Les filets anti-insectes : une protection technique et essentielle pour vos légumes

On les voit fleurir aux beaux jours, lorsqu’ils couvrent les cultures.
Les filets anti-insectes constituent une protection de choix pour les légumes notamment.
Techniques de pose, éléments à prendre en compte. Jardins de France vous dit tout.

Les filets sur arceau (au milieu) ou posés à plat protègent une culture de poireau © CTIFL Carquefou, Sileban, Serail

Les filets anti-insectes protègent vos légumes contre de nombreux ravageurs aériens : altises, pucerons, aleurodes, cécidomyies, teignes, noctuelles, piérides, thrips et pucerons. Ils arrêtent aussi les mouches : celles du genre Delia qui peuvent s’attaquer aux choux, navets, rutabagas, radis, oignons, la mouche de la carotte Psila rosae fréquente dans les cultures de carotte, céleri, persil, aneth, etc. et les mouches mineuses de plusieurs légumes. Ils sont utilisés à plat, en vertical ou sur arceau. Maniés avec soin, ils peuvent être récupérés et servir successivement à deux ou trois cultures.

Un voile léger

Les filets anti-insectes se présentent généralement sous la forme de voiles textiles, dont le grammage oscille entre 17 et 170 g/m2, et la largeur entre 1 et 16 mètres. La maille varie en fonction de la culture à protéger et du ravageur ciblé. Les filets de petites mailles (inférieures à 350 μm x 350 μm) permettent de protéger les cultures contre les petits ravageurs tels que les thrips. Pour les ravageurs de taille moyenne comme les pucerons ou les mouches blanches, les mailles varient entre 600 μm x 500 μm et 920 μm x 920 μm. Les mailles plus larges (2,7 mm x 7 mm) permettent de protéger les cultures contre les insectes de grande taille, tels les mouches et les papillons. Les voiles non tissés demeurent également des techniques de protection physique efficaces. Voiles et filets peuvent se poser à plat sur la culture contre les mouches mineuses du poireau par exemple, sur arceaux contre la mouche des semis du radis ou bien peuvent être disposés verticalement sur le pourtour des cultures, comme contre la mouche du chou.

Une culture de navet sous un filet posé à plat © CTIFL Carquefou, Sileban, Serail

Filets à plat

La pose des filets anti-insectes directement sur le feuillage des plantes permet de couvrir et de découvrir facilement plusieurs planches de culture. L’efficacité, reconnue contre les mouches et altises, nécessite d’enfouir correctement le bord des filets dans le sol afin de garantir ainsi une étanchéité par- faite. À défaut, les filets peuvent être arrimés au sol à l’aide de sacs remplis de sable, de gravier ou de compost. On orientera son choix vers un matériau léger comme un voile tissé ou un filet de 35 g/m2 ou moins et peu abrasif afin d’éviter d’abîmer le feuillage.

La pose des filets sur la culture est effectuée en général au moment du semis ou de la plantation. À l’installation, il est impératif de s’assurer qu’aucun ravageur de la culture n’est présent dans la zone à protéger (premières couches et surface du sol, plantules d’adventices, plantes cultivées elles-mêmes) : enfermer des œufs, des larves, des pupes ou des adultes de ravageurs sous les filets aurait l’effet inverse de celui escompté !

En cours de culture, les filets ne doivent être ouverts qu’en cas de nécessité (lors d’une opération de désherbage par exemple) et ce, hors des périodes d’activité des ravageurs. Il faut éviter tout endommagement des filets, les déchirures étant des portes d’entrée pour les bioagresseurs. Certains ravageurs peuvent, à travers les mailles, pondre sur le feuillage des plantes (c’est le cas des piérides) ou grignoter légèrement ce feuillage (comme le font les altises). Il est également possible que les mouches ou la teigne des crucifères pondent directement sur les filets, et que les larves sortant des œufs juste après l’éclosion se faufilent entre les mailles et se laissent tomber au sol. La plupart du temps, cela reste sans effet sur la qualité sanitaire et le rendement.

Filets sur arceaux

La pose sur arceaux présente l’avantage de ne pas toucher les plantes et par conséquent de ne pas les abîmer. Il est alors possible de choisir des filets relativement lourds, plus solides que ceux utilisés à plat sur la culture. Le volume d’air sous les arceaux est également plus important, ce qui limite le risque de développement de maladies fongiques. L’installation est en revanche plus compliquée car il s’agit d’une pose planche à planche. L’efficacité reconnue reste la même que pour la pose à plat.

Pensez à la modification du microclimat

La pose d’un filet anti-insectes entraîne souvent une augmentation de la température et de l’hygrométrie autour des plantes cultivées. L’hygrométrie de l’air sous les filets peut être jusqu’à 15 % supérieure à celle de l’air extérieur. La température sous filet est supérieure d’un à deux degrés à la température extérieure et jusqu’à 5 °C en période chaude et en sols sableux, cela d’autant plus que la maille est fine. Cette modification du microclimat au niveau des plantes peut favoriser le développement de maladies fongiques telles que le mildiou en cultures de radis et de navet, les alternarioses chez la carotte ou l’apparition du sclerotinia.

Le volume d’air sous les filets posés sur arceaux est plus important que sous les filets posés à plat sur la culture, ce qui limite théoriquement l’élévation de la température et de l’hygrométrie autour des plantes cultivées et, par conséquent, le développement des maladies fongiques (cela est surtout vrai en début de cycle, lorsque les plantes demeurent petites). D’un point de vue agronomique, l’élévation de la température sous filet peut accélérer la minéralisation de l’azote organique du sol, qui se traduit souvent par une augmentation de la vigueur des plantes et par des récoltes plus précoces. En revanche, pour les légumes-racines, les températures élevées peuvent réduire la tubérisation des racines au profit du développement végétatif des cultures (carotte, céleri, navet, radis…). Par ailleurs, l’augmentation de la température sous filet peut déclencher des phénomènes de montaison prématurée, pour le chou-fleur par exemple. En limitant le rayonnement, la présence d’un filet sur la culture peut aussi provoquer l’étiolement du feuillage ainsi que la réduction de la taille et du calibre des racines. Pour le navet à collet violet, l’utilisation de bâches peut entraîner un déficit de coloration.

En revanche, on observe des effets favorables en culture de carottes. La présence d’un filet semble réduire le nombre de carottes fendues et améliorer la conservation des carottes au champ à l’automne.

Filets verticaux

Pour protéger les cultures de choux, navets, radis, contre les mouches, et surtout la mouche du chou Delia radicum, les filets anti insectes peuvent être disposés verticalement sur le pourtour de la culture, évitant les inconvénients de la pose à plat. Le principe de la technique se base sur le comportement de la mouche qui vole à ras du sol lorsqu’elle recherche des plantes- hôtes. Le bord inférieur des filets doit donc être très soigneusement enterré. Au moment de pénétrer dans la culture, les mouches rencontrent les filets sur lesquels elles se posent puis elles se déplacent vers le soleil pour contourner l’obstacle par le haut et poursuivre leur vol. Un rebord en visière au faîte du dispositif et tourné vers l’extérieur améliore nettement l’efficacité de la technique. La hauteur doit se situer entre 90 cm (au minimum) et 150 cm (dans l’idéal). Le rebord en visière doit avoir une largeur comprise entre 20 et 45 cm.

Un filet vertical autour d’une culture de navet : bord inférieur enterré et rebord en visière au faîte du dispositif en garantissent le succès © CTIFL Carquefou, Sileban, Serail

Sandra-Prisca Pierre et Sébastien Picault
CTIFL