Laurier-rose : un spécialiste vous conseille

On l’appelle laurier-rose mais il peut se parer de nombreuses couleurs : rouge, rose, blanc, abricot, saumon et même jaune. Rustique, il peut être planté dans toute la France à condition de respecter un certain nombre de précautions. Olivier Faure, dont la pépinière est réputée pour ce végétal, nous apporte ses conseils pour bichonner cette belle plante ornementale.

« Pour obtenir le meilleur résultat lors de la plantation d’un laurier rose, tout se joue dès l’achat du végétal », avertit d’emblée Olivier Faure, producteur et spécialiste de cette plante. La première question à se poser est sa destination: sera-t-il sur une terrasse, en bac en bordure de piscine, en fond de jardin pour constituer une haie, en pot sur un balcon? « Cela conditionnera le choix de la variété, qui peut se répartir en trois catégories de taille à l’âge adulte : naine, de 60 à 80 cm; compacte, de 80 cm à 1,50 mètre ; d’un grand développement, soit d’environ 2 à 3,50 mètres », précise Olivier Faure. Il vaut mieux s’adresser à un professionnel, telle une jardinerie ou une pépinière, qui pourra apporter des conseils éclairés.

Penser à la dimension adulte

Lors du choix de la plante, un critère de bonne santé sera un bel aspect et des feuilles vigoureuses d’un beau vert tendre. Le jardinier devra aussi tenir compte de la dimension du laurierrose lorsqu’il aura atteint sa taille adulte. « Si l’on plante un végétal qui atteindra plus tard une grande dimension dans un endroit réduit, on sera déçu et il faudra le tailler souvent pour le maintenir à un volume raisonnable. Or, toute taille est traumatisante et peut constituer la source d’introduction de maladies », alerte Olivier Faure. On taillera si besoin, en cours de végétation, pour redonner une forme au laurier qui se dégarnit à la base, pour éliminer les branches gênantes ou malades, pour un éclaircissage si les plantes sont trop touffues. Cette taille se fera au printemps, après les gelées. Elle est déconseillée à l’automne car elle génère de jeunes pousses qui seront sensibles au gel d’hiver.

Partout en France

Le laurier-rose est réputé pour être plutôt planté dans la moitié sud de la France. « Mais on constate une évolution vers le nord, en région parisienne et même en Allemagne », constate Olivier Faure. Peut-être cela est-il dû au réchauffement climatique, à un effet de mode au même titre que les oliviers, à une meilleure connaissance de la plante, au choix de variétés adaptées ? Un laurier-rose peut résister à des températures de -2 °C à -12 °C selon les variétés. Mais il faudra toujours le planter dans une zone ensoleillée.

En sol bien drainant

Le laurier se présente, souvent, en conteneur, ce qui permet de le planter quasiment toute l’année. Pour une plantation en pleine terre, le sol doit être bien drainant. Si le terrain est argileux, on allégera la terre avec du sable, du terreau et de la matière organique. Pour la plantation en bac ou en pot, les substrats riches en tourbe, que l’on trouve dans le commerce, conviendront. Au moment de la plantation, après avoir extirpé la plante du pot, on laissera la motte telle quelle, en évitant de décompacter les racines, sauf si elle est vraiment trop compacte.

Veiller à l’arrosage

Le sol doit être toujours frais, y compris en été. « L’arrosage est vital. Il ne faut pas croire que le laurier résiste très longtemps à la sécheresse. » Arrosez au pied des plantes, n’aspergez pas les feuilles, veillez à ce que l’aspersion du gazon ne les atteigne pas. L’humidité sur le feuillage favorise le développement des maladies. Le laurier ayant un feuillage persistant, il a besoin d’eau toute l’année. En hiver, l’arrosage sera modéré mais régulier, notamment pour les plantes en pot.

Le laurier-rose est « gourmand », cependant, « l’engrais ne devra pas apporter trop d’azote, ce qui entraînerait un trop grand développement du feuillage, mais comporter une bonne dose de potasse pour favoriser le fleurissement (NPK, type 10.10.30.) ». On fertilisera deux fois par an: au printemps, après les gelées, et début juillet.

Protéger du froid

En hiver, si la température s’annonce inférieure à -2 °C il faudra protéger la plante du froid. En pleine terre, pour protéger les racines, on utilisera sur le sol le paillage ou un non-tissé, style voile d’hivernage (P17). Pour les plantes en bacs ou en pot, on protégera le feuillage avec un voile protecteur et le pot avec une protection type plastique à bulles ou autre. Si l’on peut les déplacer, on les disposera dans un lieu à l’abri des courants d’air et du gel mais ayant toujours de la lumière.

Maladies : mieux vaut prévenir

Le laurier peut être atteint de maladies, la principale étant une bactériose (Pseudomonas syringae) sur les branches et feuilles. « Elle se manifeste par le développement de chancres déformants noirâtres, surtout sur les jeunes pousses, jeunes branches et inflorescences », précise Olivier Faure. Une fois la plante atteinte, il s’avère impossible de lutter.

Tout se joue donc dans la prévention(1*)« avec des produits à base de cuivre comme la bouillie bordelaise que l’on utilisera au  rintemps, puis tous les deux ou trois mois, selon le climat, toujours en début de matinée ou en fin de journée ».

Attention aux piqueurs

Parmi les nuisibles, les pucerons, cochenilles et araignées rouges peuvent attaquer la plante. Ces ravageurs piqueurs peuvent contribuer à l’apparition de fumagine. Le moyen de lutte est le savon noir en pulvérisation dosé à 5 %. Contre les pucerons, on peut également s’aider d’insectes auxiliaires comme la coccinelle et les chrysopes (Chrysoperla carnea) que l’on trouve dans le commerce.

Ne pas avaler

La réputation de haute toxicité du laurier-rose est réelle. Mais il ne faut pas pour autant s’alarmer. La sève est tellement amère, avec un goût extrêmement répulsif que si on l’effleure à peine avec les lèvres ou la langue, la réaction de rejet sera immédiate. « On pourrait s’inquiéter pour un enfant mais il est quasi impossible qu’il ingère des feuilles de laurier vu leur goût repoussant », rassure Olivier Faure, ce que confirme le centre anti-poison (2*). Il en est de même pour les animaux… Alors, n’hésitez pas à parer votre jardin de lauriers-roses !

 

Jean-François Coffin
Journaliste et membre du comité de rédaction de Jardins de France

 

(1*) La loi 2014-110 du 6 février 2014, appelée « loi Labbé », prévoit une interdiction d’usage et une restriction de vente de tous les produits phytosanitaires de synthèse dans les Jevi (jardins et espaces végétalisés et les infrastructures)

(2*) https://www.centreantipoisons.be/nature/plantes/ les-plantes-toxiques/laurier-rose-nerium-oleander