Parasites ou pas ? 3 questions pour comprendre

Gilles Carcassès

Le parasitisme des plantes est un sujet touffu. À partir de quelques affirmations communes, dont nous examinerons la véracité, tentons de le démêler quelque peu.

« Toutes les plantes sans chlorophylle sont des plantes parasites »

Faux

Certaines plantes dépourvues de chlorophylle vivent d’une étroite association avec un champignon du sol. Le cas le plus connu est la néottie nid d’oiseaux, une orchidée ainsi nommée en raison de l’aspect de ses racines renflées et tortueuses. Il est vrai que le champignon qui lui fournit ses nutriments est lui-même, par ailleurs, en relation symbiotique avec un ou plusieurs arbres… Ces plantes étaient autrefois nommées saprophytes. On les désigne aujourd’hui sous le vocable de plantes mycohétérotropes. Certaines orchidées totalement blanches, atteintes d’une anomalie qui les prive de chlorophylle, peuvent aussi survivre grâce à leur symbiote souterrain. On observe parfois de telles curiosités de la nature chez les Epipactis.

Lierre sur un tronc de peuplier. Il n’est parasite que très exceptionnellement, quand il entraîne la rupture de son support. © G. Carcassès
Polypodium sur le tronc d’un chêne, épiphyte.  © G. Carcassès

« Les plantes qui se fixent aux branches sont des parasites »

Faux

Les racines crampons du lierre n’ont aucune fonction nutritive. Et le lierre ne fait que profiter d’un support pour s’élever.

Pour autant, il peut causer des dommages à sa plante support lorsqu’une bourrasque emporte le tout si la prise au vent est trop importante et que l’ancrage au sol est défectueux. Mais d’une manière générale le lierre ne nuit pas aux arbres et ne les « étrangle » en aucune façon. D’autres plantes grimpantes sont capables, en revanche, de provoquer des déformations par l’action de l’enroulement de leurs vrilles ou de leurs tiges. C’est le cas bien connu du chèvrefeuille, qui sculpte pour les chercheurs de champignons de jolis bâtons torsadés dans les noisetiers. Un pied de vigne de mon jardin a même réussi à mettre à fleurs une glycine récalcitrante par le serrage d’une jeune branche avec une de ses vrilles, provoquant un bourrelet impressionnant ! Ces plantes n’en sont pas pour autant des parasites car leur action n’est que mécanique.

On voit parfois des fougères, notamment des polypodes, pousser directement sur le tronc penché ou sur les charpentières des arbres en forêt. Ces plantes épiphytes, capables aussi de croître au sommet des vieux murs et sur les rochers, se contentent de très peu d’humus. Elles ne sont nullement parasites.

1- Branches de lierre escaladant un tronc  © G. Carcassès
2- Odontites luteus  © G. Carcassès
3- Chèvrefeuille enserrant un jeune charme : le chèvrefeuille n’est pas parasite malgré la déformation du tronc porteur  © G. Carcassès
4- Euphrasia sp., hémiparasite  © G. Carcassès
5- Melampyrum nemorosum, hémiparasite  © G. Carcassès

« Les plantes parasites n’ont pas de chlorophylle »

VRAI et FAUX

Soyons précis en nous aidant du vocabulaire botanique : les plantes parasites dépourvues de chlorophylle sont dites holoparasites. Mais d’autres sont vertes, ce sont les hémiparasites. Le gui, qui pousse sur les branches des arbres, en est l’exemple le plus connu. D’autres plantes hémiparasites s’en prennent aux racines de leurs hôtes. De la même famille que les orobanches et les lathrées, qui sont des parasites obligatoires (holoparasites), les rhinanthes, les mélampyres, les euphraises, les odontites, les pédiculaires sont, elles, des hémiparasites. Les jardiniers avisés savent introduire ces espèces dans leurs prairies et profiter de leurs belles floraisons comme de l’effet dépressif qu’elles ont vis-à-vis des graminées et des légumineuses, ce qui a pour effet de favoriser la diversité des autres plantes de la prairie.

6- Rhinanthus minor.  © G. Carcassès
7- Neotia nidus-avis, mycohétérotrophe  © G. Carcassès
8- Neotia nidus-avis, mycohétérotrophe  © G. Carcassès