Le Jardin des sculptures de Jean-Marc de Pas : Le projet d’une vie

Recevant château et jardin familial alors qu’il est encore dans ses années de jeune adulte, Jean-Marc de Pas imagine, à Bois-Guilbert (76), un jardin qui accueillera ses sculptures. En 1993, le domaine s’ouvre au public, faisant le bonheur, notamment, des enfants, dont l’imaginaire débordant est ravi par ces formes et cet environnement fascinant.

Couple allongé © JMdP

La formation de Jean-Marc de Pas

Jean-Marc de Pas © JOD1

Le domaine de Bois-Guilbert (Seine-Maritime) a été fondé en 1620 par Charles Le Pesant, cousin germain de la mère de Pierre et Thomas Corneille. Pierre Le Pesant de Boisguilbert (1646-1714), petit-fils du fondateur, y a passé son enfance. Son petit-fils, Jean-Pierre-Adrien Augustin Le Pesant de Boisguilbert a construit l’actuel château en 1780. Jean-Marc de Pas, né en 1962, a grandi là, avec ses frères et sœurs, au pied d’arbres remarquables, dans cette maison aux proportions magnifiques, au contact des enfants et des animaux de la ferme.

Enfant de la nature, il a par ailleurs acquis de solides connaissances sur les arbres en école d’ébénisterie à l’Institut SaintLuc à Tournai (Belgique). Jean-Marc de Pas à 21 ans lorsqu’il reçoit le château, entouré de 3 hectares autours du bâtiment et de 4 hectares de plaine. Il imagine la création d’un grand jardin symbolique pour célébrer les éléments constitutifs de la nature et fera le dessin du jardin sur ces 7 hectares.

Sorti major de Saint-Luc, Jean-Marc de Pas est admis à l’école Boulle. Il s’y inscrit en section sculpture. Il est reçu en même temps au concours d’entrée aux Beaux-Arts de Paris. Il envisage déjà de devenir sculpteur et d’installer des sculptures dans son parc.

Un rêve d’étudiant qui prend forme

En 1985, étudiant, il conçoit le dessin d’ensemble du jardin, cherchant l’harmonie entre nature et sculpture, au service de cet espace poétique qu’il imagine dédié à la Vie. Entre 1988 et 1991, l’artiste paysagiste réalise les aménagements structurants du parc, l’agrandissement de la mare, la plantation du labyrinthe de buis et du cercle de bouleaux, la plantation de la grande allée périphérique entourant le parc au sud-ouest et lui donnant une intimité particulière. En 1989, le sculpteur installe son atelier à Bois-Guilbert. Il poursuit la plantation de cette architecture végétale qui servira d’écrin à ses sculptures. En 1995 et 1997, il plante le cercle de séquoias et le cloître des quatre saisons en charmilles.

Le demi-cercle de châtaigniers entourant « les Femmes des cinq continents » est réalisé à partir de semis de châtaignes provenant d’un magnifique châtaignier datant du XVIIe siècle. Trois cents pieds de buis protégés des lapins et autres prédateurs forment une importante composition végétale au cœur du parc. Pour la grande allée périphérique de 800 mètres plantée sur deux lignes, douze essences ont été choisies en jouant sur les hauteurs des arbres, mais aussi sur leur durée de vie et leur couleur : ainsi à l’automne, c’est un tapis de feuilles aux couleurs variées, revenant sur un rythme régulier, qui accueille les pas des visiteurs.

Le château de Bois Guilbert © Drone Presse

Harmonie de l’Art et de la Nature

L’artiste paysagiste a conçu le jardin pour les sculptures, avant même de les avoir créées, et les sculptures pour le jardin. En 1994, Jean-Marc de Pas soutient sa thèse de doctorat à la Sorbonne sur le processus de création « Le malléable et sa pétrification, essai poïétique sur une pratique sculpturale ». Ses œuvres ont pris vie dans la terre. Figées ensuite dans le bronze, elles revivent dans le jardin. Trente ans constitue un bel âge pour un parc récent. Les voûtes imaginées par l’artiste ont pris forme, les allées ont pris de l’ampleur. Ce jardin de sculptures est né du rêve d’un jeune homme qui a œuvré sans compter pour planter près de 7000 arbres et arbustes.

Un deuxième jardin, une promenade de 1,6 km tout autour de la plaine à l’arrière du château, sera dédié au thème du temps. Une vingtaine de barques végétales de 30 mètres de longueur accueilleront végétaux et sculptures évoquant les temps du cosmos, de la vie sur terre, puis le temps à l’échelle de l’homme. Jean-Marc de Pas en a commencé les plantations à l’hiver 2017.

Un tel projet s’inscrit sur le long terme. L’artiste a créé une association en 1993, présidée par Jean-Luc de Feuardent, pour l’aider à ouvrir et partager ce lieu avec le public, autour de trois thèmes, l’art, la nature et l’histoire. Aujourd’hui, le jardin accueille 15 000 visiteurs par an. Jean-Marc de Pas a toujours eu à cœur de l’ouvrir aux enfants pour leur permettre de se connecter à la nature comme il a eu le privilège de l’être, pour leur faire découvrir également ce médium qu’est l’argile, et l’émotion quand la main donne vie à la matière…

Le jardin a reçu le label « Jardin remarquable » par le ministère de la Culture et « Normandie Qualité Tourisme » l’an dernier, soulignant l’originalité de cette création et l’attention portée à l’accueil de chacun, dans ce lieu qui souhaite offrir un moment de poésie, de ressourcement et d’émerveillement à contempler les œuvres d’artistes professionnels de talent.

Stéphanie de Pas
Épouse de Jean-Marc de Pas et directrice du site

 

Le Jardin des sculptures, Château de Bois-Guilbert
1108, route d’Héronchelles 76750 Bois-Guilbert
Tél.: 02 35 34 86 56
jardindessculpturesboisguilbert@orange.fr
www.lejardindessculptures.com