Palmiers et plantes cousines : Petite forêt exotique en jardineries

Près d’un foyer sur deux (44 % en 2021) fréquente les jardineries, et un sur trois (33 %) y achète des plantes d’extérieur (selon l’étude Kantar pour FranceAgriMer et Valhor). Il nous a paru intéressant de savoir comment ces points de vente spécialisés géraient leur rayon « Palmiers » et quels étaient les conseils prodigués aux clients. Une question posée à Romain Reynaud, responsable pépinière du Truffaut de Mauguio, dans l’Hérault.

Les palmiers constituent une grande famille végétale dans les jardineries, répartie entre les plantes pour la maison et celles pour le jardin. Ils sont appréciés pour leur développement important et la légèreté de leur feuillage. Ce sont en grande majorité des végétaux de climats chauds et tempérés, et peu d’entre eux sont adaptés au climat continental. Ce seront donc de belles plantes d’intérieur ou des plantes à cultiver en extérieur en pot pour pouvoir les rentrer à l’abri pendant l’hiver, dès que la température persiste à être négative. Dans le sud de la France, en revanche, où le soleil est bondant toute l’année, il n’y a aucune restriction dans le choix des variétés à mettre au jardin.

Un décor intérieur imposant

Les palmiers d’intérieur – comme les kentias (Howea forsteriana), palmiers nains (Chamaedorea elegans), arécas (Chrysalidocarpus lutescens), ou encore les Livingstonia – forment de jolis petits arbres, qui vivent longtemps en pot et créent un décor apprécié dans la maison. Les amateurs choisissent aussi, avec les mêmes projets,  les plantes de deux autres familles qui ont un aspect très similaire, des Cycadacées et des Zamiacées. Elles sont présentées avec les palmiers en magasin au rayon des plantes d’intérieur, ayant des caractéristiques identiques et procurant le même effet visuel. Yucca, cordyline, cycas… ne sont effectivement pas des palmiers mais ces plantes leur ressemblent et vont assurer un décor équivalent, avec moins de risque de parasitage, si ce n’est la présence éventuelle de cochenilles ou de pucerons. Le yucca cultivé en intérieur, par exemple, deviendra une très grande plante au feuillage plus souple et moins piquant qu’en extérieur.

Palmiers truffaut
Les palmiers sont appréciés dans toute la France comme plantes d'intérieur, proposés ici au nouveau Truffaut parisien près de la gare Montparnasse © M.-H.Rocher-Loaëc
Palmier truffaut
Palmiers proposés au nouveau Truffaut parisien près de la gare Montparnasse © M.-H.Rocher-Loaëc
Phenix truffaut
Phoenix roebelenii (en jardinerie) © J. Grésille

Au jardin, attention aux parasites

Pour l’extérieur, un large choix de palmiers est proposé aux jardiniers amateurs, à cultiver en pleine terre ou en pot pour pouvoir être hivernés.

La seule réserve concerne les attaques possibles de deux parasites, malencontreusement importés d’Asie, qui sont devenues courants sur les palmiers dans le sud de la France : les charançons rouges d’une part (Rhynchophorus ferrugineus), qui envahissent le système racinaire puis remontent et entraînent l’effondrement de la plante, les papillons d’autre part (Paysandisia archon), qui pondent au cœur de la plante, qui va être dévorée par les larves.

Les charançons, dont on reconnaît la présence à l’odeur désagréable dégagée, sont classés comme danger sanitaire de catégorie 1 au niveau national et la stratégie de lutte est obligatoire.

 

Une plante attaquée va devoir être dessouchée et brûlée, en faisant appel à une entreprise spécialisée. Les Phoenix sont particulièrement sensibles aux charançons. Lorsque la couronne s’effondre, il est trop tard pour intervenir. Malgré cette réserve, ils continuent à être très prisés des clients, qui apprécient leur effet visuel. Mais aucun palmier n’est parfaitement résistant. Il est donc indispensable, au moment de la vente, de mettre les acheteurs en garde et de leur conseiller un traitement préventif, soit avec des nématodes auxiliaires au printemps, soit avec le produit en spray Muraille en début d’été. Mise au point par l’Inrae de Montpellier, c’est une préparation semi-fluide à pulvériser qui, grâce à sa consistance et à son côté collant, va créer un écran physique souple de protection, sans pesticide. Ces produits peuvent être utilisés également en curatif: l’insecte va être étouffé et la plante pourra se régénérer. La base des palmiers doit être régulièrement surveillée et rincée.

Un assortiment de formes, de couleurs et de tailles

Dans la partie extérieure de la jardinerie, les palmiers sont présentés par espèces, avec la mise en valeur de deux ou trois gros sujets en tête de gondole. L’assortiment propose beaucoup de Washingtonia robusta, moins sensibles au charançon, et de nombreuses variétés de Chamaerops humilis ou palmiers nains (ils ne dépassent pas les trois mètres), qui diffèrent par la forme et la couleur de leurs feuilles : ‘Vulcano’ au feuillage gris-vert dénué d’épines, ‘Etna Star’ aux feuilles argentées à reflets bleutés, var. argentea (var. cerifera) au coloris bleu argenté intense, ou encore ‘Compacta’, plus nain et plus compact. Très rustiques, certains jusqu’à -18 °C, ils peuvent être plantés en altitude ou dans le centre de la France. Ils sont aussi très faciles à cultiver en pot. Moins sensibles au papillon du palmier, ils le sont malheureusement au charançon rouge. Parmi les autres genres proposés, on trouve Butia capitata, un cocotier rustique aux longues palmes arquées, qui aura un bel effet au centre du jardin, Brahea armata, le palmier bleu du Mexique, et Sabal minor, ou latanier, un petit palmier buissonnant, tous deux très résistants au froid, ou encore Syragrus romanzoffianum (Arecastrum romanzoffianum), appelé aussi cocotier plumeux ou palmier de la reine, un palmier élancé à la croissance rapide, qui sera idéal en fond de jardin, le long d’une clôture. Le palmier bambou Rhapis excelsa peut être installé à l’ombre, orienté au nord ou à l’est, mais il doit être mis à
hiverner au-dessous de 0 °C.

Les Cycas, ici en promotion au Truffaut de Mauguio (Hérault), assurent un décor similaire aux palmiers, avec moins de risques de parasitage © R. Reynaud

Une plante peu exigeante

Les jardiniers achètent généralement pour leur terrain entre deux et cinq palmiers, assortis selon la place dont ils disposent et le lieu auquel ils sont destinés. Tous peuvent bien sûr être réservés sur commande. Mais en raison de leur sensibilité, les palmiers ne bénéficient plus de la garantie proposée généralement pour les produits de pépinière. Ils doivent être installés dans un sol drainant léger, en excluant tout sol argileux, qui ralentirait leur croissance et entraînerait un risque de pourriture ou de noircissement du feuillage. Ils aiment boire une ou deux fois par semaine, du printemps à l’automne. Tout arrosage doit être arrêté en hiver, surtout en période de gel. Leur système racinaire pivotant peut descendre à une profondeur équivalente à la hauteur de la plante. Ce pivot très ancré dans le sol leur permet de résister à de grosses tempêtes. Ils peuvent aussi en conséquence être plantés près d’un mur. Les palmiers proposés à la vente, provenant de pépinières européennes, sont surveillés de près à leur réception pour vérifier qu’ils ne sont pas infectés. Ils peuvent se planter toute l’année hors période de gel, au mieux entre septembre et novembre, puis à partir de fin février. Les ventes sont plus importantes d’avril à septembre, avec un pic fin du printemps-début de l’été.

 

Marie-Hélène Rocher-Loaëc
Journaliste horticole, membre du Comité de rédaction de Jardins de France