Heliconia Island : Un jardin tropicalau cœur du Costa Rica

Situé à cinquante kilomètres au nord de l’aéroport de San José et proche de Puerto Viejo de Sarapiqui, Heliconia Island est un jardin un peu à l’écart des grands sites touristiques du Costa Rica. Entouré par les eaux du Rio Puerto Viejo et ses méandres, on y accède par une étroite passerelle en bois. Le détour est largement justifié pour apprécier la richesse de la biodiversité de la forêt pluviale. 

Heliconia Island est une petite merveille du Costa Rica, paradis de deux hectares et demi, aussi bien pour les plantes que pour les animaux sauvages de la forêt humide toute proche du Parc National de Braulio Carillo. La visite du jardin est ponctuée par les sons des singes hurleurs, des divers oiseaux, grillons et autres grenouilles. Mais ce qui constitue l’originalité de ce jardin est l’ensemble des quelque soixante-dix espèces d’héliconias dont les fleurs offrent des couleurs et formes spectaculaires.

Quelques espèces typiques d’héliconias, espèces à inflorescence dressée :

Heliconia lingulata Ruiz&Pav. © D. Veschambre
Heliconia angusta Vell. © D. Veschambre
Heliconia caribaea Lam. © D. Veschambre
Heliconia wagneriana Petersen © D. Veschambre

Un jardin tropical accueillant

Le terrain pratiquement plat est engazonné de Paspalum distichum, confortable tapis couvrant ces terres rouges et rendues collantes par les pluies fréquentes, appréciées par les héliconias. Ces plantes rhizomateuses sont disposées en touffes ou bosquets vigoureux selon leur taille, dominés par quelques grands arbres et quelques touffes de bananiers, qui leur ressemblent quant au feuillage. La floraison est de durée variable selon les espèces, de quelques semaines à plusieurs mois de façon continue.

Une famille originale

Les héliconias appartiennent à la famille des Heliconiaceae qui ne comporte qu’un seul genre Heliconia. Cette famille appartient à l’ordre des Zingibérales qui comporte également les familles des Costaceae (genre Cheilocostus), des Musaceae (genre Musa) et des Zingiberaceae (genres Etlingera, Alpinia, Zingiber…). L’ensemble des espèces qui composent cet ordre de Zingébérales ont des caractères morphologiques relativement proches, comprenant des espèces à usage alimentaire ou floral : le bananier, le gingembre, la cardamome, le curcuma, le strelitzia… Elles sont représentées à Heliconia Island par une centaine d’espèces, même si toutes ne sont pas originaires du Costa Rica.

Espèces à inflorescence tombante, souvent de grande dimension :

Heliconia chartacea Lane ex Barreiros © D. Veschambre
Heliconia vellerigera Poepp. © D. Veschambre
Heliconia rostrata Ruiz & Pav. © D. Veschambre
Heliconia mariae Hook.f © D. Veschambre

Autres espèces de Zingibérales : 

Zingiber spectabile Griff. (proche du gingembre alimentaire) © D. Veschambre
Alpinia purpurata (Vieill.) K. Schum © D. Veschambre
Etlingera fulgens (Ridl.) C.K. Lim. (fleur porcelaine) © D. Veschambre
Cheilocostus speciosus (J. Koenig) CD Specht © D. Veschambre
© D. Veschambre
© D. Veschambre

Au cœur de la vie et des usages au Costa Rica

Avec leur végétation touffue, les héliconias offrent un refuge aux grenouilles du genre dendrobate, qui vont trouver dans les fleurs dressées l’eau de pluie nécessaire (ici grenouille « bluejean » et grenouille à yeux rouges).

Grenouille à yeux rouges © D. Veschambre
Grenouille Bluejean © D. Veschambre
Grenouille Bluejean © D. Veschambre

En revanche, les héliconias ont besoin d’un pollinisateur exclusif qui est le colibri. Les études récentes ont confirmé la coévolution entre colibri et héliconia, envisagée depuis longtemps. En effet, H. caribaea est pollinisée exclusivement par les colibris femelles au bec plus long et plus courbe, tandis que H. bihai est pollinisée exclusivement par les colibris mâles, au bec plus court et plus droit.

© D. Veschambre
© D. Veschambre
Colibri (Eulampis jugularis) ici sur la verveine de la Jamaïque (Stachytarpheta jamaicensis (L.) Vahl) souvent plantée pour l’attirer © D. Veschambre

Les feuilles d’héliconia servent, au niveau culinaire, pour confectionner des petits pâtés de nourriture dénommés « Tamales » à l’occasion des fêtes de fin d’année. Mais l’usage le plus populaire des héliconias est en fleurs coupées, formant de somptueux bouquets, capables pour certaines, de tenir trois semaines en vase.

 

Daniel Veschambre
Membre du Comité de rédaction de Jardins de France