Les jardins de Colette

La romancière Colette a habité plusieurs régions de France auxquelles les Jardins de Colette, situés en Corrèze, rendent hommage au travers de références multiples à la vie et à l’œuvre de celle qui reste célèbre, notamment, pour la saga des Claudine.

Grâce au succès de Claudine à l’école, qui paraît en 1900, Colette et Willy achètent le domaine des Monts-Boucons, près de Besançon, qui inspire ici l’un des Jardins de Colette, conçus par l’architecte-paysagiste Anouk Debarre © Les Jardins de Colette

Situés à dix minutes de Brive-la-Gaillarde (Corrèze), les Jardins de Colette sont une invitation à plonger dans l’univers de la grande romancière du XXe siècle. Ouverts au public en mai 2008, ces jardins contemporains sont situés à Varetz, où elle vécut une dizaine d’années avec son second mari, Henry de Jouvenel. L’architecte paysagiste Anouk Debarre invite les visiteurs à flâner dans six jardins thématiques représentant les régions de France qui ont marqué la vie et l’œuvre de Colette. Sa présence est renforcée grâce à des extraits de ses textes, lisibles sur des tables de lecture et à ses photos qui jalonnent le parcours.

Les aménagements créés ces dernières années s’inspirent de son personnage emblématique, l’écolière Claudine, pour inviter les visiteurs à retomber en enfance. Aujourd’hui, plus d’une quinzaine de jeux en taille XXL se trouvent au fil du parcours : dominos, mikado, morpion…

Un labyrinthe géant de 5 000 m² offre aux aventuriers un dédale de verdure. Réalisé entièrement en osier tressé, il a la forme d’un papillon car Colette les adorait et les collectionnait. Deux mascottes, le chien Poucette et le chat Poum, aident les plus jeunes à découvrir les codes des cinq portes, véritables sésames pour espérer sortir du labyrinthe.

Dans les Jardins de Franche-Comté, la nature attire un nombre important d’auxiliaires qui trouvent refuge dans les abris © Malika Turin

Zoom sur les six jardins

La Bourgogne (1873-1891)
Dans son village natal de Saint-Sauveur-en-Puisaye, Colette est sensibilisée très tôt à observer et à respecter la nature qui l’entoure. Fidèle à sa description, le jardin de Bourgogne est composé de deux jardins, l’un fleuri avec de la glycine, des roses, etc., et l’autre est un véritable potager mêlant fruits, légumes et fleurs.

 

La Franche-Comté (1900-1905)
Colette découvre la Franche-Comté avec son premier mari, Henri Gauthier-Villars dit Willy. Il la pousse à écrire et, grâce au succès de son premier roman, Claudine à l’école, qui paraît en 1900, ils achètent le domaine des Monts-Boucons, près de Besançon. Dans ce jardin, deux forêts sont représentées, une de feuillus (peupliers, hêtres, merisiers…) et l’autre de conifères (sapins, épicéas, cyprès chauves…). Colette appréciait la nature libre et sauvage qui permet d’attirer un nombre important d’auxiliaires utiles aux jardins. Ils trouvent ici refuge dans les abris installés.

 

La fontaine du Jardin de Provence s’inspire de celle de Majorelle, au Maroc, où Colette a séjourné © Les Jardins de Colette

La Bretagne (1910-1927)
Séparée de Willy, Colette entame une carrière au music-hall et rencontre la Marquise de Morny, dite Missy. Ensemble, elles achètent le Manoir de Rozven, près de Saint-Malo. Dans ce jardin, l’ambiance du bord de mer est recréée grâce aux cabines de plage, à la végétation de bruyères et de graminées et aux rochers en granit qui rappellent les falaises bretonnes. Les chardons sont quant à eux, un clin d’œil à l’œuvre de Colette Le Blé en herbe.

 

La Corrèze (1911-1923)
En 1910, Colette devient journaliste pour Le Matin. Elle y rencontre Henry de Jouvenel, qui lui fait découvrir la Corrèze, car sa famille possède le château de Castel-Novel, à Varetz. Ils se marient en 1912 et auront une fille, prénommée Colette et surnommée Bel-Gazou.

Ce jardin verdoyant avec ses chênes centenaires est à l’image de la campagne corrézienne, dont l’artisanat du début du XXe siècle est rappelé par des gloriettes en osier vivant. Le poulailler, occupé par des poules limousines, offre un clin d’œil à Bel-Gazou, qui adorait s’en occuper.

 

La Provence (1926-1938)
En 1926, Colette s’installe à Saint-Tropez avec son troisième mari, Maurice Goudeket, dans une maison qu’elle rebaptise « la Treille Muscate ». Le jardin provençal est divisé en plusieurs parties : un jardin libre (tamaris, vigne et bambous), un second plus ordonné avec les essences provençales (cyprès, oliviers, lavandes…) qui offrent une palette de couleurs dont Colette s’est émerveillée à son arrivée en Provence. Dans ce jardin, la fontaine s’inspire de celle de Majorelle, au Maroc, où Colette a séjourné. Une roseraie, constituée d’une cinquantaine de variétés, évoque son amour pour cette fleur, dont une porte son nom. Enfin, la « Chambre à dormir dehors » rappelle sa terrasse de la Treille Muscate, où elle dormait à la belle étoile.

 

Le Palais-Royal (1938-1954)
En 1938, Colette s’installe définitivement à Paris, dans un appartement qui lui offre une vue sur les jardins du Palais Royal. Les allées de tilleuls, les massifs multicolores avec des roses, du coreopsis jaune ou encore du delphinium blanc, évoquent ces jardins que l’auteure a tant admirés de sa fenêtre.

Céline Crozier
Guide-conférencière, les Jardins de Colette

COLETTE EN QUELQUES MOTS

Sidonie-Gabrielle Colette est née le 28 janvier 1873 à Saint-Sauveur-en-Puisaye, en Bourgogne. C’est son premier mari qui la pousse vers l’écriture, mais elle a eu de multiples métiers : écrivain, danseuse de music-hall, journaliste, conférencière… À chaque rencontre, elle découvre de nouvelles régions qui constituent autant de vrais coups de cœur. Après avoir écrit une soixantaine de romans, elle décède le 3 août 1954 à Paris, à l’âge de 81 ans, et reçoit des funérailles nationales.