Le Pinetum de Bedgebury : « la plus belle collection de conifères du monde »

Maximilien Larter

Petit frère des « Royal Botanical Gardens » de Kew, ce parc botanique, consacré exclusivement aux conifères, unique au monde vaut vraiment le détour ! Dans une forêt rachetée par la Couronne au début du XXe siècle, le Pinetum est né d’une collaboration entre la Forestry Commission (chargée de gérer les forêts britanniques) et le Jardin Botanique de Kew parce-que la pollution de l’air de la capitale nuisait à la santé de certains conifères.


Le Pinetum de Bedgebury - © S. Delzon

Le Pinetum de Bedgebury - © S. Delzon


Sous l’aile avisée d’un expert « ès conifères » mondialement reconnu, William Dallimore, la plantation débute en 1925, avec une organisation taxonomique : chaque parcelle regroupe les espèces d’un même genre. Suite à des dégâts considérables (30% de perte) lors de la tempête en 1987, la stratégie bascule vers une gestion plus harmonieuse du paysage : l’objectif est maintenant de mélanger les essences, feuillus et conifères, et de maintenir environ 40% d’espace ouvert. Ceci permet à la fois de mettre en avant les caractéristiques des espèces (port de l’arbre, couleur du feuillage), de maintenir une biodiversité impressionnante (oiseaux, insectes, fleurs, champignons) et de proposer des visites magnifiques au public tout au long de l’année !



Conservation et recherche

L’objectif depuis la création du Pinetum est de maintenir et de développer la plus grande collection de conifères du monde. Environ 200 espèces de conifères (principalement tropicales) ne supportent pas le gel, et donc ne peuvent être plantées à Bedgebury. Toutefois, le parc compte plus de 60% des espèces existantes ! Des expéditions régulières à travers le monde pemettent de récolter des graines, et dans différentes pépinières, les plantes sont soigneusement élevées jusqu’à être plantées dans la zone idéale du Pinetum. En effet, des études très précises du sol et des micro-climats du parc sont réalisées en continu, pour associer chaque plante avec un environnement optimal pour son développement. Plus de la moitié des espèces de conifères du monde sont menacés selon la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Les employés du Pinetum récoltent donc des graines d’un maximum de populations pour chaque espèce, et développe pour les espèces les plus menacées de véritables « banques génétiques » vivantes. En effet, certains des individus les plus anciens du site sont issus de populations qui ont maintenant disparues ! Cette ressource est très importante dans l’objectif de restaurer certains écosystèmes détruits par l’activité humaine. En outre, les scientifiques ont un accès privilégié au Pinetum : des chercheurs ont ainsi découvert une variété d’if conservée uniquement à Bedgebury qui contient des taux exceptionnels de taxol, composé chimique utilisé pour traiter les cancers ! Notre équipe d’écophysiologie à l’Université de Bordeaux a aussi la chance de collaborer avec l’équipe du Pinetum pour étudier la résistance à la sécheresse des conifères du globe.

 

Le Pinetum de Bedgebury - © S. DelzonPour le public

Avec des chemins de randonnées pédestres ou cyclistes, des aires de jeux à thème pour les enfants, et des parcours acrobatiques au sommet des arbres pour les plus courageux, le parc propose des activités pour tous les âges et tous les goûts. Le Pinetum s’investit également dans un rôle éducatif et de sensibilisation sur le thème de la conservation de la biodiversité, notamment par le biais de sorties scolaires. Ouvert au public tous les jours de l’année (sauf Noël), le Pinetum de Bedgebury se situe dans le sud-est de l’Angleterre, à moins d’une heure de Londres et de Douvres. Amateurs de plantes et de nature, une visite s’impose !


Arboretum de Chèvreloup - © F.-G. Grandin
L’Arboretum de Chèvreloup, musée de l’arbre vivant

Son histoire commence en 1699 avec l’acquisition par Louis XIV de la ferme de Chèvreloup dont le domaine est contigu au parc du Petit Trianon. Après de nombreuses vicissitudes au cours de son histoire, dont la dernière est la tempête de 1999, l'arboretum de Chèvreloup regroupe aujourd’hui sur 205 hectares d'importantes collections végétales vivantes dont plus de 2 500 espèces et variété d'arbres. Parmi les conifères, le parc héberge 40 espèces d’épicéas sur 50 recensées dans la nature, 41 espèces de sapins sur les 51 recensées dans le monde, 77espèces de pins sur les 111 recensées. Chèvreloup possède les très rares conifères Picea aurantiaca, sûrement éteints en Chine, et le Cupressus dupreziana du Tassili algérien où ne subsistent que quelques sujets. Chèvreloup fait partie intégrante du Muséum National d'Histoire Naturelle (MNHN). Si sa vocation première est la présentation des arbres rustiques sous le climat d'Ile-de-France, le domaine abrite également 6 000 m² de serres et tunnels qui renferment près de 8 000 plantes pour la conservation et la recherche. La quantité, la variété et la rareté des sujets de l'arboretum de Chèvreloup permettent de le qualifier de « musée de l'arbre vivant »
 

Jean-François Coffin