Les oiseaux et les couloirs de biodiversité

Philippe Clergeau

En ville les oiseaux sont sensibles à la qualité de l’habitat, au volume des espaces verts et à la présence de connections écologiques. C’est ce qu’explique Philippe Clergeau à Jardins de France.
 

En ville, les promenades plantées peuvent devenir, selon leur largeur et leur gestion, des habitats pour plusieurs espèces d’oiseaux et permettre de reconnecter différents quartiers - © P. Clergeau

En ville, les promenades plantées peuvent devenir, selon leur largeur et leur gestion, des habitats pour plusieurs espèces d’oiseaux et permettre de reconnecter différents quartiers - © P. Clergeau

 

Les oiseaux du jardin sont de plus en plus nombreux. Même en centre-ville, les squares et petits jardins privés accueillent quelques espèces de passereaux souvent liées aux buissons. Par exemple l’Accenteur mouchet ou le rouge-gorge. Aujourd’hui plus qu’hier car la gestion des jardins a globalement changé surtout avec la limitation d’usage des pesticides. C’est une vraie révolution qui a permis l’installation progressive de plantes spontanées et d’insectes qui sont la base alimentaire de beaucoup de passereaux.

 

Sensibles à la qualité d’espace vert et au bâti

Nos recherches ont montré qu’en ville les oiseaux sont surtout sensibles à la qualité de l’habitat plus qu’à la présence de connections écologiques dont ils peuvent s’affranchir en général. Nous avons testé cela dans de nombreuses villes de différentes tailles, en France et à l’étranger. Même au cœur de mégapole comme Paris, les oiseaux sont surtout sensibles à la présence d’une qualité d’espace vert et aux structures du bâti. C’est loin d’être le cas pour toute une faune peu mobile (mammifères terrestres et insectes aptères tout particulièrement) qui rentre peu dans la ville si des corridors ne permettent pas leur dispersion. Ces résultats ont étayé des discussions post Grenelle de l’Environnement, sur le choix des indicateurs pour définir les trames vertes et bleues. Avec quelques collègues nous avions souligné l’importance de l’organisation du paysage (donc une lecture plutôt éco-géographique) plutôt que de se focaliser sur quelques espèces protégées. Le comble avait été de voir retenu des rapaces comme espèces références en Alsace pour définir des trames vertes qui, du coup, s’affranchissaient complètement des coupures liées aux infrastructures de transport !

 

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