La bambouseraie : plus de 150 ans d’un joyaux exotique…

Simon CrouzetJean-François Coffin

Ce haut lieu de la botanique dédié à l'exubérance du végétal, la Bambouseraie d’Anduze dans le Gard héberge une collection de plus de 200 espèces de bambous, expose des sculptures végétales, réunit les experts et les passionnés des plantes… pour faire rêver et partager un savoir-faire exceptionnel…

Le pavillon du phenix rouge © J duboisberranger

En 1855, un riche négociant en épices, Eugène Mazel, décide de revenir sur les terres de ses ancêtres pour créer de toute pièce un parc botanique. Il achète le domaine de Prafrance dans le Gard et y introduit de nombreuses plantes exotiques dont les bambous. Aidé d’une quarantaine de jardiniers, Eugène Mazel va entreprendre de grands travaux et l’installation d’infrastructures de pointe, les canaux d’irrigation et les serres en verre pour acclimater et exposer les plantes. Toute une fortune fut dépensée pour créer ce joyau européen qu’est devenue la Bambouseraie.
 

Les années prospères…
Suite à la ruine et au décès d’Eugène Mazel, en 1890, le Crédit Foncier de France reprend le domaine et le laisse en friches. En 1902, Gaston Nègre achète Prafrance, ranime le parc en développant une activité agricole sur les terres disponibles afin d’en permettre son entretien. Son fils Maurice et sa belle-fille Janine vont lui succéder. Suite au décès brutal de Maurice, en 1959, Janine se retrouve seule à la tête de l’entreprise. C’est en 1977 que lui succèdent leur fille Muriel Nègre et son mari Yves Crouzet, ingénieur horticole. Une nouvelle époque commence, le jardin évolue grâce également à la présence de quatre salariés permanents sur le domaine : la culture des vergers est abandonnée pour revitaliser la production de plantes de pépinières et horticoles. Avec les années 80 qui connaissent l’avènement du tourisme, le parc s’ouvre de plus en plus au grand public. Parallèlement, le bambou s’inscrit dans les listes des végétaux de grands paysagistes à la mode.


 

Le village laotien en bambou comme matériau de construction © bruno preschesnisky
un monument historique

« La Bambouseraie est un lieu unique dédié à l'extravagance dont la nature a le secret, à l'exubérance du végétal sous ses formes les plus inattendues… », explique Muriel Nègre sa présidente.
Située au pied des Cévennes, sur le territoire de la commune de Générargues, voisine d’Anduze (Gard), la Bambouseraie de Prafrance s’étend sur un domaine de 40 hectares dont près de 15 sont ouverts au public. Le bambou est naturellement à l’honneur avec des spécimens pouvant atteindre 20 mètres de haut et son « bambusarium » qui propose, sur une petite surface, une sélection de différentes espèces de bambous présentes sur le site.
Le parc offre un parcours dans lequel le visiteur va de découverte en découverte : un village laotien avec des constructions en bambous et des objets illustrant les multiples usages de ce végétal, les remarquables serres d’architecture victorienne/Napoléon III et ses collections de végétaux rares, le jardin aquatique, le jardin floral ou le labyrinthe végétal. En cette année 2012, année du dragon dans le calendrier chinois, on soulignera le Vallon du dragon, jardin zen aménagé en 2000 selon les principes du Feng Shui, espace dédié à l'art des jardins japonais, au bonzaï et à l'Ikebana. Le parc comprend aussi des séquoias centenaires, plusieurs spécimens de Ginkgo biloba, bananiers, palmiers, érables du Japon, camélias, magnolias et de nombreuses plantes rares.

 

tori@BrunoPreschesniskyLe jardin et la pépinière
L’entreprise grossit et les deux secteurs d’activité, tourisme et pépinière, prospèrent fortement. En 1997, Yves et Muriel Crouzet décident alors de les séparer juridiquement en créant les Pépinières de la Bambouseraie SAS. Après trente ans d’exploitation sous la direction générale d’Yves Crouzet, trois sites d’exploitations ont été créés, générant une centaine d’emplois. La Bambouseraie, à travers Yves Crouzet, est reconnue comme étant la référence pour la culture du bambou en Europe. En 2004, Muriel Nègre reprend les rênes de la Bambouseraie et développe de nouveaux axes culturels et scientifiques en inscrivant entre autres le domaine au Patrimoine des Monuments Historiques.
 

Une quatrième génération…
Le passage au nouveau millénaire engage la quatrième génération, avec Simon Crouzet qui prend la direction des Pépinières afin d’en poursuivre le développement. En dix ans, le chiffre d’affaires des pépinières a augmenté de 30 % grâce à une équipe soudée où l’ambiance de travail est la priorité. En 2009, un nouveau site de production de 6 hectares est ouvert sur la commune de Nîmes en étroite collaboration avec Denis Forge, directeur général des pépinières. Simon Crouzet reste très présent auprès de Muriel et participe aux projets du Parc de La Bambouseraie. L’équipe se renforce, avec l’arrivée en 2010, de l’une de ses soeurs, Valentine, qui rejoint l’équipe commerciale afin de prendre en charge le marché professionnel des paysagistes et des collectivités dans le but d’apporter son expertise commerciale suite à l’obtention d’un master de commerce de produits agro-alimentaires et un très bon début de carrière dans l’entreprise Nestlé. Valentine souhaite approfondir ses connaissances dans le secteur de la pépinière avant de poursuivre sa formation dans d’autres secteurs d’activité pour pouvoir revenir travailler dans l’entreprise familiale ultérieurement.
 

Un lieu ouvert à la culture
L’immense richesse de la Bambouseraie en fait le quatrième arboretum de France, classé Conservatoire européen pour sa collection de Phyllostachys par le CCVS (Conservatoire des Collections Végétales Spécialisées) et aussi « monument historique ». Premier site naturel visité dans le Gard, elle est, avec Villandry, le jardin le plus visité de France. Depuis quelques années, à la manière de nombreux autres jardins contemporains, le site accueille des installations d'artistes, plus ou moins pérennes ou éphémères. Il sert aussi de décor à de nombreux films. L’un des plus célèbres événements fut le tournage, en 1953, du film « Le salaire de la peur », avec Yves Montand et Charles Vanel. D’autres tournages ont suivi, dont « Paul et Virginie », ainsi que d’innombrables mises en scène pour la télévision.

La Bambouseraie
Domaine de Prafrance 30140 Générargues
Tel 04 66 61 70 47   Fax 04 66 61 94 94
bambou@bambouseraie.fr   http://www.bambouseraie.com
Ouverture 7 jours sur 7 du 1er mars au 15 novembre, y compris week-ends et jours fériés.

 
Phyllostachys sulfurea, l'un des plus beaux bambous © Simon Crouzet
Les coups de coeur de Simon crouzet

Originaire de Chine, le Sasa tessellata (Munro) Makino & Shibata possède des feuilles immenses (50 cm), certainement les plus grandes parmi les bambous tempérés. Leur port retombant  permet des effets de feuillage harmonieux. Rustique, il supporte jusqu’à - 18 °C et résiste bien à la sécheresse.
L’un des plus décoratifs, le Phyllostachys bambusoides ‘Holochrysa’ Pfitze (syn. P. bambusoides ‘All gold’, P. sulfurea), un bambou japonais géant, affiche des variations intéressantes dans les nuances du jaune qui colore ses chaumes. Ces derniers sont de grande qualité pour la construction et sont aussi utilisés pour les décors éphémères.
Quant au Phyllostachys vivax McClure, originaire de Chine, il présente un port érigé, avec des chaumes verts, recouverts d’un anneau de pruine blanche sous chaque nœud. C’est l’un des Phyllostachys les plus spectaculaires pour sa rapidité d’installation et de croissance. Il convient particulièrement au nord de l’Europe. Il résiste bien aux gelées, même fortes (-20°C).