La ville de Montargis voit l’avenir en vert

Benoît Digeon

« La Venise du Gâtinais » ne manque pas de ressources. L’augmentation régulière des surfaces dédiées aux espaces verts a entraîné une réflexion sur les pratiques du désherbage respectueuses de l’environnement. Les jardins, de plus en plus nombreux, privilégient la biodiversité et offrent des emplois…

© D. R

Fière de sa forêt domaniale située dans le nord-est de la commune, de ses nombreux canaux et de ses cent trente ponts et passerelles, labellisée « Plus beau détour de France » et Ville Fleurie « 3 Fleurs », la ville de Montargis garantit le dépaysement. C’est aussi une collectivité dynamique et soucieuse de l’environnement qui s’investit particulièrement dans l'entretien des espaces verts améliorant ainsi le cadre de vie de ses habitants. Et ici, les citoyens prennent plaisir à participer à l’embellissement de leur commune.
 

Un éco-jardin au lac des Closiers

En 2008, la ville a mis à disposition d’une association professionnelle agréée pour la protection de l’environnement (l’APAGEH) un terrain de 5 000 m2 situé près du lac, en zone classée « zéro pesticide ». Ce terrain en friche, abandonné depuis plusieurs années mais présentant d’excellents atouts pour une culture biologique, est devenu aujourd’hui un éco-jardin d’insertion. Il occupe deux techniciens qualifiés et huit personnes en contrat d’insertion. En quelques années, la friche a évolué en haut lieu de la biodiversité. L’agencement des variétés de légumes, des plantes aromatiques et décoratives, des arbres fruitiers, des flores spontanées ou installées, contribue ici à l’esthétique de l’ensemble. Les récoltes de qualité sont vendues, sous forme de paniers hebdomadaires, aux consommateurs adhérents.

Par ailleurs, la ville s’est également dotée d’un bel espace pédagogique dédié à la sensibilisation et l’information des écoles et des centres de loisirs. Il comporte un jardin potager cultivé par les enfants, un espace naturel riche composé d’une zone humide, une île sur la rivière le Loing, une roselière, un espace boisé, une mare à amphibiens... La nature et la biodiversité, préservées au coeur de la ville, constituent un parcours de découverte très apprécié par les jeunes générations. Tout au long de l’année les jeunes s’initient au jardinage bio, réalisent des semis et plantations, désherbent, entretiennent, pratiquent le compostage, récupèrent les eaux de pluie, découvrent des écosystèmes, le cycle de l’eau, créent des refuges et des nichoirs pour les oiseaux, insectes et petits mammifères… Et récemment, la ville a mis à la disposition d’un apiculteur une parcelle située au bord du lac des Closiers, pour y installer des ruches.

Les jardins de renaissance recréés sur les pentes du château Renée de France (1510-1575), seconde fille de Louis XII et d’Anne de Bretagne fut mariée au duc Hercule de Ferrare. Vivant en Italie jusqu’à son veuvage, elle rentre alors en France, s’installe à Montargis où elle mourut en le 12 juin 1575. Sa soeur ainée Claude ayant épousé le roi François Ier, c’est probablement cette double influence qui marque l’origine des Jardins Renaissance du château royal de Montargis. Un vaste projet visant à redessiner ces jardins dans l’esprit du XVIe siècle est aujourd’hui achevé. Les jardins de la première couronne, contigus au château, étaient à la fois des jardins d’usages et d’agrément. Ceux de la seconde couronne, enveloppant la précédente, étaient des jardins d’usages ou jardins purement utilitaires, principalement dédiés aux cultures vivrières. Au total, dix carrés entourés de buis composent ces jardins plantés de vignes et de fruitiers. Il s’agissait, par cet aménagement, de rester fidèle aux plans d’Androuet du Cerceau, en privilégiant des palissades de fruitiers conduits en palmettes, ou celles de rosiers alternant avec les carrés… De nombreuses variétés choisies sont celles qui étaient connues au XVIe siècle. Enfin, une charmille accompagne la clôture de l’ensemble du jardin.

La "Venise du Gâtinais" compte de très nombreux canaux - © D. R

La gestion de l’eau et l’usage des pesticides

La ville de Montargis interdit l’emploi des pesticides au sein de zones naturelles, aux abords du lac et des rivières, au profit du désherbage mécanique. Il en résulte une réduction de 40 % dans l’utilisation des produits phytosanitaires, et ceci depuis 2009. L’eau est également au centre du dispositif de gestion durable mise en place récemment. « La Venise du Gâtinais » ne manque pas de ressources. Deux forages ont été réalisés en 2009 et un troisième est en cours. La gestion de l’arrosage s’appuie sur la généralisation des arrosages automatiques avec un déclenchement la nuit, et semi-automatiques pour certains points de la ville afin de conserver la possibilité de choisir le moment propice pour arroser. En ce sens, les horaires de travail des agents municipaux ont été aménagés durant tout l’été (de 6 heures à 13 heures) afin d’éviter le gaspillage de l’eau l’aprèsmidi au moment des fortes chaleurs. Un système d’arrosage goutte-à-goutte alimente les jardinières. Plusieurs cycles permettent de limiter les pertes par lessivage. Quant aux plantes, la priorité est donnée à celles qui sont peu exigeantes en eau, comme les vivaces et les graminées. Près de 2 000 sujets, mis en place au printemps dernier, viennent compléter la palette estivale composée de plantes annuelles et bisannuelles. Un paillage systématique des massifs d’arbustes et de plantes annuelles est effectué à l’aide des copeaux de bois issus des élagages. Ainsi, plus aucun désherbant n’est appliqué dans les jardins de Montargis.