La Route du Mimosa : Emblème touristique de la Côte d’Azur

Au cœur de l’hiver, les boules jaunes du mimosa qui s’épanouissent sur fond de ciel bleu constituent un symbole touristique fort pour la Côte d’Azur. Huit villes du Var et des Alpes-Maritimes, qui organisent des événements autour de cette plante, se sont associées pour composer une Route du Mimosa. Sur 130 km, elle mène les visiteurs à la découverte de jardins remarquables et de massifs forestiers, de métiers et d’activités, de fêtes et d’animations pour découvrir ce patrimoine.

La Route du Mimosa s’étend sur deux départements de la Côte d’Azur, de Bormesles-Mimosas, dans le Var, à Grasse, dans les Alpes-Maritimes, en passant par Le RayolCanadel-sur-Mer, Sainte-Maxime, Saint-Raphaël, Mandelieu-La Napoule, Tanneron et Pégomas. Ces huit villes, pour lesquelles le mimosa occupe une place toute particulière dans l’attrait touristique et le tissu économique, ont formé une association qui gère ce parcours de découverte « entre bleu azur et jaune soleil », à suivre de janvier à mars.

Bormes-les-Mimosas, kilomètre zéro de la Route du Mimosa

La ville de Bormes-les-Mimosas, qui a accolé cette plante emblématique à son nom depuis 1968, constitue la première étape de la Route du Mimosa avec deux sites incontournables et deux animations traditionnelles.

La pépinière de Gérard Cavatore, qui fut l’un des initiateurs de cette route touristique, est, depuis 2012, gérée par son fils Julien. Créée en 1981, spécialisée à partir de 1990, la pépinière Cavatore est collection nationale de taxons ornementaux d’Acacia (nom botanique du mimosa) du CCVS depuis 1992. Elle s’est recentrée aujourd’hui sur une vente aux particuliers, auxquels elle propose entre 150 à 200 espèces et variétés de mimosas, sur place, en ligne et lors des fêtes des plantes. Désireux de transmettre sa passion pour cette « famille », Julien Cavatore accueille également des groupes pour des visites guidées sur ses 1000 mètres carrés de serres et quatre hectares de terrain, dont 8000 m² sont dédiés aux mimosas. Cette production est d’ailleurs en passe d’être labellisée Plante Bleue.

À l’entrée du village de Bormes, le parc Gonzalez, du nom de son ancienne propriétaire, l’artiste-peintre Roberta Gonzalez, est un jardin botanique de près de 3 000 m², labellisé « Jardin remarquable », réunissant plus de 300 variétés de plantes originaires d’Australie, dont une quarantaine de mimosas. Les visiteurs y découvrent ainsi, en complément des Acacia, une collection exceptionnelle de Banksia, Eucalyptus, Grevillea, Hakea, Melaleuca, Eremophila.

Tous les ans depuis 1997, Bormes-les-Mimosas organise le dernier week-end de janvier (les 25 et 26 janvier en 2020), dans le parc du Cigalou et au cœur du village, la manifestation Mimosalia, qui réunit des collectionneurs et spécialistes de végétaux et de l’aménagement du jardin. L’autre grand événement traditionnel (en 2020, il se tiendra le 23 février) est le corso fleuri, le plus ancien corso de la Côte d’Azur, puisqu’il va fêter ses cent ans. Dès octobre, les constructeurs définissent un thème et les maquettes de la quinzaine de chars qui y participeront. L’avant-veille de l’événement, 12 tonnes de brins jaunes et 80 000 fleurs seront achetées et cueillies le samedi matin pour habiller les chars.

Le Domaine du Rayol et son Jardin des Méditerranées

La Route du Mimosa rejoint ensuite la mer et le village du Rayol-Canadel-sur-Mer, niché sur la corniche des Maures au cœur du golfe de Saint-Tropez. C’est au Domaine du Rayol, acquis en 1989 par le Conservatoire du littoral, que Gilles Clément a créé son Jardin des Méditerranées, avec le paysagiste Philippe Deliau. Il y évoque les flores et paysages associés à des régions du monde présentant un climat méditerranéen, dont l’Australie bien sûr, et ses mille espèces de mimosas, sur les 1 400 recensées dans le monde (source Val’hor). En janvier et février, des visites thématiques dénommées « L’odyssée des mimosas », certifiées « Balade nature commentée », permettent de découvrir, en compagnie des jardiniers du Domaine, une trentaine d’espèces de mimosas.

C’est l’occasion d’apprendre comment entretenir et acclimater cet arbre si attachant, mais aussi de comprendre la nécessité de limiter son essor. Car le bel Acacia dealbata, par ailleurs très inflammable, fait partie des plantes soumises à recommandation, selon le Code de conduite professionnel relatif aux plantes exotiques envahissantes, élaboré sous l’égide de l’interprofession Val’hor.

Un arbre très surveillé dans l’Estérel

La Route se poursuit par Sainte-Maxime, station balnéaire élégante qui organise sa fête du mimosa le premier week-end de février (1er et 2 février 2020). Plus de 500 bénévoles d’une vingtaine d’associations s’affairent le samedi dans les ateliers des services techniques de la ville pour préparer la douzaine de chars qui défileront le dimanche pour le corso fleuri.

L’étape suivante se tient à Saint-Raphaël, au pied du massif de l’Estérel et de la Corniche d’or, taillée dans la roche. Les commentaires des visites guidées par les agents de l’Office national des forêts en surprennent là aussi plus d’un. Car, dans le massif de l’Estérel, lorsque les agents forestiers aperçoivent une tache de jaune, ils voient rouge ! Le mimosa est un fléau invasif qu’il faut étouffer avant qu’il ne prenne toute la place. Pas question qu’il dépasse les 2 % d’occupation actuels ! Toute la place investie, c’est effectivement ce qui s’est passé, en remontant vers le nord, dans le massif du Tanneron, où le mimosa représente maintenant 80 % de la végétation et forme aujourd’hui la plus grande forêt de mimosas d’Europe.

La Route du Mimosa le traverse, de Mandelieu-la-Napoule sur la mer, aux communes de l’arrière-pays Tanneron et Pégomas. À Mandelieu-la-Napoule, la fête du mimosa, célébrée pour la première fois en 1931, prend chaque année de l’envergure. Devenue une grande fête populaire, elle s’étend sur huit jours fin février (en 2020, du 19 au 26 février, sur le thème de la Belle Époque), offrant aux touristes de nombreuses animations (dont les corsos fleuris du week-end), spectacles, élection d’une reine du mimosa, visites guidées pour découvrir les collines en fleurs et les professionnels, dont le travail dépend du mimosa : producteurs mimosistes, parfumeurs, pâtissiers et chocolatiers.

Suivre la Route du Mimosa, c’est aussi découvrir des produits gastronomiques originaux, comme à la chocolaterie La Muscadine à Sainte-Maxime (83) © M.-H. Loaëc

Tanneron est la commune du Var concentrant le plus de mimosa, cultivé et sauvage. La ville organise sa propre fête du mimosa (en 2020, le 2 février), avec des corsos fleuris, des danses folkloriques, des messes en provençal, des marchés artisanaux et des visites d’exploitation, pour découvrir les forceries, ces pièces où le mimosa, cueilli vert, achève sa floraison.

Le mimosa est également l’ambassadeur du village de Pégomas, au détour de cette route d’or. La Route du Mimosa se termine à Grasse, dont le Pays est aujourd’hui reconnu comme patrimoine de l’humanité immatérielle et culturel. C’est la capitale mondiale de la parfumerie, avec trois grandes maisons spécialisées (Molinard, Fragonard et Galimard), un musée international, le campus de l’École supérieure du parfum parisienne, ouvert en septembre 2018, et le projet d’une Route des Parfums. C’est l’occasion, également, au cours de cette ultime étape, de découvrir la place du mimosa, cette fois, dans la parfumerie française.

Marie-Hélène Loaëc
Journaliste horticole, membre du conseil d’administration de la SNHF