La bibliothèque de la SNHF. Naissance d’une collection au XIXe siècle – IIe partie

Emmanuelle Royon

VICTOR PAQUET, UN PERSONNAGE

 

Si les relations amicales qu’ont pu entretenir les membres de la Société ont largement contribué à l’enrichissement des collections de la bibliothèque, les tensions ont contribué à certaines omissions volontaires et notamment dans la représentativité de la presse du XIXe siècle. Cette constitution ne s’est donc pas faite sans heurts : c’est ce que nous apprennent les archives de la Société et notamment les lettres des Sociétaires. Le cas de Victor Pâquet en est un exemple éloquent.

 

Victor Pâquet, un « libre penseur »

Traité de la culture des plantes de terre de bruyère par Victor Pâquet

 

Victor Pâquet est un personnage tout à fait intéressant pour la presse horticole du XIXe siècle. Autodidacte, il fut jardinier au Jardin des plantes, rédacteur en chef du Journal d’horticulture pratique et membre actif de plusieurs sociétés horticoles dont la Société d’horticulture de Paris et la Société nationale d’horticulture de la Seine. Ce qui semble le caractériser le plus est la « vivacité » de sa plume. Alphonse Karr écrivait de lui : « Il a, pendant plusieurs années, publié une revue horticole qui n’était ni sans mérite ni sans intérêt, mais où régnait un ton âpre et un peu rogue provenant du vertige dont je disais tout à l’heure les causes. Il a mis au jour plusieurs travaux, et obtenu, tant pour ces travaux que pour des produits de ses cultures, plusieurs médailles et récompenses honorifiques à diverses expositions. Il avait soulevé des inimitiés, autant par certaines investigations et certaines révélations légitimes et honnêtes que par le ton agressif et les allures chagrines et malveillantes de sa plume. »

 

Un caractère explosif

La lecture du Journal d’horticulture semble donner raison à Alphonse Karr, Victor Pâquet ne fait pas preuve d’indulgence envers ses contemporains. Il écrit dans sa revue « Les deux sociétés d’horticulture de Paris sont en désarroi complet. Dans l’une le Czar qui préside humilie, comme toujours, nos bons jardiniers, en les trainant à sa remorque. Dans l’autre, en l’absence de l’honorable Vicomte Héricart de Thury, on joue aux enfants sous le commandement de quelques nullités qui occupent tour à tour le fauteuil de la société à la place du président titulaire ». Ce caractère explosif semble dépasser le cercle horticole, en témoigne cet extrait de la séance du 17 janvier 1849 à l’Assemblée nationale : « Votre comité de l’intérieur, tout en respectant le droit sacré de pétition, ne saurait accepter les expressions peu parlementaires du citoyen Pâquet ».

 

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Jardins de France 632. novembre-décembre 2014