Georges Truffaut : un entrepreneur et un chercheur digne de ses prédécesseurs

 

L’entreprise Truffaut offre une histoire familiale très riche, édifiée par quatre générations d’hommes passionnés et guidés par des valeurs communes. Quatre générations à l’écoute des changements profonds de la société et capables d’anticiper les besoins de leurs clients en étant à la pointe des outils de communication, catalogues, bulletins techniques, radio… Georges Truffaut, de la quatrième génération, en est peut-être le meilleur exemple.

 

Au cours de la Première Guerre mondiale, Georges Truffaut est rappelé du front et crée les Pépinières nationales à Versailles, pour améliorer l’alimentation des soldats. En 1918, cette pépinière produit plus de 100 millions de plants de légumes.

 

Amoureux d’art, Georges Truffaut partage sa passion pour le jardin avec Claude Monet.

Le chercheur

Les recherches de Georges Truffaut, formé à la chimie et à l’agronomie, sur la croissance des plantes (effet des engrais, influence de la lumière artificielle) sont révolutionnaires et remarquées. Elles portent aussi sur la protection des plantes (lutte contre les insectes nuisibles et les maladies) et sur la qualité des sols (analyse, mesure du pH…). En véritable scientifique, il développe en 1906 son propre laboratoire d’analyses. Dans le prolongement des innovations passées, la première gamme de produits de jardin Truffaut utilisable en agriculture biologique, lancée dès le début des années 2000, portait le nom de Georges Truffaut.

Le commerçant

Les Établissements horticoles Georges Truffaut occupent à Versailles (78) une superficie de 70 000 m2. En 1927, pour faciliter les achats de ses clients, il ouvre son premier magasin à Paris, où ils peuvent s’approvisionner en engrais et en graines sans avoir à se déplacer à Versailles. Par la suite, de nombreux autres magasins en France et à l’étranger (Maroc, Algérie, Belgique, etc.) sont installés pour renforcer la proximité avec les clients.

Après la Première Guerre mondiale, il développe au Chesnay (78) un concept global et révolutionnaire de magasin où 30 hectares proposent, dans un même lieu, de nombreuses variétés de plantes, des graines garanties et des plants. Cet établissement porte déjà les fondations du premier Garden Center G. Truffaut, qui sera inauguré le 1er novembre 1964.

Le novateur

Georges Truffaut comprend le lien entre le jardin et la pédagogie et installe autour de ses laboratoires, des « Jardins d’Expériences », véritables lieux d’apprentissage, tels que, le Jardin naturel, le jardin des plantes vivaces et la roseraie. Dans un pur style Louis XVI, celle-ci s’étend sur un hectare. Plus d’un millier de personnes la visitent chaque jour. Georges Truffaut développe un lieu esthétique, composé de couleurs et d’espèces différentes. Il comprend que ses clients, subjugués par le rêve qu’il leur propose, vont chercher à recréer chez eux cet univers. Il développe alors un département de conseils : le Service d’architecture des Établissements G. Truffaut. Il cherche une proximité avec le client en proposant des conseils personnalisés par courrier. Il n’hésite pas à répondre à ses clients lorsqu’ils le sollicitent pour des conseils de jardinage. Enfin, soucieux de vulgariser le progrès scientifique, il propose des analyses de sols et des conseils de fumure.

Le premier Garden Center G. Truffaut a été inauguré
le 1er novembre 1964 – © Truffaut

L’humaniste

Au fil de ses expériences, Georges Truffaut se forge une vision d’entrepreneur et de manager d’équipes. Au cours de la Première Guerre mondiale, il est rappelé du front et crée les Pépinières nationales à Versailles, pour améliorer l’alimentation des soldats. En 1918, cette pépinière produit plus de 100 millions de plants de légumes, permettant aux soldats de se nourrir. C’est ainsi que 34 000 jardiniers militaires y travaillent et, à la fin de la guerre, un million de plants sortent par jour.

En 2011, pour consolider son engagement sociétal et inspiré par les valeurs citoyennes historiques, Truffaut décide de créer la Fondation d’entreprise Georges Truffaut. Sa mission est de favoriser le bien-être des hommes grâce aux bienfaits du végétal et du jardinage.

Le communicant

Pour transmettre son savoir, Georges Truffaut devient également homme de radio, d’abord sur Radio Paris puis sur le Poste Parisien, où il aborde de nombreux thèmes : fertilité de la terre, roses nouvelles, plantations fruitières… Il prend le micro tous les matins pour son « conseil jardin » mais s’exprime plus longuement le lundi dans « ses causeries ».

Il imagine aussi le premier magazine jardin en 1911 en créant la revue Jardinage, qui conjugue vulgarisation scientifique, conseils pratiques et analyse des tendances. Par ailleurs, il écrit des ouvrages généraux comme l’encyclopédie Comment on soigne son jardin, dont la première édition sort en 1914. Il crée aussi un catalogue par correspondance dès le début des années 1920. Enfin, il développe une communication plus « scientifique » en publiant les résultats de ses études sur les maladies, les insectes, nuisibles aux plantes cultivées : Sols, terres et composts utilisés en horticulture publié en 1896. Les Ennemis des plantes cultivées est publié en 1912. À ce titre, il reçoit la coupe d’or de Veitch en 1912.

Jean-François Denize

Responsable RSE : Truffaut / Fondation d’entreprise Georges Truffaut / Copyright fondation Truffaut

 

Les Truffaut : tous chercheurs et entrepreneurs

Le nom des ancêtres, cultivateurs de pomme de terre (truffe de terre) en Ile-de-France, était en réalité Trouffot.

Charles Truffaut père (1795-1865)

Il fonde le premier établissement Truffaut à Versailles en 1824. Il développe des serres chauffées permettant la culture des ananas et des raisins, qui font le bonheur des gens fortunés. Sa renommée s’étend au-delà de nos frontières, en Allemagne, au Royaume-Uni et en Hollande, grâce à la création d’une Reine-Marguerite pyramidale à fleurs de pivoine en 1835.

Charles Truffaut fils (1818-1895)

Il perçoit la nécessité de regrouper les professionnels de l’horticulture en créant l’équivalent d’un syndicat professionnel : la Société d’horticulture de Seine-et-Oise.
Écrivain à ses heures, il publie dans les bulletins de la Société d’horticulture les procédés techniques de ses cultures, ce qui lui vaut la reconnaissance de la profession horticole.

Armand-Albert Truffaut (1845-1925)

Il bénéficie des acquis des générations précédentes. Il n’hésite pas à traverser la Manche pour se former dans les écoles anglaises. Il modernise l’exploitation familiale en tentant d’industrialiser l’horticulture. C’est chose faite avec la création de nouvelles serres chaudes. « Ce n’est plus un jardin de culture de quelques spécialités comme autrefois, c’est une véritable fabrique de plantes nouvelles ou rares. », peut-on lire dans le rapport de juillet 1881 de la Société nationale et centrale d’horticulture de France. Il aura deux fils, Ferdinand-Albert, à qui il confie l’entreprise familiale, et Georges. Ses activités le mèneront à être également conseiller municipal à la mairie de Versailles, entre 1880 et 1904, et premier vice-président de la SNHF.

Georges Truffaut (1872-1948)

Fort d’une première carrière professionnelle dans la recherche agronomique et la physiologie végétale, il crée sa propre entreprise en 1897 : Les Établissements horticoles Georges Truffaut, en vue d’appliquer au jardinage les techniques les plus complexes des sciences chimique, physique et électrique. Il saura la positionner sous le signe de la modernité. Amoureux d’art, il partagea également sa passion pour le jardin avec Claude Monet, un ami fidèle.

À lire : Daniel Lejeune, 2018, Un Panthéon imaginaire des jardiniers du XIXe siècle, SNHF 272 p