HRVST: la ferme verticale haute technologie
Mathieu Caradeuc
Alors que le mètre carré au sol disponible se raréfie en ville, l’idée d’une agriculture qui s’élèverait en hauteur fait son chemin. Parmi ces projets, celui de Florentaise, très « high-tech » en plus d’être vertical, est déjà sur pied.
HRVST la ferme passe-partout
Les fermes verticales sont destinées aux zones où la production agricole est difficile voire impossible, pour cause de climat et/ou de manque d’espace disponible. Elles sont donc particulièrement adaptées à l’agriculture urbaine. Il s’agit de structures closes, sortes de phytotrons (installation de recherche en biologie végétale) dans lesquels les progrès technologiques permettent non seulement une parfaite maîtrise du climat et de l’alimentation minérale des plantes (solution nutritive recyclée) mais aussi, grâce aux éclairages LED, un contrôle total de l’ensemble des paramètres de croissance des plantes. On peut réinventer les programmes de culture en faisant varier l’éclairage selon les stades de développement.
Par exemple, on module la photopériode, l’intensité et la couleur de la lumière selon les objectifs visés (plante trapue, enrichie en vitamines, feuilles larges ou petites, floraison accélérée, etc.). Indépendantes de la lumière du jour, les cultures sont réalisées sur des étagères superposées et éclairées.
Ainsi, les LED permettent de reconstituer à moindres frais et avec une plus grande précision des spectres lumineux, les chambres de culture construites il y a une cinquantaine d’années pour les besoins de la culture in vitro des plantes.
La majorité des systèmes de fermes verticales nécessite des bâtiments quasi sur mesure, ce qui n’est pas le cas de HRVST (prononcez « harvest », qui signifie « récolte, moisson »). Le système a été pensé pour être 100 % modulable et adaptable à n’importe quel espace urbain. La ferme verticale de Florentaise utilise donc de nombreux capteurs de régulation, qui permettent d’obtenir un historique de l’environnement et des performances de croissance. On en tire des jeux de données précieux, qui aident à optimiser rapidement les itinéraires techniques de culture.
Des plants sains, ultra-frais, faciles à conserver
Le degré de maîtrise technique permet d’optimiser les mesures prophylactiques et la santé des plantes. En effet, il est possible de cultiver sans aucun pesticide de la semence au produit commercialisé. Pour ce faire, on optimise toutes les étapes de production. On utilise des semences certifiées, les employés passent par des pédiluves, ils portent des gants et des blouses antistatiques, les salles de culture sont surpressurisées, l’air est désinfecté, le support de culture de haute qualité sanitaire.
Dans les fermes HRVST, les plantes grandissent dans des pots individuels, 100 % biodégradables (fibre de bois), remplis de terreau renouvelable (sans tourbe). Les plants sortants de la ferme HRVST seront commercialisés en pots, donc avec leurs racines. De cette façon, les produits resteront frais pour l’utilisation par le consommateur.
HRVST permet de produire au coeur des cités une grande diversité de végétaux, notamment des plantes plus fragiles et difficiles à produire localement. On y produit du petit radis asiatique, des jeunes pousses de basilic thaï très parfumé, des jeunes plants potagers etc. Par rapport à une serre-verre traditionnelle, on obtient jusqu’à trois fois plus de biomasse par jour. À titre d’exemple, cet ensemble d’innovations permet de cultiver des potées de basilic citron en seulement une vingtaine de jours.
La technologie HRSVT permet de cultiver n’importe quelle plante. Cependant, dans une ferme verticale, toutes les plantes ne présentent pas une rentabilité économique suffisante. Elles sont particulièrement adaptées à la culture des légumes feuilles et encore plus des jeunes pousses. En Europe, ce marché est dominé par les Pays-Bas et Florentaise espère, grâce à ses fermes, relocaliser la production dans les centres urbains français.
Pas seulement une production de proximité
Une ferme verticale positionnée en plein centre-ville est aussi un formidable outil pédagogique, permettant de sensibiliser les citadins à l’agriculture locale et aux techniques de cultures pratiquées aujourd’hui. Ces fermes verticales s’inscrivent dans des projets de développement local dont l’intérêt économique et social est primordial.