Les jardins familiaux

Daniel Cérézuelle

Un outil de prévention de la malnutrition

 

La lutte contre la « diabésité » est devenue une priorité nationale. Or des études récentes[1] confirment que les jardins familiaux constituent un bon outil de prévention de la malnutrition chez des ménages en difficulté sociale.

Cultiver ses légumes influe sur la nutrition Ici, les jardins de Crosne © FNJFC

Cultiver ses légumes influe sur la nutrition Ici, les jardins de Crosne © FNJFC

 

Nombreuses sont les personnes qui indiquent qu’elles consomment plus de légumes depuis l’obtention d’une parcelle à cultiver. Elles disent également manger davantage de légumes l’été grâce à leur production et qu’elles ne pourraient pas manger des légumes d'aussi bonne qualité  si elles ne les cultivaient pas, en raison de leur prix élevé dans le commerce.

L’accès à un jardin est aussi l’occasion de construire une culture de l’alimentation : faire par soi-même un certain nombre d’autres produits alimentaires : pain, yaourts, pizza ; préparer ses repas de midi à base de légumes du jardin (pour les personnes mangeant sur leur lieu de travail) etc. À travers l’expérience partagée du jardinage, le goût pour les légumes se transmet de manière plus aisée. Les enfants prennent plaisir à voir pousser les légumes, puis à les cuisiner et les déguster. La dimension du faire ensemble dans le jardin permet d’introduire une médiation positive entre parents et enfants qui incite ces derniers à consommer des légumes de manière plus régulière.
 

Une inégalité redoublée

Ce sont les ménages qui sont en difficulté sociale qui sont les plus exposés à la malnutrition, et pour qui l’accès à une parcelle cultivable pourrait apporter les plus grands bénéfices. Mais ils sont aussi ceux pour qui l’accès à une parcelle est le plus difficile, de sorte qu’ils sont très peu présents sur les jardins familiaux – là où il y en a. A cela il y a plusieurs raisons. La première est la pénurie des équipements et leur majorité ont été créés il y a longtemps. Leur répartition ne correspond pas à l’évolution spatiale des besoins. Sur de très nombreux territoires connaissant une forte concentration de ménages en difficulté sociale on constate une absence quasi-totale de jardins familiaux. Lorsqu’il y a création d’un groupe de jardins, les modalités d’aménagement du groupe, d’attribution des parcelles et d’animation font que les plus démunis y trouvent très difficilement leur place.

 

Un guide d’animation

Enfin, les modes d’animation mis en œuvre par la plupart des associations de jardinage populaire sont beaucoup plus centrés sur la production que sur la préparation et la consommation des aliments produits. Ces modes d’animation ont été élaborés pour encadrer des publics aux revenus modestes, certes, mais socialement bien intégrés et disposant de savoir-faire éprouvés, de sorte qu’on peut tout naturellement laisser de côté la question de l’usage domestique de la production et des pratiques alimentaires. Par contre, lorsqu’il s’agit d’accueillir sur les jardins des publics précaires et dépourvus de repères dans le domaine alimentaire, tout – ou presque – est à revoir. En partenariat avec des bailleurs sociaux de la région PACA, le PADES vient de rédiger un guide méthodologique sur l’animation des Jardins Familiaux de Développement Social.

 

http://www.padesautoproduction.net/



[1] Johanne Fournier ; Magalie Morlaas – Courties ; Stéphanie Genet ; Florence Ruault ; Vanessa Anuth ; Ugo Guillet : Les jardins familiaux de développement social.  IFAID Aquitaine. Bordeaux 2009. 145p. Cette enquête a été réalisée sous la direction scientifique du PADES.

Katherine Alaimo, Elizabeth Packnett, Richard Miles, Daniel J. Kruger : “Fruits and vegetable intake among urban community gardeners”. Journal of Nutrition Education and Behavior, Volume 40, Issue 2 , Pages 94-101, March 2008