Henri Le Sidaner et son jardin de Gerberoy

Peintre lié au mouvement « intimiste », Henri Le Sidaner se prend de passion pour la plus petite ville de France, Gerberoy, dans l’Oise, au début du XXe siècle. Il y acquiert une maison, puis en étant le jardin, où il laisse libre cours à sa créativité. La ville tout entière bénéficie, aujourd’hui encore, de l’aura du peintre.

Le « jardin blanc » est le premier jardin monochrome du peintre. À l’achat de la maison, il s’agissait juste d’un verger à l’abandon © Jardins Henri Le Sidaner – Gerberoy

Une formation précoce

Né le 7 août 1862, Henri Le Sidaner, fils de capitaine au long cours, vit les premiers moments de son enfance à Port-Louis, sur l’île Maurice. En 1872, la famille Le Sidaner décide de rentrer en France, à Dunkerque. Il grandit dans une famille d’artistes, sa mère est professeur de piano, ses deux sœurs pianistes, son frère aîné sculpteur. Henri Le Sidaner témoigne d’une grande habileté artistique et intègre immédiatement l’école de dessin de Dunkerque.

En 1880, un tragique accident marque profondément le peintre : son père décède au cours d’un naufrage en traversant la Manche. Il poursuit néanmoins ses études à l’école des Beaux-Arts de Paris, grâce à une bourse de 1 000 francs financée par la ville de Dunkerque. En 1894, Henri Le Sidaner se rapproche des derniers mouvements artistiques, le symbolisme et l’impressionnisme. Il rencontre, en 1896, le célèbre galeriste Georges Petit, avec lequel il signe un contrat d’exclusivité. Deux ans plus tard, il rejoint le mouvement « intimiste », où les sujets humains disparaissent des tableaux pour laisser place à des scènes de vie, à l’architecture et aux jardins.

Gerberoy : une maison et une ville passions d’une vie

Ce tournant dans la vie de l’artiste, où il accède à une situation financière stable, est sans conteste la base des Jardins Henri Le Sidaner de Gerberoy (Oise). En effet, en quête d’une maison de campagne et grâce aux conseils de son ami Auguste Rodin, auprès duquel il présente ses toiles à l’Exposition universelle de Paris en 1900, Le Sidaner visite Gerberoy en mars de la même année. Ébloui par cette plus petite ville de France, il en perçoit immédiatement le potentiel artistique. Le mois suivant, il loue une maison, qu’il acquiert en 1904.

Cette maison, autrefois habitée par des religieuses, adossée au pied de la Collégiale Saint-Pierre, n’est accompagnée que d’une parcelle, un verger à l’abandon qui deviendra « le jardin blanc », le premier jardin monochrome du peintre. Jusqu’en 1910, d’autres parcelles seront progressivement acquises auprès de la commune, sur les ruines du château fort: les terrasses à l’italienne, la roseraie, le jardin jaune et bleu prennent forme. Les jardins finissent par atteindre leur superficie actuelle. Henri Le Sidaner a une idée précise des effets de lumière qu’il recherche et élabore lui-même ses jardins. L’aube et le crépuscule sont des moments dans la journée où la lumière ambiante donne une forme nouvelle de beauté aux jardins agencés par l’artiste.

La maison du peintre Henri Le Sidaner à Gerberoy (60), vue depuis la rue © Jardins Henri Le Sidaner – Gerberoy

Ainsi, pour atteindre cet idéal de nature et d’harmonie, il dessine lui-même les différents éléments qui composeront ses jardins, les buis, les charmilles, les arcatures, les girouettes, le temple de l’amour, etc. de même qu’il rapporte de ses voyages d’études des statues, des tables et bancs en pierre, des vasques, un pinacle…

Cependant, Henri Le Sidaner ne concentre pas ses seuls efforts sur ses jardins, mais aussi sur la petite ville de Gerberoy, en luttant pour le maintien de différentes reliques du passé médiéval de la ville, à l’image de la Tour Porte, qui composait l’entrée du château fort.

Peintre mécène, il contribue au fleurissement de Gerberoy et est à l’initiative de la création de la célèbre Fête des Roses, dont on a fêté, en 2019, le 91e anniversaire ! Il crée également la Société des Amis de Gerberoy, pour la conservation des monuments et sites historiques.

Henri Le Sidaner a toujours porté Gerberoy en haute estime jusqu’à sa mort, le 16 juillet 1939, ce qui a sûrement contribué à ce que la ville soit classée parmi les Plus Beaux Villages de France.

Dominique Le Sidaner
Présidente de l’association « Henri Le Sidaner en son Jardin de Gerberoy », vice-présidente des « Moments musicaux de Gerberoy »

 

Les Jardins Henri Le Sidaner sont ouverts tous les jours du 1er mai au 30 septembre, de 11 heures à 18 heures.
Prix d’entrée: 6 € Gratuit pour les enfants de moins de 12 ans.
Contact : Dominique Le Sidaner – Tél.: 06 59 09 36 77

AUTOUR D’HENRI LE SIDANER

Henri Le Sidaner peignant dans son jardin à Gerberoy (60) en 1920 © Jardins Henri Le Sidaner – Gerberoy

Malgré ses nombreuses distinctions, professeur à l’École des Beaux-Arts de Paris, Grand Prix de Rome, Académicien des Arts et des Lettres, le peintre Henri Le Sidaner fait partie des « oubliés » d’aprèsguerre du paysage culturel français, en particulier avec l’arrivée des Avant-Gardistes. Après la faillite de la galerie Georges Petit, en 1931, de nombreux passionnés d’art, américains, anglais et japonais, ont intégré des œuvres signées Le Sidaner dans leurs collections.

Étienne Le Sidaner, petit-fils du peintre, et son épouse Dominique, ont ouvert les jardins, patrimoine familial depuis 1901, au public en 2008. Ces jardins sont labellisés « Jardin Remarquable », depuis 2013. Les jardins Henri Le Sidaner ont obtenu, en avril 2019, leur première étoile au Guide Vert Michelin.

Prestigieuse reconnaissance, le peintre est inscrit dans le guide des Maisons d’Écrivains et d’Artistes et figure, à présent, aux côtés de Monet, Manet, Victor Hugo, Van Gogh…(1*)

De nombreuses expositions lui sont régulièrement consacrées en France et à l’étranger depuis plusieurs années et, en 2019, au musée Singer Laren (Pays-Bas), au Palais Lumière d’Évian-les-Bains, et au Musée des Beaux-Arts de Quimper.

(1*) Son atelier d’artiste à Gerberoy peut être visité sur
rendez-vous.