La multiplication des plantes succulentes

Norbert Rebmann

Les plantes succulentes sont des plantes qui accumulent du suc pour résister à des périodes de sécheresse. Plusieurs techniques courantes de multiplication existent : le semis de graines, le bouturage, le marcottage et le greffage. Norbert Rebmann nous présente les techniques concernant les cactus, famille des Cactaceae. 

L’intérêt de la culture par semis

Présentation de la section « cactées et succulentes » le la SNHF - © J.-F. Coffin
Présentation de la section « cactées et succulentes » le la SNHF – © J.-F. Coffin

La culture par semis présente de nombreux avantages. Les semences (graines ou fruits secs) sont disponibles à un moindre coût et permettent d’obtenir de nombreuses plantes qui, dans la plupart des cas, sont aptes à fleurir au bout de quelques années. L’équipement de base ne nécessite pas un gros investissement pour un plaisir immense, de voir se développer avec succès les jeunes plantules. Il existe de nombreuses techniques de culture dont aucune n’assure le succès complet. Je vais vous présenter la mienne avec laquelle j’obtiens des pourcentages de germination, puis ensuite de croissance, supérieurs à 85 %.

L’équipement de base et les conditions de germination : J’utilise des bacs à germination de 30×46 cm, d’au moins 5 cm de profondeur, au fond desquels je dispose une nappe électrique chauffante, que je recouvre avec des couvercles en plastique transparent, des mini serres en quelque sorte. Ces bacs doivent être bien drainés, donc posséder des trous pour l’écoulement du trop-plein d’eau. Le support de culture, constitué par un mélange de terreau, de sable non calcaire, de fins graviers de quartz, doit être bien poreux pour favoriser la germination, la croissance et le développement des plantules.

L’eau d’arrosage ne doit pas être calcaire. J’utilise l’eau de pluie qu’il est préférable de faire bouillir auparavant pour éliminer les micro-organismes dont les algues et les spores des mousses qui pourraient ensuite, en se développant, nuire à la croissance des plantules.

Pour obtenir une bonne germination, il convient de créer un milieu favorable donc de régler les facteurs température et humidité, en pensant bien à ombrager afin que les plantules ne rougissent pas ou ne grillent pas, et à aérer en assurant une circulation d’air constante.

La température, entre le jour et la nuit, doit osciller entre 18 °C et 35 °C.

Il faut veiller à maintenir le semis humide, sans excès d’eau et en évitant le dessèchement. Pour favoriser la germination de certaines espèces délicates, il est bon de laisser sécher le semis pendant quelques jours puis d’arroser à nouveau, mais sans excès.

La bonne aération évite ou ralentit le développement de champignons qui pourraient entraîner la mort des plantules.

Je recommande de semer à partir du mois de mai dans le nord de la France et d’avril dans le sud.

La préparation du mélange : Utiliser du terreau de feuille bien décomposé et tamisé pour ne conserver que la partie fine. Ensuite, mélanger, 1/3 de terreau, 1/3 de sable fin et 1/3 de fins graviers, afin d’obtenir un bon mélange poreux. Puis, remplir le bac à semis avec le mélange préparé, tasser modérément et le placer dans une grande soucoupe.

La technique du semis

Semis de 2012 repiqués en 2014, en jardinières – © N. Rebmann

Il est préférable de semer à partir du milieu du printemps, lorsque les températures sont supérieures à 20 °C. En fonction du nombre d’espèces à semer, je fais un plan de semis, autant de carrés que d’espèces à semer. On veillera à ne pas trop enterrer les graines pour assurer une bonne germination et à respecter le principe suivant : la couche de mélange recouvrant la graine ne doit jamais dépasser sa propre épaisseur. Pour les très petites graines, il convient simplement de les disposer sur le mélange, et de le tasser très légèrement. Lorsque le semis est terminé, il faut humidifier par imbibition, en remplissant d’eau la soucoupe disposée sous le bac et le recouvrir d’un couvercle en plastique. L’eau monte par capillarité dans le mélange qui s’imbibe au fur et à mesure. Le bac à semis est ensuite placé en exposition légèrement ombragée, puis la résistance est branchée.

Le suivi des semis : la levée des semis intervient, en général, entre 5 jours et 3 semaines pour la majorité des espèces, à condition de maintenir une température favorable, 15 à 20 °C la nuit, 25 à 30 °C le jour. Dès la levée des premiers semis, il est important d’aérer pour éviter l’apparition de mycéliums de champignons qui pourraient entraîner la fonte des semis. Durant la première année, on maintient les semis humides en arrosant dans la soucoupe, en exposition légèrement ombragée et on surveille que la fonte des semis ne cause pas de dégâts. Durant l’hiver, on continue à arroser légèrement et à maintenir une température de 15 à 20°C. Le repiquage interviendra au printemps de l’année suivante (toutefois les espèces à croissance rapide peuvent être repiquées dès la première année) soit dans des jardinières soit dans des pots individuels.

Semer pour protéger les espèces menacées ou/et rares dans la nature, les plantes d’index I de la convention de Washington, c’est participer à une œuvre d’intérêt général*.

La culture par bouturage

Le bouturage est une méthode simple de multiplication végétative (reproduction asexuée).

Le bouturage consiste à prélever une partie de la plante, morceau de tige généralement, qui émettra ensuite des racines et redonnera une nouvelle plante. Il est possible de prélever un rejet d’un cactus ou de couper son apex, pour les espèces qui ne rejettent pas. L’apex coupé émettra des racines et donnera une nouvelle plante et la partie basale des rameaux latéraux.

Technique de bouturage : prélever une bouture et la laisser sécher durant une semaine, le temps qu’un épiderme cicatriciel se forme, puis la planter dans un mélange poreux (1/3 de terreau et de terre de jardin, 1/3 de sable de rivière graveleux non calcaire, 1/3 de graviers de quartz). Il faudra ensuite maintenir le mélange humide, mais sans excès et au bout de 3 à 5 semaines, les nouvelles racines apparaîtront, puis la nouvelle plante entrera en croissance. La meilleure période de bouturage est celle où les plantes sont en végétation, de mai à fin juillet.

La culture par greffage

La greffe d’un cactus consiste à prélever un morceau de tige (le greffon) et à l’appliquer sur un porte greffe préalablement sectionné. Le greffon va se souder au porte greffe et la circulation de la sève va s’établir entre les deux parties (en veillant bien à mettre les vaisseaux conducteurs de la sève en contact).

Technique de greffage : La méthode de greffage la plus simple est la greffe à plat, telle que je viens de la décrire succinctement. La meilleure période de greffage s’étale du mois de mai au mois de juillet. Les porte greffes sélectionnés doivent être vigoureux (TrichocereusEchinopsis, OpuntiaHarrisia) afin d’assurer une bonne croissance du greffon.

Intérêts et inconvénients de la greffe : La greffe présente un intérêt pour les cactus à croissance très lente, pour les cactus dont les racines très fragiles sont facilement atteintes par un champignon parasite, entraînant le pourrissement, pour les plantes dépourvues de chlorophylle et les cristations (fasciations).

Toutefois le greffage entraîne souvent, une déformation des plantes qui deviennent trop turgescentes et disgracieuses ainsi qu’une diminution ou même une disparition de la floraison.

* Commandez vos graines de cactus et succulentes : Catalogue de graines, ADBPLS, BP35, 89140, Pont s/Yonne ; info@adblps-graines-cactus.com

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