Maladies au jardin : changement climatique, danger !

Dominique Blancard

Les maladies des plantes constituent toujours une grave menace au jardin, qu’elles soient dues à des champignons, des bactéries ou des virus pathogènes. Elles occasionnent des dégâts parfois conséquents et obligent le jardinier à utiliser des pesticides qui ne sont pas sans risques pour lui et l’environnement.  Dans ce contexte, le changement climatique aura une grande influence.

 

Le virus des feuilles jaunes en cuillère (TYLCV), transmis par l’aleurode Bemisia tabaci, sera certainement favorisé par le réchauffement climatique - © INRA

Le virus des feuilles jaunes en cuillère (TYLCV), transmis par l'aleurode Bemisia tabaci, sera certainement favorisé par le réchauffement climatique - © INRA

 

Une maladie résulte d’interactions complexes entre trois composantes principales : une plante sensible, un agent pathogène et un environnement favorable dans lequel le climat a toujours fortement influencé le développement des maladies. Le changement climatique observé depuis plusieurs années se traduit notamment par une élévation de la température et des taux de gaz carbonique et d’ozone, une modification de la distribution et de la quantité des précipitations…  Ces évolutions modifient déjà le comportement des pathogènes, mais aussi celui des plantes.
La biologie de ces dernières est modifiée (floraison avancée, feuillaison plus importante, retard de la chute des feuilles…), ainsi que la composition de leurs tissus notamment en sucre, amidon, azote et composés phénoliques. Iidem pour la composition des cires et du nombre de stomates…

 

Pathogènes plus redoutables, symptômes plus sévères

Ces transformations influencent déjà la sensibilité des plantes aux maladies, les rendant parfois plus sensibles ou au contraire plus tolérantes en fonction des pathogènes en cause. Le comportement de ces derniers sera aussi fortement influencé par le changement climatique. Ils devraient pouvoir se conserver plus facilement durant l’hiver, se développer plus précocement au printemps, réaliser plus de cycles biologiques au cours de la période végétative des plantes, et donc provoquer des dégâts plus importants. Cela pourrait être le cas de Phytophthora infestans, microorganisme maintenant classé parmi les algues et  responsable du mildiou de la pomme de terre.

On devrait aussi observer une augmentation de la sévérité des symptômes. En ce qui concerne les virus, dont la majorité sont transmis et disséminés grâce à des insectes vecteurs, l’influence du climat sur ces derniers devrait affecter leur développement  et leur distribution dans le monde, et en France, et indirectement celle des viroses et de leur incidence sur les plantes au jardin. Ainsi, plusieurs jaunisses virales transmissibles par l’aleurode du tabac, Bemisia tabaci, sont actuellement largement disséminées dans le monde via cet insecte plutôt inféodé à l’origine à des régions chaudes.

 

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