Fleurs et rameaux coupés : Limiter le flétrissement

La conservation des fleurs oblige à des soins particuliers lors du prélèvement sur la plante. Ces conditions ne sont bien réalisées que lorsque l’on cueille soi-même les éléments. En effet, les rameaux et tiges prélevés sur la plante se trouvent brutalement sevrés. L’apport nourricier de la sève étant interrompu, ils sont en situation de survie. C’est pourquoi il faut un minimum de considération et de soins pour prolonger au mieux leur épanouissement.

Pour les narcisses et les jonquilles, il faut fendre en deux la base de la tige sur 2 cm, la passer à la flamme pour stopper l’écoulement qui, dilué dans l’eau, fait flétrir les espèces associées © B. Lamberti

Règles générales

Réduire la déshydratation

La déshydratation constitue le phénomène majeur dont il faut retarder les effets. Prélevez les éléments de préférence le matin, la plante s’étant revivifiée au cours de la nuit. Placez-les à l’abri des rayons solaires avant de les plonger dans des seaux d’eau fraîche à l’ombre. Il est primordial d’ôter toutes les feuilles qui s’y trouveraient noyées pour éviter le croupissement de l’eau.

Dans la partie supérieure de la tige, les feuilles constituent une importante surface de déshydratation alors que la photosynthèse devient négligeable. Le phénomène le plus important est donc l’évaporation de l’eau contenue dans les cellules. Une seule solution : supprimer un grand nombre de feuilles. Pour éviter le dénuement, on agrémentera alors la composition avec un ou deux feuillages indépendants des fleurs et choisis pour cela. Cependant, si notre bouquet n’est confectionné que de quelques tiges d’un seul type de fleurs, on évitera de les présenter « squelettiques »

La bonne solution est donc un compromis raisonné entre l’esthétique d’ensemble et la limitation des problèmes biologiques.

Si notre bouquet n’est confectionné que de quelques tiges d’un seul type de fleurs, on évitera de les présenter « squelettiques ». La bonne solution est un compromis raisonné entre l’esthétique d’ensemble et la limitation des problèmes biologiques © J.-L. Boulard

Faciliter l’hydratation

Avant de les placer dans une bonne quantité d’eau fraîche, certaines tiges seront fendues en deux ou encore plongées rapidement dans une eau à 50 °C.

Pour des arbustes (ou branches), l’écrasement des tiges à l’aide d’un marteau est une ineptie qui, malheureusement, perdure. Comment imaginer que des cellules écrasées puissent favoriser un bon fonctionnement des vaisseaux ?

Pour toutes les opérations de coupe, il faut utiliser des outils propres (sécateur, petite serpette, greffoir) présentant une lame bien affûtée.

Éviter les écarts de température

En premier lieu, il faut éviter les courants d’air. Dans nos intérieurs, il est raisonnable de placer les fleurs entre 15 et 18 °C. Lors des périodes de chauffage, si le bouquet n’est pas volumineux, il faut le placer, pour chaque nuit, dans un endroit plus frais, mais toujours en évitant des différences de température trop prononcées.

Les fleurs provenant des zones tropicales (Heliconia, Alpinia, Anthurium, Aechmea, Guzmania, Tillandsia, Vriesea), craignent le froid. Le bon niveau est un minimum de 18-20 °C. À l’inverse, les protées, originaires d’Afrique du Sud, sont les seules fleurs exotiques aimant le froid, même de 5 °C.

Apporter des éléments nutritifs

L’utilisation de produits, dénommés « conservateur » ou « nourriture », élaborés par l’industrie est utile. Ils permettent de conserver une eau saine et nourrissent la fleur privée de ses ressources naturelles aidant ainsi à un épanouissement plus complet.

Pensez aussi à nettoyer les vases à l’eau de javel pour éliminer les bactéries.

Travaux pratiques

La tige d’aconit doit être placée dans de l’eau à 40 °C qu’on laisse ensuite refroidir. On applique le même traitement aux marguerites et Leucanthemum en ajoutant de l’eau de javel diluée dans le vase.

La tige d’alpinia craint le froid et boit beaucoup. La tige d’anémone doit être fendue en deux à la base sur 3 cm et plongée dans l’eau bouillante rapidement puis mise dans l’eau fraîche.

L’amaryllis ne nécessite pas beaucoup d’eau. Il faut placer un élastique à la base pour éviter l’éclatement de la tige ; un tuteur glissé à l’intérieur de la tige creuse évitera son affaissement lors de l’épanouissement complet.

Pour anthémis et chrysanthème, aucune feuille ne doit tremper dans l’eau. La tige du chrysanthème doit être cassée et non coupée. Pour éviter le croupissement de l’eau, on utilisera 1 ou 2 cl de solution d’eau de Javel dans l’eau du vase (une cuillère à café d’eau de Javel pure diluée dans 1 litre d’eau), de même pour gerbera

L’anthurium craint le froid. On place les tiges dans de l’eau à 40 °C et on laisse refroidir.

Arum et calla sont sensibles aux bactéries. Il faut fendre la tige en deux, la plonger rapidement dans l’eau bouillante et la placer ensuite dans 2 cm d’eau fraîche.

Avant toute composition, il faut tremper les Aster quelques heures dans un seau rempli d’eau fraîche.

Pour seringat et boule de neige (Viburnum opulus), l’écorce de la base des rameaux sera grattée avec un couteau, sur 5 à 10 cm © B. Lamberti

Les Broméliacées : Aechmea, Guzmania, Vriesea, Tillandsia, nécessitent beaucoup de lumière, 20 °C ambiants et peu d’eau mais une brumisation par jour.

Coquelicots et pavots sont cueillis en boutons gonflés mais non épanouis ; le latex est coagulé en brûlant la coupe avec une flamme.

Pensez à placer les cyclamens dans l’eau uniquement après avoir fendu la base de la tige.

Les Delphinium ont besoin de beaucoup d’eau. L’Heliconia est très sensible au dessèchement dans nos intérieurs chauffés ; celui-ci peut être atténué en badigeonnant la fleur d’huile ou de lustrant à feuillage.

Pour lisianthus : bien effeuiller les tiges et les maintenir aérées entre elles afin d’éviter les maladies cryptogamiques.

Pour le muguet, fendre en deux la base de la tige sur 2 cm; ajouter quelques gouttes de vinaigre blanc dans l’eau pour favoriser la blancheur des clochettes.

Pour les narcisses et les jonquilles, il faut fendre en deux la base de la tige sur 2 cm, la passer à la flamme pour stopper l’écoulement qui, dilué dans l’eau, fait flétrir les espèces associées. Pour les œillets, il convient de toujours couper les tiges entre deux nœuds et de les placer dans de l’eau à 40 °C jusqu’à refroidissement.

Dans le cas des ornithogalles, il faut s’assurer que les tiges ne comportent pas de nécroses et les placer dans 2 à 3 cm d’eau additionnée de Javel diluée.

Pour cueillir les pivoines, attendez que les pétales commencent à se décoller, fendez le bas des tiges sur 3 à 4 cm et placez-les dans de l’eau à 40 °C jusqu’à refroidissement dans un grand volume d’eau.

Avant de les placer dans une bonne quantité d’eau fraîche, certaines tiges, celle d’Anémone par exemple, seront fendues en deux ou encore plongées rapidement dans une eau à 50 °C © B. Lamberti

Les protées aiment le froid. L’utilisation d’un conservateur favorise l’épanouissement.

Pour les roses, un bouton qui commence à se flétrir et à s’affaisser est le signe d’un blocage dans la tige. Pour limiter ce phénomène, il est capital de recouper 1 ou 2 cm de tige sous l’eau. Lorsque l’on ressort celle-ci, une pellicule humide adhère à la coupe, empêchant l’air de pénétrer dans les vaisseaux. Pour faciliter l’épanouissement des tulipes, traverser la tige sous la fleur avec une épingle. Au contraire, pour éviter qu’elle n’éclate, donner quelques petits coups d’épingle à la base de chacun des trois pétales extérieurs. Trop d’eau dans le vase et les tulipes risquent de s’affaisser.

Les branches et rameaux doivent être cueillis de préférence avec des fleurs peu épanouies. Chaque tige sera plongée rapidement dans de l’eau à 80 °C puis mise en eau fraîche. Les feuilles seront éliminées aux trois quarts. Enfin, il est préférable de les mettre en pleine eau plutôt que dans la mousse de piquage. Les conservateurs seront utilisés.

Pour cerisier, pêcher, pommier, prunier, lilas, la base des rameaux sera fendue en deux avec un sécateur, sur 5 cm, tandis que pour seringat et boule de neige (Viburnum opulus), l’écorce de la base des rameaux sera grattée avec un couteau, sur 5 à 10 cm. De plus, pour la boule de neige, les inflorescences acquises encore vertes dureront plus longtemps.

 

Bruno Lamberti
Président de la section art floral de la SNHF

 

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