Mosaïculture à Gatineau, un art horticole en trois dimensions

Jean-François Coffin

Quand le visiteur pénètre dans le parc Jacques-Cartier où se déroule Mosaïcanada 150, il est saisi par le talent et l’audace des artistes qui ont confectionné les oeuvres présentées. Si nous avons l’habitude de connaître la mosaïculture dans des massifs et parterres  » à plat  » , elle se présente ici en trois dimensions, avec de véritables sculptures végétales.

Mosaïcanada 150 est un évènement international dont la thématique s’articulait cette année autour du 150e anniversaire de la Confédération canadienne. « Dix provinces, trois territoires du Canada ainsi que les premières nations du Québec et du Labrador se sont unies pour présenter des oeuvres magistrales réparties en cinq secteurs historiques », précisent les organisateurs de l’exposition, qui avaient également invité les villes de Shanghai et de Beijing (Pékin, Chine), maîtres de cet art.

L’exposition se déroulait à Gatineau (Québec), près d’Ottawa (Ontario), capitale fédérale du Canada.

La Terre Mère, la légende d’Aataentsic. Cette sculpture monumentale était le symbole de Mosaïcanada 150. © J.-F. Coffin
« Le pêcheur de homards. » © J.-F. Coffin
Un exemple de l’utilisation du Carex : la toison du « boeuf musqué », qui vit dans l’extrême Nord © J.-F. Coffin

De tradition européenne

« L’origine de la mosaïculture viendrait des parterres de broderies des XVIe et XVIIe siècles, rappelle Mosaïcanada. Dezallier d’Argenville, l’un des meilleurs émules de Le Nôtre, cite, dans sa Théorie et pratique du jardinage, dont la première édition date de 1709, de bons exemples de parterres en broderies et à compartiments. »

Le terme de mosaïculture aurait été utilisé pour la première fois au parc de la Tête d’or, à Lyon, par un jardinier nommé J. Chrétien pour désigner la nouvelle forme de décoration florale issue de l’intégration de la tapisserie et de la corbeille florale anglaises.

La mosaïculture a connu son apogée à l’époque du Second Empire, puis a décliné au XXsiècle. Mais de nombreux jardins de ville ont conservé cette tradition qui, pour certains, semble aujourd’hui désuète.

Joe Montferrand (1802-1864) un homme fort et un héros de la classe ouvrière de Gatineau© J.-F. Coffin
« Anne… la maison aux pignons verts » est un roman écrit en 1908 par l’auteure canadienne Lucy Maud Montgomery © J.-F. Coffin

Un renouveau

Mosaïcanada 150 remet à l’honneur l’art de la mosaïculture. Dans l’immense parc Jacques Cartier, plus de trente oeuvres étaient présentées.

Découvrons en images ce monde fascinant que plus de 1,3 million de visiteurs du monde entier sont venus admirer.

Une vue d’ensemble de Mosaïcanada 150 : au premier plan, « Le Pêcheur de homards sur sa barque », au second plan « L’Inukshuk » et, au fond, les voiles des « Trois Navires venus de France ». © J.-F. Coffin
« La Fierté d’un peuple », version mosaïque du dollar d’argent canadien. © J.-F. Coffin
« Bénédiction des dragons de bon augure » (Beijing).
« Joyeuse Célébration des neuf lions » (Shanghai). © J.-F. Coffin

LA MOSAÏCULTURE, UNE TECHNIQUE SOPHISTIQUÉE

Un exemple de structure : celle d’un canard. © J.-F. Coffin

La mosaïculture est une technique horticole très spectaculaire qui réunit diverses formes d’art : la structure fait appel à la sculpture, la palette de couleurs à la peinture, le moyen d’expression vivant et changeant que constituent les plantes à l’horticulture.

Chaque oeuvre est constituée d’une lourde armature métallique sur laquelle est agencée une autre structure quadrillée plus légère. Une toile géotextile, disposée sur cette structure, est destinée à maintenir le terreau dont la structure sera remplie. Les végétaux sont ensuite placés à l’aide d’un plantoir. L’ensemble est irrigué par un système de goutte-à-goutte.