Plantes de terre de bruyère : Conseils pour bien réussir ses massifs

Frédéric PernelÉliane de Bourmont

Des nuances les plus vives aux plus douces : les plantes de terre de bruyère offrent une immense palette. Le tout est de faire le bon choix pour bien les harmoniser. Ici, Rhododendron x Kurume ‘Hino Crimson’ - © D.R.
Des nuances les plus vives aux plus douces : les plantes de terre de bruyère offrent une immense palette. Le tout est de faire le bon choix pour bien les harmoniser. Ici, Rhododendron x Kurume ‘Hino Crimson’ – © D.R.

Pour vous aider dans le choix des plantes de terre de bruyère et pour réaliser les aménagements, en fonction des caractéristiques de votre jardin, la SNHF a rassemblé ici les principaux conseils. Ils portent également sur la structuration d’un massif qui puisse plaire dans ses variations saisonnières. A vous de découvrir les jeux de nuances qui sauront vous surprendre depuis les plus vives jusqu’aux plus douces.

Critères environnementaux et solutions techniques

Les quatre principaux critères à considérer avant de concevoir votre massif de terre de bruyère sont : la composition minérale du sol, son humidité, sa capacité de drainage et enfin, l’ensoleillement disponible.

Dans les régions au sol sableux, granitique ou gréseux, votre jardin remplit déjà deux conditions adéquates avec un sol acide et drainant. Dans les régions schisteuses ou argileuses, vous aurez à améliorer la capacité de drainage. Un sol idéal ne doit pas retenir l’eau. Pour en avoir le cœur net, faites le test suivant. Creusez un trou de 0,40 à 0,50 m de profondeur et remplissez-le d’eau. Attendez qu’il se vide puis remplissez-le de nouveau. Si le trou se vide en moins d’une heure c’est que vous disposez d’une capacité de drainage correcte. Sur un sol déjà sableux, il est conseillé de remplir les trous de plantation avec un mélange de 50 % de compost organique, de 25 % de limon argileux et de 25% du sol originel. Sur un sol argileux, le mélange adapté est constitué de 50 % de compost organique décomposé, de 25% de sable siliceux et de 25 % du sol originel. Vous prévoirez des trous de plantation au moins trois fois plus grands que la taille de la motte de chaque plante. Les régions calcaires ou crayeuses sont les moins favorables en raison de sols alcalins. Des aménagements lourds y sont nécessaires pour réussir un massif de terre de bruyère. Toute trace de calcaire est à éviter dans le mélange devant servir au remplissage de la fosse que vous aurez fait creuser à la taille du massif sur 1,00 à 1,50 m de profondeur et tapisser d’une membrane géotextile. Dans ce cas, le mélange de terre sera là encore composé de 50 % de compost organique, de 25 % de sable siliceux et de 25% de limon argileux. Cette préparation du sol est à prévoir, idéalement quelques semaines avant la plantation. La période de plantation idéale est septembre-octobre, sinon mars-avril est possible.

Un ensemble de plantes adaptées

Sous-bois avec différents Cornus kousa - © D.R.
Sous-bois avec différents Cornus kousa – © D.R.

Ce sont l’humidité du sol, sa fraicheur et la durée de l’ensoleillement du massif qui guideront vos choix de plantes, ainsi qu’indiqué dans le tableau joint.

Un terrain constamment frais mais drainant et assez ensoleillé, conviendra particulièrement aux azalées japonaises les plus rustiques (Rhododendron obtusa, R. kaempferi, R. x Kurume, etc.), à des arbustes à feuilles caduques (Chœnomeles, Heptacodium, Indigofera, Magnolia, Spirea, etc.) ainsi qu’à des persistants (Arbutus, Cryptomeria, Euonymus, Kalmia, Myrtus, Tsuga, etc.). La plupart des bruyères accepteront un terrain sec et ensoleillé, accompagnées par Cistus, Daphne, Sarcococca, etc.

Les saisons comme alliées

Dans le cas d’un massif de grande dimension, vous pouvez organiser un renouvellement d’aspect au fil des saisons. Le choix d’arbustes persistants isolés, de différentes nuances, favorisera la mise en relief du massif. Alors que les bruyères de couleur magenta formeront des tapis fleuris en hiver : Erica carnea (‘Adrienne Duncan,’ ‘Challenger’, ‘Nathalie’) et E. darleyensis (‘George Rendall’, ‘Ghost Hills’, ‘Kramer’s Rote’). Calluna vulgaris blanches (‘Alicia’, ‘Melanie’, ‘Reini’ ou ‘White Lawn’), Daboecia cantabrica, Erica cinerea le font dès le mois d’août, rejointes par E. vagans en automne, à choisir également blanches (‘Lyonesse’) ou rose pâle (‘Pyrénées Pink’). Elles seront soulignées par des plantes phares vivement colorées avec successivement Chænomeles, Daphne, Rhododendron, Kalmia, Cistus, Indigofera, etc.

Massif de rhododendrons x Exbury ou « azalées de Chine » - © D.R.
Massif de rhododendrons x Exbury ou « azalées de Chine » – © D.R.

Deux exemples de réalisations

Dans la gamme des floraisons et feuillages vivement colorés, vous privilégierez les rhododendrons de toutes sortes, Chænomeles, Kalmia, Euonymus alatus, etc. ainsi que des arbustes au feuillage bleuté pour compléter la palette (Pinus Pengens ‘Globosa Nana’, Fothergilla gardenii ou rhododendron oreotrephes ‘Blue Calyptus’). Vous éviterez les chocs esthétiques en ne mélangeant pas pourpre et rouge ou rose et écarlate. Mais pourpre et jaune sont alliés. Enfin, le blanc intercalé atténue les contrastes.

Massif d’érables japonais, conifères nains et vivaces - © D.R.
Massif d’érables japonais, conifères nains et vivaces – © D.R.

Dans la gamme de nuances plus douces, une association du pourpre, du rose, du blanc et du vert pourra combiner les différentes strates végétales. Des arbustes persistants pâle tels que Euonymus fortunei ‘Emerald Gaiety’ ouSilverstone’ et Tsuga canadensis ’Moon Frost’ feront le pendant tout l’hiver avec d’autres, plus sombres. Dès le printemps, les érables japonais composeront des dômes pourpres ou vert tendre, des « azalées » blanches ou rose pâle leur répondront. Des tapis de bruyères en vagues alterneront avec ceux d’Acaena, d’Epimedium, de Galax, de Gaultheria ou de Pachysandra. Ces derniers seront légèrement ponctués en toute saison par les épis de bulbes et de rares plantes vivaces, choisis pour leurs floraisons blanches parmi Narcissus papyraceus, Narcissus triandrus ‘Thalia’, Camassia leichtlinii ‘Alba’, Iris xiphium ‘Madonna’, Leucojum aestivum ‘Gravetye’, Galtonia candicans, Lilium speciosum ‘Album’, Leucojum automnale ou pourpre (Lilium speciosum ‘Black Beauty’ délaissé des criocères). Le mouvement et les verticalités supplémentaires viendront des fougères et des graminées.

Un entretien a minima

A moyen terme, la taille en transparence des arbres et arbustes sera un atout de légèreté dans votre massif. La densification des tapis de bruyères sera obtenue par une taille annuelle des fleurs aussitôt fanées. Le choix de plantes couvre-sol tels que Epimedium et Pachysandra limitera l’entretien des sols sous et autour des arbustes. Les camélias, les cornouillers et les grands rhododendrons ayant trouvé leur place très à l’arrière-plan du massif, ils ne nuiront pas à son aspect lors de la chute de leurs fleurs. Sous ces arbres, l’apport de compost sera réalisé en fin d’hiver.

 

De gauche à droite : Fothergilla major, Matteucia struthiopteris, Daboecia cantabrica, Lilium speciosum ‘Black Beauty’ - © D.R.
De gauche à droite : Fothergilla major, Matteucia struthiopteris, Daboecia cantabrica, Lilium speciosum ‘Black Beauty’ – © D.R.

 

A lire…

– Roger PHILIPS, Martyn RIX, Arbustes, La MAISON RUSTIQUE, 1992, pp. 150-151.

– D. SMALL, E.M.T. WULFF, Gardening with Hardy Heathers, TIMBER PRESS, 2008, 296 p.

A. STERVINOU, Jean-Pascal CHATELARD Plantes de terre de bruyère Comment les choisir et les cultiver facilement, ULMER, 2005, 96 p.

– Didier WILLERY Arbustes, Ulmerium Plantes de jardin, ULMER, 2012, pp.49 et 102-105

www.jardinsdefrance.org/versailles-et-les-rhododendrons

 

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