Hortensia & Hydrangea : conseils de plantation et d’entretien

Didier Boos

Les hortensias et les Hydrangea sont de proches parents que l’on rencontre fréquemment dans les jardins français. Ces buissons supportent très bien nos latitudes à condition de prendre garde, notamment, aux conditions de plantation, à leur exposition et à la taille.

QUI SONT-ILS ?

L’hortensia est le plus courant, il s’agit d’Hydrangea macrophylla. Ce sont des buissons en général à fort développement. Leurs inflorescences sont globuleuses ou plates (“Teller” ou “Lacecap”). La floraison a lieu en juin/juillet en fonction des régions à partir de boutons terminaux formés à l’automne précédent. Les inflorescences1 restent sur l’arbuste jusqu’aux gelées.

Hydrangea serrata est un très proche cousin de l’hortensia. Ce sont des buissons plus petits, très ramifiés, à fleurs plates majoritairement. La floraison est hâtive début juin à partir des boutons terminaux, mais aussi à partir des boutons latéraux.

Pour tous, la coloration des inflorescences est bleue ou rose en fonction de la nature des sols.

Hydrangea macrophylla 'Romance', Hydrangea serrata 'Kurenaï', Hydrangea quercifolia 'SnowFlake'
Hydrangea macrophylla ‘Romance’, Hydrangea serrata ‘Kurenaï’, Hydrangea quercifolia ‘SnowFlake’ © D. Boos

Il existe d’autres Hydrangea : arborescens, aspera, paniculata, petiolaris (grimpants), quercifolia (à feuilles de chêne), schizophragma (grimpants), seemanii (grimpants et persistants). En général, la floraison est blanche avec rosissement/rougissement ou verdissement des inflorescences en fin d’été selon les espèces et les variétés.

1 L’inflorescence est composée, pour les hydrangéas à « fleurs plates » ou “Teller”, de nombreuses petites fleurs fertiles au centre, et stériles mais beaucoup plus spectaculaires vers l’extérieur. Pour les inflorescences globuleuses, les fleurs fertiles se cachent au milieu des fleurs stériles.

Plantation

OÙ PLANTER ?

Les meilleures expositions sont celles qui permettront aux Hydrangea :

  • de ne pas souffrir des gelées printanières ou automnales : le long d’un mur, sous un arbre.
  • de ne pas souffrir d’un soleil trop vif à la belle saison : exposition nord ou nord/est (le soleil levant est toujours moins chaud que le couchant) ou à l’ombre d’un arbre au moment le plus chaud de la journée en été.

Si ces deux conditions sont observées, les Hydrangea fleuriront sans peine, ne souffriront ni du froid ni de la chaleur et donneront de belles fleurs l’été et de belles couleurs à l’automne (bouquets secs).

Dans tous les cas, il faudra prévoir un arrosage en rapport avec le climat de la région.

Quelques précautions concernant le sol :

  • Si le terrain est argileux, il colle aux bottes : alléger avec 50 % de terre de bruyère ou de bon terreau universel l’emplacement du massif.
  • Le terrain est léger, sableux, pierreux, ou composé de mauvaise terre de remblai : ajouter au moins 50 % d’un mélange de terreau + bonne terre végétale et prévoir un arrosage facile.
  • Le terrain est calcaire (les hortensias sont régulièrement jaunes et chétifs) : creuser une fosse à l’emplacement du massif (10 à 15 fois le volume du pot planté), la remplir avec de la terre de bruyère et du terreau, puis planter. Prévoir un arrosage car la terre de bruyère ne retient pas l’eau. Chaque année, apporter un complément de terre de bruyère afin de maintenir un bon niveau d’acidité dans le sol.

COMMENT PLANTER ?

Bien imbiber la motte, en massif, planter à une distance de 60 à 80 cm avec le collet au niveau du sol. Faire une cuvette autour des pieds et arroser copieusement.

QUAND PLANTER ?

Planter plutôt en septembre ou octobre, lorsque la terre est encore chaude (penser à pailler les plantes pour l’hiver). Planter le reste de l’année est toujours possible, en dehors des périodes de gel.

LES COULEURS

L’hydrangéa est une des rares plantes à changer de couleur en fonction du sol dans lequel elle est plantée.

BLANC/BLEU/ROSE ET ROUGE
COMMENT « ÇA MARCHE » ?

  • Les hortensias et ‘Teller’ blancs ne possèdent pas de pigments et restent blancs.
  • Les hortensias et “Teller” resteront roses ou rouges2 dans un sol neutre (pH 6 à 7 maxi).
  • Les hortensias et “Teller”2 bleus resteront bleus dans un sol acide (pH 4) sous l’effet des sels d’aluminium, présents naturellement dans le sol ou apportés par le jardinier.

Certains sols seront suffisamment acides pour donner aux plantes un bleu franc, d’autres devront être amendés avec un apport d’alumine (sulfate d’alumine, alun de potasse, “Bleu de France”) pour donner la même intensité de bleu.

Hydrangea macrophylla dans la cour du Château d'Angers en 2016
Hydrangea macrophylla dans la cour du Château d’Angers en 2016 © D. Boos
Ils contiennent un pigment, la delphinidine, dont la couleur vire au bleu sous l’effet du pH et des sels d’aluminium (cf. notre article sur la rose bleue).

Comment planter des hortensias et ‘Teller’ bleus (et qui doivent le rester) dans un sol propre à une floraison rose ?

Comme dans le cas précédent : creuser une fosse de 10 à 15 fois le volume des pots à planter, mélanger 50 % de terre de bruyère ou terreau acide et 50 % de bonne terre végétale. Ajouter l’alumine, planter et arroser. Faire ensuite des apports d’alumine réguliers, et tous les ans un apport de terre de bruyère qui maintiendra l’acidité du sol. L’intensité du bleu dépend de la variété.

À la plantation : mélanger : 4 kg/m3 de terre remuée. En entretien : saupoudrer à 100 g/m2 tous les 15 jours au printemps de fin février à fin mai au pied des massifs. Griffer le sol puis arroser abondamment. Vous pouvez également l’apporter en arrosage sur sol frais à raison de 5 g/l d’eau.

LA TAILLE

En principe, il n’est pas nécessaire de tailler les Hydrangea : ils présenteront un aspect plus naturel. Toutefois, il est possible de les nettoyer chaque année afin de faire disparaître en début d’hiver les fleurs noircies par le gel. Certains jardiniers apprécient la présence de ces fleurs brunes dans leurs massifs et ne les enlèveront qu’au printemps (mars), cela n’a pas d’incidence sur le développement du buisson3.

Pour prolonger la période de floraison annuelle : enlever uniquement les premières inflorescences en fin de floraison, ce qui permettra le développement des bourgeons situés sous ces inflorescences et leur floraison en fin d’été.

3 Pour en savoir plus, lire dans le bulletin « Arbres et arbustes » 2017 de la SNHF : « Hydrangea, les travaux de fin d’hiver », par Didier Boos.

LES MALADIES

En général, les Hydrangea sont des plantes robustes qui ne donnent que peu de soucis aux jardiniers. Toutefois, on pourra noter les quelques problèmes courants suivants qui sont presque toujours la conséquence d’erreurs de mise en place ou d’entretien.

LES CHAMPIGNONS

Oïdium : développement d’un poudrage blanc plus spécialement à l’envers des feuilles. Éliminer les feuilles tombées au sol. Si le massif est planté dans une zone sombre et humide, envisager un déplacement avant le printemps vers une zone plus saine et mieux drainée.
Botrytis : développement d’un poudrage gris sur les boutons, les tiges et les feuilles. Enlever les parties atteintes et éliminer les feuilles tombées.
Phytophthora : pourriture du collet, sur H. quercifolia, heteromalla, aspera. Veiller à ne pas trop enterrer le collet des arbustes à la plantation et planter dans une zone fraîche mais pas détrempée du jardin. Si une plante meurt, détruire le pied et ne pas replanter au même endroit.
Rhizoctonia : pourriture du collet et des racines. Provoque la mort de la plante. Même traitement que pour le précédent.

LES RAVAGEURS

Pucerons : petits insectes noirs, gris ou verts, qui s’installent à l’extrémité des tiges. Ils ne sont pas très dangereux sur les Hydrangea du jardin.
Acariens : araignées minuscules, qui se développent plutôt en période chaude et sèche et provoquent des décolorations de feuillage. Penser à asperger le feuillage.
Cochenilles : petites masses blanches qui se développent sur les tiges et sous les feuilles pendant l’été. Dissimulées par le feuillage, elles sont difficiles à éliminer. À la sortie de l’hiver après nettoyage rigoureux des feuilles mortes et des fleurs fanées.

Dans tous les cas, si un traitement chimique s’avère nécessaire, il faudra se renseigner auprès de son vendeur.

Remerciements à : Hélène Bertrand, Vincent Guérin, Corinne et Robert Mallet.

Variabilité des inflorescences H. macrophylla
Variabilité des inflorescences H. macrophylla © D. Boos