Les plantes médicinales, c’est dans le jardin !

L’utilisation des plantes médicinales est très ancienne. En infusion, en décoction ou après macération, elles présentent de nombreuses vertus. Pour créer son propre jardin, il convient de choisir les plantes médicinales en fonction des bénéfices recherchés, de tenir compte des sols ou de les récolter au bon moment.

Vue du jardin Camifolia © Camifolia

Une utilisation ancienne

Les plantes médicinales sont utilisées depuis des temps lointains. Les médecines traditionnelles chinoise ou indienne en sont la parfaite illustration. En Europe, les médecins grecs, Hippocrate (1*) et Dioscoride (2*), jetèrent les bases de la médecine actuelle. Ils travaillèrent notamment à partir de végétaux issus des jardins médicinaux qu’ils avaient fondés. À la fin du VIIe siècle, par promulgation de son célèbre capitulaire de Villis, Charlemagne ordonna, dans tous les jardins du domaine royal, la culture d’un certain nombre de plantes médicinales, aromatiques et potagères. C’est à cette époque que sont créés, dans les monastères, les jardins des simples dont la fonction était de cultiver les plantes médicinales pour les besoins des populations locales. Les premiers jardins botaniques voient le jour en Italie, à Ferrare et Padoue en 1525, Pise en 1543 et Bologne en 1568 puis en France, à Montpellier en 1597. Dans ces jardins, sont introduites et acclimatées des espèces médicinales en provenance du monde entier (3*). Enfin, c’est au début du XXe siècle que les premières cultures de plantes médicinales apparaissent en France pour répondre aux besoins des laboratoires pharmaceutiques. Ces cultures vont répondre à des critères de qualité tels que : régularité de la matière première, soins apportés à la récolte et au séchage, et contrôle de la conservation (4*).

Créer son propre jardin de plantes médicinales

Comment choisir les espèces ?
On peut donner trois conseils de base : cibler des espèces faciles à cultiver pour soigner les bobos quotidiens, éviter les plantes toxiques, et privilégier les vivaces, plus faciles à entretenir. Une douzaine de plantes est un chiffre convenable. On peut choisir un thème5 : plante et enfance, plantes et beauté (peau, cheveux, silhouette…), plantes et vieillissement (antioxydants, mémoire…), plantes et douleur (tête, articulations…), plantes et équilibre féminin (ménopause, douleurs menstruelles…), plantes et équilibre nerveux (détente, stimulation, dépression légère…), plantes et digestion (troubles digestifs, régulation fonction biliaire…), plantes et insuffisance veineuse, plantes et voies respiratoires (toux bénigne, bronchite bénigne)…

 

Où se procurer semences et plants de qualité?
Pour votre jardin, vous pouvez consulter un organisme de référence comme le CNPMAI (Conservatoire des plantes médicinales, à parfum et aromatiques de Milly-la-Forêt) – www.cnpmai.net.

 

Comment choisir le type de sol ?
Il faut un sol léger, sec et drainant pour des plantes telles que thym, romarin, sarriette, sauge officinale… un sol bien pourvu en matière organique avec une certaine fraîcheur pour la menthe ou la mélisse officinale… un sol léger pour les plantes à racines comme la valériane officinale, la grande bardane, le radis noir…

 

À quelle époque récolter les plantes de son jardin?
Chaque organe de la plante a sa période de récolte. Les feuilles sont généralement récoltées avant la formation des boutons floraux, les fleurs à leur plein épanouissement, les fruits ou semences à maturité et les parties souterraines (racines, bulbes, rhizomes), en automne, lors du repos végétatif de la plante.

 

Comment sécher la récolte de son jardin?
Il faut tendre un grillage ou une toile de jute sur un cadre de bois et étaler les plantes en couches minces. Certaines devront être séchées rapidement pour éviter le noircissement du feuillage, comme la mélisse officinale, d’autres nécessitent un tronçonnage des racines avant séchage pour favoriser les échanges avec l’air, comme le radis noir. Le séchage doit se faire à l’abri de la lumière, dans un endroit ventilé et à une température autour de 40 °C.

 

Comment utiliser facilement les plantes de son jardin?
En infusion: versez de l’eau bouillante sur des fragments de plantes sèches ou fraîches. Le temps d’attente avant filtration varie selon la plante (feuilles, fleurs, fruits) et/ou le goût souhaité.
En décoction: des fragments de plantes sont ajoutés à l’eau alors qu’elle est encore froide. Le mélange est ensuite porté à ébullition quelques minutes (racines, écorces).
Après macération: des fragments de plantes sont placés dans un liquide (huile, alcool, vin, eau) à froid pendant un certain temps (de quelques heures à plusieurs jours).
Attention: avant l’utilisation des plantes, en cas de doute, demandez l’avis d’un médecin.

 

 

Philippe Gallotte
Technicien retraité de l’Iteipmai (Institut technique des plantes à parfum, médicinales et aromatiques), station de Chemillé

 

(1*) 460 avant J.-C.- 490 avant. J.-C.,
(2*) Vers 20 à 40 après. J.-C. jusqu’à 90 après. J.-C.
(3*) Une histoire des jardins botaniques, entre sciences et art paysager, Yves-Marie Allain, éditions Quæ, 2012
(4*) La production des plantes médicinales en France « du passé
simple au présent », Philippe Gallotte, Jardins de France, n° 630,
juillet 2014;  www.jardinsdefrance.org/la-production-des-plantes-medicinales-en-france-du-passe-simple-au-present/
(5*) Plantes de bien-être, du bon usage des plantes qui soignent,
jardin Camifolia, éditions Ouest-France, 2012

CAMIFOLIA, un jardin de plantes médicinales

L’homme médicinal à la croisée des simples © Camifolia

 

Un jardin a été créé en 1976, dans le parc de l’hôtel de ville de Chemillé, dans le Maine-et-Loire, à l’initiative des producteurs de plantes médicinales de la région. Son but était de présenter la production locale et de fournir des semences aux agriculteurs. En 2008, le jardin des plantes médicinales devient Camifolia. En 2021, le jardin fait peau neuve. Sur 3,5 hectares, autour du jardin botanique originel, rebaptisé « la collecte du botaniste », plus de 600 espèces sont réparties dans par thèmes : les plantes d’ici (cultures locales), le parcours des sens, la prairie savoureuse (plantes aromatiques), le jardin éphémère, le balcon aux lotus, la colline des senteurs (plantes à parfum), l’atelier des saveurs, l’atelier des teintures (plantes tinctoriales) l’atelier bien-être (plantes cosmétiques), et la croisée des simples*. Une serre de plantes exotiques, un droguier et un alambic complètent cet ensemble. Camifolia a reçu le label « Jardin botanique de France et des pays francophones » en 2010 et le label « Jardin Remarquable » en 2018. www.jardin-camifolia.com *La croisée des simples : cinq statues créées par J.-M. Bourrasseau, un artiste local, évoque une douleur pouvant être soignée par les plantes installées à leurs pieds (respiration, digestion, peau, cœur et système sanguin, tête).