Les 150 ans de la Société tourangelle d’horticulture : Un anniversaire au cœur des serres

Plus de cent vingt personnes, horticulteurs, élus locaux et adhérents, se sont rendues, le 5 avril 2019, aux serres du Jardin botanique de Tours, pour fêter les 150 ans de la Société tourangelle d’Horticulture, « une vieille dame » issue de la Société d’agriculture d’Indre-et-Loire. Retour sur son histoire et vue sur son présent.

Un peu d’histoire

La Société d’agriculture, sciences, arts et belles lettres du département d’Indre-et-Loire est fondée le 24 février 1761. Au fil des années, une section d’Horticulture et de Pomologie se met en place du fait de l’importance de ces secteurs d’activité dans le département.

En 1866, cette section est très active, Robert David Barnsby, directeur de l’école de médecine et de pharmacie de Tours, et directeur du Jardin botanique, en est le secrétaire général et Antoine Belle, juge suppléant de Tours, futur maire et sénateur, en devient président de 1869 à 1912. Cette section se compose de quatorze membres, dont Alfred Mame (imprimerie Mame), Barillet-Deschamp (horticulteur-paysagiste) et Guindon (pépiniériste).

En 1868, la section compte 90 membres, et en 1869, 110. Rapidement, elle se transforme en Société d’horticulture indépendante. Le 7 mars 1869, Antoine Belle réunit les membres, dont 41 signent une lettre souhaitant instituer la Société tourangelle d’horticulture. Le divorce est officiellement annoncé. Le 2 avril 1869, la société est officiellement créée. Elle est approuvée par arrêté préfectoral le 17 décembre 1869. Succéderont à Antoine Belle, le pépiniériste Pinguet-Guindon à partir de 1912 et le paysagiste Decorges à partir de 1937.

L’EXPOSITION DE 1937 À L’HÔTEL DE VILLE DE TOURS

On peut y admirer les rhododendrons (en touffe et tige) de Louis Decorges et fils, les hortensias de Faustin Travouillon et Daillière, « la Marne » et « Merveille », et ceux de Gallais, les pélargoniums à grandes feuilles de Mme Aubert-Mallet, les œillets aux fleurs énormes et pois de senteur de Talbot, les orchidées et anthurium de Charrier, les dahlias, callas, amaryllis et giroflées de Dubois, les rhododendrons, azalées, camélias et tulipes en fleurs coupées de Corvaisier, le bégonia « Géneral de Méribel » et des bruyères de Mme LedeuxBignon, les azalées et tulipes de Jamain et Baron, les cinéraires hybrides de Lecomte Mac Carthy, les légumes forcés et de saison de l’Abeille Tourangelle, les calcéolaires hybrides, azalée, Phœnix, Kentia et Dracaena du service des espaces verts de Tours (Berthola).

La Société se propose de propager et vulgariser les techniques et pratiques horticoles auprès de l’ensemble de la population et d’enrichir l’horticulture en nouvelles variétés de fleurs et de fruits. À cette époque, elle compte dans ses membres à la fois des propriétaires de maisons bourgeoises, de châteaux tourangeaux mais aussi leurs jardiniers et la majorité des horticulteurs de Touraine, ainsi que de nombreux jardiniers particuliers. Les échanges de pratiques et de savoir-faire assurent le lien entre les catégories socioprofessionnelles.

La société organise une séance mensuelle (à l’exception des mois d’août et septembre), publie un bulletin semestriel et réalise de nombreuses expositions mettant en avant l’horticulture tourangelle à Tours, mais aussi en Belgique, en Angleterre et à Saint Pétersbourg (Russie). Les horticulteurs, obtenteurs de nouvelles variétés telles que les cyclamens, bruyères, giroflées, hydrangeas, exposent leurs créations.

L’exposition de mai 1937 à l’hôtel de ville est mémorable (cf. Encadré page précédente). Des comités spécifiques se mettent en place entre les deux guerres : pépinière, floriculture, cultures potagères, art des jardins.

Renaissance de la société, création de la SHOT

Mais, de 1950 à 1989 la Société tourangelle d’horticulture s’endort. Elle se réveille en juin 1989 sous l’impulsion de Gérard Letrillard (président de 1989 à 1997) et d’horticulteurs tels Jean Gaubin, spécialiste des fuchsias, et Bernard Heriveau, spécialiste des fleurs coupées. Elle prend le nom de Société d’horticulture de Touraine (SHOT) et compte une trentaine d’adhérents.

En 1989, les horticulteurs étaient encore nombreux en Touraine et leurs exploitations très importantes. Le marché aux fleurs de Tours s’étendait sur plus de 2 000 m². Deux fois par semaine, depuis presque 150 ans, les Tourangeaux peuvent y acheter plants potagers, graines, plantes à massif, plantes en pot, rosiers, arbustes et fleurs coupées.

En 2019, la Société d’horticulture de Touraine compte 380 adhérents, dont les trois quarts sont des amateurs passionnés de végétaux. Mais elle peut aussi compter sur des professionnels en activité ou retraités tels que RobertCouratin, Daniel Chauveau, Michel Savary, Daniel Jouanneau, sur des responsables et jardiniers des services espaces verts, ainsi que sur les élus locaux. Depuis la renaissance de cette association, trois présidents se sont succédé : Gérard Letrillat (1989-1997), André Perpoil (1997-2000) et Maryse Friot. La SHOT est membre de la SNHF, sa représentante siège au comité fédérateur, instance qui regroupe les sociétés d’horticulture de province, et au conseil d’administration.

Depuis plus de dix ans, un groupe d’une vingtaine de personnes a créé le « Jardin des idées » au potager de la Gloriette à Tours. Une fois par mois, ils façonnent, plantent, entretiennent le potager et vulgarisent les nouveaux concepts du jardinage. Depuis deux ans, des ateliers sont proposés aux adhérents sous forme de visites, de pratiques sur le terrain, etc. Deux fois par an, une bourse d’échanges de plantes est organisée chez des adhérents et le repos hivernal des plantes s’avère propice à la réalisation d’un cycle de conférences.

La Société d’horticulture, dès les années 1880, prodiguait des conseils de fleurissement aux communes et aux châteaux. En 2006, le Conseil départemental d’Indre-et-Loire a souhaité offrir une suite à cette activité en donnant, par délégation, mission à la SHOT d’organiser l’ensemble des fonctions pour le label « Fleurir la France » (cf. Encadré page suivante).

Depuis 2006, le bureau de la Société est au jardin botanique de Tours, situation très privilégiée, en adéquation avec ses missions, ce qui permet une collaboration très étroite avec les municipalités successives de Tours et leur service espaces verts. Une bibliothèque de plusieurs centaines de livres est à disposition des adhérents ainsi qu’un bulletin trimestriel. La société communique aussi par Internet via son site (www.shot37.fr) et sa page Facebook.

Le végétal est source de qualité de vie et de bienfaits pour la santé, il fait également office d’épurateur du milieu et de protection vis-à-vis des îlots de chaleur urbains. Dans ce contexte, les rôles d’une société d’horticulture dans la transmission du savoir, du savoir-faire et dans l’initiation au végétal des nouvelles générations restent fondamentaux.

Maryse Friot
Présidente de la Société d’horticulture de Touraine

Gilbert Flabeau
Vice-président de la Société d’horticulture de Touraine

ORGANISATION DU LABEL « FLEURIR LA FRANCE »

Pour réaliser sa mission d’organisation du label « Fleurir la France », la SHOT (Société d’horticulture de Touraine) a mis en place, en 2011, un comité dénommé « Embellissons la Touraine », composé de 15 à 18 membres experts, avec, à sa tête, le président du Conseil départemental.

Réuni trois à quatre fois par an, ce comité a pour rôle l’organisation générale du Label et des concours visant à valoriser l’image du département d’Indre-et-Loire et l’accompagnement auprès des communes. Il est chargé d’animer les réseaux des villes et villages, d’organiser les réunions techniques, etc. Il participe aux réunions de travail des instances départementales, régionales et nationales.

L’activité du comité est intense et commence dès janvier par une rencontre entre la SHOT et le Conseil départemental pour un bilan de l’année précédente. L’organisation du concours de l’année en cours s’effectue ensuite de janvier à avril. Les concurrents au label des Villes et villages fleuris doivent déposer leur dossier avant le 15 mai, et les candidats au concours départemental des maisons fleuries et aux prix spéciaux avant le 30 juin. En juin, le comité organise les tournées du jury départemental, qui établit le palmarès et les propositions au jury régional avant la fin juillet. Celui-ci passe dans les communes retenues à la fin du mois d’août. La remise des prix a lieu en octobre. Novembre et décembre sont consacrés à la préparation de la réunion technique de janvier.