Prairie fleurie : la beauté au naturel

Très à la mode, la prairie fleurie est à la portée de tous ! Mais il ne s’agit pas de semer à la volée un sachet de graines magiques qui pousseront toutes seules et donneront une magnifique étendue fleurie. Si mettre en place une prairie fleurie, ou gazon fleuri, est beaucoup moins contraignant qu’un massif de fleurs classique, il faut néanmoins s’entourer d’un minimum de précautions, notamment au moment de la mise en place.

Outre son aspect esthétique, la prairie fleurie peut présenter des atouts environnementaux, comme l’attrait des insectes pollinisateurs – © Nova-Flore
Julien Gouy – © Nova-Flore

Pourquoi installer une prairie fleurie ? « En fait, une prairie fleurie permet de répondre à plusieurs objectifs », précise Julien Gouy, directeur de NovaFlore, entreprise spécialisée dans les bulbes et semences de fleurs, « à commencer par l’obtention d’une étendue de fleurs pour égayer une partie du jardin, par exemple avec des fleurs annuelles qui fleuriront durant l’été. » Mais aussi pour joindre l’utile à l’agréable : « Les plantes peuvent, en plus de l’esthétique, être un attrait pour les pollinisateurs ou permettre de réinstaller un équilibre écologique en fournissant le gîte et le couvert aux auxiliaires. » Ce dernier objectif trouve tout son intérêt dans un contexte où l’on se dirige vers la diminution de l’usage des produits phyto, voire leur interdiction.

La prairie fleurie peut permettre toute une combinaison de couleurs – © Nova-Flore

Certains jardiniers, qui cherchent à diminuer l’entretien de leur jardin, y voient aussi un intérêt pratique. « Une prairie fleurie nécessite moins de tontes que la pelouse, permet de garnir ou d’utiliser un site délicat à entretenir comme un pied de muret ou un coin de jardin où la tondeuse passe difficilement », ajoute Julien Gouy. Enfin, un côté non négligeable est le coût: « Moins d’un euro le mètre carré ! »

 

 

 

 

 

Soigner la mise en place

La mise en place est relativement facile et ne nécessite pas une très grande technicité. Mais la réussite d’une prairie fleurie se joue lors de la préparation du sol. Plus elle sera soignée, plus la prairie fleurie sera belle et moins elle nécessitera d’entretien par la suite. « Il ne faut pas s’imaginer qu’on lance des graines sur le sol et que cela poussera tout seul. Il faut installer. Si l’on n’a pas envie ou pas le temps de soigner cette phase de préparation du sol, je déconseille la prairie fleurie », souligne Julien Gouy.

 

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La préparation du sol pour installer une prairie fleurie peut se comparer à celle d’un potager. Elle s’effectue en deux temps. Elle commence par une préparation « grossière » en ameublissant assez profondément la terre et en cassant le couvert végétal. Pour une petite surface, on utilisera la bêche et, pour une plus grande, la fraise ou le motoculteur.
Ce premier travail du sol se fera début mars, pour un semis de printemps qui s’étalera d’avril à mai afin d’obtenir une floraison estivale. Pour une floraison printanière, la préparation peut se faire dès la fin août pour un semis d’automne réalisé au plus tard vers le 20 octobre, pour des annuelles non gélives et des vivaces. Il faudra tenir compte naturellement des conditions météorologiques et n’intervenir qu’une fois le sol bien ressuyé.

 

Ne pas favoriser les adventices

La deuxième préparation du sol se fera le jour même du semis, où l’on émiettera la terre. « N’attendez pas plusieurs jours après cette deuxième préparation pour semer car le risque est de voir germer, avant celles de la prairie fleurie, les graines d’adventices qui prendront le dessus. » Pour faciliter le semis et assurer une meilleure répartition des graines qui sont, en général, de petites dimensions, il faut les mélanger avec de la cosse de sarrasin ou du sable fin, semer en surface (selon la proportion indiquée sur les emballages de graines), donner un léger coup de râteau et tasser modérément le sol avec un rouleau ou le dos de la pelle. « C’est la même technique qu’un semis de gazon, à la différence près que ce dernier nécessite une préparation moins fine. » Il faut enfin arroser, si une pluie proche n’est pas annoncée, afin de permettre aux plantes de s’installer.

Laisser la nature prendre la relève

Aux alentours de la troisième à la cinquième semaine au plus tard suivant le semis (avant que les plantes ne dépassent 10 cm de hauteur), il convient de surveiller la présence de mauvaises herbes et, s’il y en a, de les arracher, notamment les chénopodes et les amarantes.
Au-delà de la cinquième semaine, les plantes issues du semis vont rapidement croître pour monter à fleurs et leur croissance devrait prendre le dessus sur celle des mauvaises herbes. En cours de saison, si le temps est vraiment très sec et que l’on souhaite le meilleur effet, on pourra arroser. Mais en cas de surface importante, supérieure à 50 m², mieux vaut laisser faire la nature, ce que conseillent plusieurs professionnels.

La satisfaction d’un travail bien fait

Dans le choix d’un semis d’annuelles, le plus fréquent, il faudra naturellement ressemer chaque année. On peut aussi implanter un mélange d’annuelles et de vivaces. Dans ce cas, on laissera en place deux années. Une fois les plantes défleuries, les faucher à 10 cm, pour éviter l’inesthétique des fleurs fanées mais aussi pour préparer la repousse au printemps suivant constitue la bonne action. Mieux vaut ensuite renouveler le semis au-delà de deux ans d’installation. Certains jardiniers privilégiant l’aspect sauvage d’une prairie fleurie préfèrent laisser en place plus longtemps, afin que les fleurs finissent par se ressemer d’elles-mêmes. Après la floraison des annuelles, vient le moment de retourner la terre et de semer un engrais vert tel que la phacélie, la moutarde, le trèfle violet ou incarnat… Cette couverture végétale protégera le sol pendant l’hiver et servira d’amendement lors de son enfouissement. Comme toutes les actions de jardinage, le temps consacré au départ sera au profit de celui qui ne sera pas passé en cours de culture. « Si une bonne préparation du sol est effectuée dès le début, ce seront 80 % de travail en moins par la suite, ce qui constitue l’un des objectifs d’une prairie fleurie, outre son intérêt ornemental! », conclut Julien Gouy.

Jean-François Coffin
Journaliste et membre de la SNHF

 

HORTICOLES OU SAUVAGES

À destination des prairies fleuries, le commerce propose deux principaux types de sélections de graines :
– Pour un effet très ornemental, il existe des mélanges « horticoles », qui seront caractérisés par la beauté des fleurs et leur aspect très coloré. Mais les fleurs qui en sont issues ne sont pas forcément attractives pour les abeilles ou les différents pollinisateurs. Les professionnels proposent également des mélanges combinant annuelles et bisannuelles, par couleurs (pour obtenir des camaïeux), par hauteur de végétation permettant d’adapter les plantes à leur destination (rocailles, contre un muret, etc.).
– Pour une apparence plus naturelle, on choisira les graines « indigènes », qui se trouvent à l’état naturel dans la région et que l’on trouve aussi dans le commerce. Outre l’aspect plus sauvage, ces mélanges favoriseront la biodiversité.
Il existe des mélanges à destination des abeilles (mellifères) ou des oiseaux, voire destinés à éloigner les insectes nuisibles comme les pucerons ou les doryphores.
Le compromis peut aussi résider dans le fait de combiner des espèces horticoles et indigènes.