillers de quartier et l’association Espaces1, nous avons donc élaboré un projet intégrant un espace ludique pour les enfants, des plantations ornementales et vivrières avec des arbres fruitiers et des arbustes à petits fruits et un jardin partagé (six existent déjà sur la commune). L’espace ludique a été réalisé avec des matériaux de récupération et correspond à un espace propice à l’imagination (type dînette pour enfants). Les murs périphériques ont servi de support à des fresques auxquelles les enfants ont participé.

Festival et fête des jardins

La mission de stratégie paysagère se poursuit. Une journée de restitution de l’étude et des orientations en découlant sera proposée à la population à l’automne 2017. Elle se concrétisera en deux phases :

• Un jardin participatif sur le parvis du centre événementiel à l’occasion de la fête des jardins en septembre 2017. Ce projet préfigurera le festival Atmosphères2.

• La restitution de l’étude se tiendra juste avant le festival (octobre 2017), lors d’une journée d’échange. Le jardin participatif donnera alors tout son sens aux actions déjà engagées et préfigurera celles à venir.

Un autre regard se met progressivement en place, facilitant l’acceptation de la nature en ville. La désimperméabilisation progressive au profit du végétal ou la mise en place du compostage de proximité sur l’ensemble du territoire sont autant de mesures qui favorisent cette prise de conscience.