Pourra-t-on se passer des pots en plastique ?

La saison estivale se retire sur la pointe des pieds : c’est l’occasion d’effectuer du rangement. Voici le moment de trier les pots en plastique. Ils s’amassent et nous agacent lorsque qu’il faut les ranger : pots ronds, pots carrés, pots de petite et de grande taille. Mais alors, serait-il possible de s’en passer ? Quelles sont les alternatives ?

Dégradation d’un pot alternatif © Maxime Dupont-Gendron

L’horticulture, filière consommatrice en matière plastique

L’horticulture a recours à une grande diversité de produits en matière plastique : pots, barquettes, étiquettes, matériels d’irrigation, sacs, emballages, films… C’est un fait, le plastique occupe une place importante dans la production horticole car il est pratique, léger, solide et permet tous les usages en cours dans nos métiers. Cependant, les problématiques environnementales étant de plus en plus présentes, les méthodes de production et d’innovation se sont adaptées à l’évolution de la demande, davantage tournée vers l’écologie. Depuis de nombreuses années, l’institut technique Astredhor et l’Interprofession de l’horticulture, de la fleuristerie et du paysage (Val’hor) mènent des études sur les alternatives aux pots en plastique.

Pot en plastique : vers un remplacement progressif

Les avantages des pots en plastique sont nombreux : amélioration de la précocité, de la qualité des produits et bonne maîtrise des apports en eau. Toutefois, les récentes réglementations européennes et françaises pourraient en modifier l’utilisation à moyenne échéance. Alors, si l’utilisation du plastique était demain restreinte, voire interdite, quelles solutions s’offriraient à nous ?

Des alternatives nombreuses

Des alternatives existent et proviennent de fournisseurs installés dans des pays plus ou moins lointains : pots en fibres de bois, en carton, en balle de riz, en fibre de coco, en fumier, en paille, ou encore en tourbe et même en résidus de graines de tournesol (Figure n° 1). D’autres, comme les mottes en fibres de coco, sont commercialisées sous forme d’une motte compressée et déshydratée, ce qui réduit considérablement l’impact carbone lié au transport (origine sri-lankaise). Les alternatives sont nombreuses mais ne sont pas toutes employées car de multiples facteurs limitants sont encore à lever. Décidemment, pourra-t-on se passer d’utiliser des pots en plastique ?

Des plantes quasiment identiques à une culture en pots en plastique

De nombreuses études ont été menées afin d’évaluer une potentielle différence de croissance entre des plantes conduites en pots en plastique traditionnels et des plantes cultivées en pots dits « alternatifs ». Des différences de croissance peuvent être observées, mais sont souvent peu importantes. Généralement, la taille des plants en pots alternatifs est légèrement inférieure. Cet effet nanifiant pour certaines espèces présente un intérêt (Figures n° 2 et n° 3) en production sous serre, car l’utilisation de régulateurs de croissance peut ainsi être évitée.

La résistance physique des pots à améliorer

La capacité de rétention en eau élevée des plantes cultivées en pots dits « alternatifs » ainsi que leur composition, en matériaux d’une moins bonne homogénéité que celle du plastique, conduisent à des questionnements sur leur résistance physique. La tenue et la texture d’un pot alternatif se dégradent avec le temps (cf. image précédente). Pour des végétaux de pépinière, cultivés sur une période longue et manipulés régulièrement (rempotage, distançage, vente, etc.), la résistance doit être élevée et les alternatives au plastique ne sont pas encore satisfaisantes (Figure n° 4). Des travaux, menés par les fabricants et les professionnels horticoles, visent à augmenter cette résistance physique. Actuellement, l’utilisation des pots alternatifs est plus adaptée à des cultures courtes avec plantation directe du végétal dans le jardin, en massif et/ou en balconnière : plantes aromatiques (Figure n° 5), plants de légumes, plantes annuelles…

Figure n° 4 : Développement racinaire des Miscanthus sinensis ‘Zebrinus’ au 5 août 2020 en pot plastique (M1) et pot en fibres de bois (M2) © Est Horticole

Des outils de production qui doivent s’adapter

La production de plantes dans des pots « alternatifs » ne va pas sans modification des méthodes et des moyens de production.

En effet, une entreprise horticole gère des milliers de pots chaque année. Pour que les alternatives soient adoptées, les étapes de production doivent rester mécanisables.

Par exemple, l’étape du remplissage des pots avec du terreau doit pouvoir se faire automatiquement. Or, les pots alternatifs se dépilent difficilement, ce qui réduit le nombre de pots préparés par la machine et donc la rentabilité voire la pérennité de l’entreprise et de ses emplois.

Par ailleurs, l’arrosage et les apports d’engrais doivent être repensés. Pour ces raisons, certaines entreprises qui souhaitent se passer du plastique ont totalement revu leur façon de produire (culture sur palette, sans distançage notamment).

Figure n° 5 : Production de basilic en pot alternatif conduit en agriculture biologique © Est Horticole

Qu’en sera-t-il de l’origine des matières premières ?

Pour fabriquer des pots alternatifs à grande échelle, de la matière première en grande quantité est indispensable. Certains pots alternatifs ne collent pas à l’étiquette « écoresponsable » en raison de leur composition (la ressource tourbe s’épuise) ou de l’éloignement de leur provenance (balle de riz, fibre de coco).

Des prix de vente qui vont peut-être augmenter

L’un des freins actuels à l’utilisation des pots « alternatifs » est leur prix, qui augmente mécaniquement les coûts de production. Cependant, face à l’évolution continuelle de la législation et à l’augmentation déjà perceptible des prix du plastique, l’écart va se resserrer.

L’acceptabilité des innovations, pour les acheteurs (jardineries) et les consommateurs finaux doit aussi être évaluée afin d’éviter un « risque » commercial.

C’est pour cette raison qu’Est Horticole conduit actuellement un essai nommé ProdÉco (PRODuction ÉCOresponsable en horticulture ornementale) en collaboration avec deux stations de l’institut Astredhor et l’ESA (École supérieure d’agricultures).

La question est : arriverons-nous à répondre à temps à cet enjeu ?

 

Marie-Anne Joussemet
Directrice scientifique

Maxime Dupont-Gendron
Conseiller horticole

POUR EN SAVOIR PLUS

Consultez le sujet « Le pot horticole revoit sa plastique » dans Le Lien Horticole n° 1088 et l’article « Optimiser l’empreinte écologique de l’horticulture » paru dans Le Lien Horticole n° 1089.