La fertilisation organique : Assurer et soutenir la croissance de la plante

Vos plantes ont besoin de fertilisants. Les fertilisants organiques représentent la bonne solution pour que les conditions optimales nécessaires à leur croissance soient respectées. Les fertilisants et les engrais organiques, qu’est-ce que c’est ? Comment agissent-ils ? Tout sur ces « vitamines » pour végétaux.

Terre riche en matière organique sous paillage végétal © SBM Life Science Solabiol

Les fertilisants organiques permettent d’assurer la pérennité de la fonction nourricière du sol vis-à-vis des cultures pour qu’elles soient dans des conditions optimales de croissance. Les engrais organiques ont principalement pour fonction d’apporter, via les micro organismes du sol, des éléments nutritifs aux plantes. Les amendements organiques, en plus de cette fonction, vont également améliorer ou entretenir les qualités physiques et biologiques de la terre du jardin. Le sol est une sorte de tube digestif pour la plante, il est donc fondamental de l’alimenter avec de la matière organique.

Figure n° 1: Minéralisation de l’humus © SBM Life Science Solabiol

Connaissance de la nutrition des plantes

Jusque vers 1830, la communauté scientifique pensait que les plantes se nourrissaient de matières organiques. Ensuite, la théorie minérale de Liebig met en évidence que les plantes assimilent les éléments nutritifs sous forme minérale.

Quelques dizaines d’années plus tard, en 1913, Carl Bosch trouve le moyen de synthétiser de l’ammoniac de manière industrielle, à partir de l’azote atmosphérique, ce qui permet ainsi de fabriquer des engrais azotés et des poudres à canon: c’est l’explosion des engrais minéraux. Ce n’est qu’à la fin du XXe siècle que l’on a réalisé l’importance de la fertilisation organique et que l’on a compris que le sol ne se résumait pas à un milieu inerte servant d’ancrage aux racines des plantes.

La fertilisation du sol est capitale pour assurer la croissance de la plante, lui permettre de se défendre contre les bioagresseurs et résister aux stress abiotiques. En parlant de la nutrition humaine, Hippocrate écrivait, il y a 2 500 ans : « Que ton aliment soit ton médicament. » C’est d’autant plus vrai pour les plantes car elles sont dans l’incapacité de se déplacer pour chercher leur nourriture !

Figure n° 2: Résultats d’analyses de terre de jardin potager © SBM
Life Science Solabiol

Que se passe-t-il si aucun apport organique n’est effectué au jardin ?

Si aucun apport organique n’est effectué au jardin, le sol va s’appauvrir en humus au fil des années, d’environ 2 % par an, à cause du phénomène naturel de minéralisation (cf. Figure n° 1). S’il n’y a pas compensation par un apport de matière organique, la fonction de stockage des nutriments et de l’eau par le complexe argilo humique va diminuer et une partie de l’engrais apporté, une fois minéralisé, sera lixiviée par les eaux de pluie et entraînée vers la nappe phréatique. Le sol deviendra moins grumeleux et plus sujet au compactage. La vie microbienne en pâtira également. Le complexe argilohumique constitue une sorte de garde-manger pour la plante (Figure n° 4).

Figure n° 2.1: Conseils suite à l’analyse de terre de jardin potager © SBM Life Science Solabio

Les végétaux du jardin puisent dans le sol des éléments nutritifs qui sont ensuite exportés par les récoltes : fruits, légumes, fleurs, bois de taille, tontes de gazon. Le système ne fonctionne pas en circuit fermé comme dans une forêt. Il faut donc restituer à la terre ce qu’on lui a prélevé : c’est la fertilisation d’entretien. Sans celle-ci, année après année, le sol s’appauvrira. En revanche, si la terre est carencée en certains éléments nutritifs, il est possible d’effectuer des apports d’engrais pour corriger les carences en certains éléments. On parle dans ce cas de fertilisation de correction. Le meilleur moyen de connaître sa terre est d’en identifier les besoins en effectuant une analyse (cf. Figures n° 2, 2.1 et 2.2).

Figure n° 2.2: Conseils suite à l’analyse de terre de jardin potager © SBM Life Science Solabiol

Les engrais organiques

Pour que les éléments nutritifs qu’ils contiennent soient assimilables, les engrais organiques doivent être minéralisés par les micro-organismes du sol. Cette étape se fait progressivement, en adéquation avec les besoins de la plante puisque les facteurs qui la stimulent, température, humidité et aération, sont les mêmes que ceux dont la plante a besoin pour sa croissance. Les risques de brûlure des racines et de lixiviation vers les nappes phréatiques sont pratiquement nuls car la libération des éléments nutritifs n’est pas brutale comme avec un engrais soluble minéral de synthèse (Figure n° 5). Du fait de la richesse et de la diversité des matières premières qui les composent, les engrais organiques naturels enrichissent le sol en bien d’autres éléments nutritifs qu’ils contiennent intrinsèquement.

Ils sont formulés à partir de différentes matières premières d’origine végétale et/ou animale ayant subi uniquement des transformations physiques (broyage, chauffage, déshydratation) ou enzymatiques par fermentation naturelle, de manière à apporter les nutriments en proportion adaptée aux besoins spécifiques de la plante. Les matières premières utilisées sont notamment : les farines de plumes, poudre de corne, poudre d’os, farines d’arêtes de poissons, guano, tourteaux de café, de cacao, pulpes d’olives, vinasses de betteraves… Les engrais organiques apportent azote, phosphore, potasse, calcium, magnésium et divers oligo-éléments en fonction des matières premières qui les composent.

RÉGLEMENTATION

Les amendements et les engrais organiques, pour être commercialisés en France, doivent être conformes, respectivement, à la norme NF U-44051 et à la norme NF U-42001 ou bien être homologués en tant que matière fertilisante (liste consultable sur le site officiel : https://ephy.anses.fr/ dans la catégorie MFSC, matières fertilisantes et supports de cultures).

Les amendements organiques

Les amendements organiques doivent être mélangés à la terre ou épandus en surface (ce qu’on appelle le « mulching »), mais jamais enfouis profondément car ils ont besoin d’oxygène pour se transformer en humus stable. Ils apportent des éléments nutritifs dans des proportions moins importantes que les engrais (moins de 3 % pour chacun des trois éléments N, P et K), mais leurs fonctions premières dans la fertilisation sont plus larges que celles des engrais. En effet, ils agissent sur les propriétés physiques, chimiques et biologiques du sol en lui apportant de la matière organique d’origine végétale, qui se transformera en humus.

Figure n° 5 : Fertilisation organique du sol © SBM Life Science Solabiol

L’apport d’amendement organique assure une structure grumeleuse au sol, facilitant ainsi la circulation de l’eau et de l’air. Il donne plus de consistance aux sols sablo-limoneux. Il fragmente les terres argileuses, ce qui facilite le drainage, leur culture et la pénétration des racines. L’humus stable résultant de cet apport formera le complexe argilo-humique qui évitera l’érosion par l’entraînement de l’argile en solution dans l’eau. La capacité du sol à stocker l’eau est alors améliorée : les plantes résisteront mieux aux périodes de sécheresse.

L’air circulant bien, les bactéries aérobies bénéficieront de conditions favorables à leur multiplication. L’humus stable résultant de l’apport d’amendement organique se minéralisera lentement et libérera progressivement de l’azote (chaque année, 2 % d’humus se minéralisent cf. Figure n° 1 et Figure n° 3). L’humus s’associe au fer pour former des chélates naturels. Ainsi protégé, le fer ne sera plus bloqué par le calcaire. Les risques de chlorose seront évités. Le complexe argilohumique donne au sol un pouvoir tampon qui atténue les variations de pH et permet le stockage et l’échange des nutriments solubles dans la solution du sol.

L’amendement organique stimule les processus biologiques du sol. Il a notamment un effet bénéfique sur la multiplication et la diversification des micro-organismes, permettant ainsi le contrôle des pathogènes du sol par antagonismes et production d’antibiotiques (notion de « flore de barrière »), et la production de molécules organiques assimilables par les plantes.

 

Denis Jardel
Directeur technique de SBM life Science

QUELS CRITÈRES POUR CHOISIR UN BON AMENDEMENT ORGANIQUE ?

Le taux de matière organique est exprimé en pourcentage par rapport au produit brut. Plus ce taux est élevé, plus l’amendement est riche : il n’y a aucun intérêt à acheter de l’eau ! Il faut choisir des amendements organiques dont les matières premières ont un fort potentiel humique, riches en cellulose et en lignine (les deux principaux précurseurs de l’humus) comme les tourteaux de café, de cacao, les pulpes d’olives, les pailles de céréales, les fumiers d’herbivores (de cheval ou d’ovins, qui est l’un des plus riches en matière sèche et en éléments nutritifs). La transformation en humus stable est beaucoup plus rapide qu’avec des amendements à base de produits végétaux tanniques : écorces, sciure, broyats végétaux, marcs de raisin, tourbes…