Espaces végétalisés et santé mentale : état des connaissances

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Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS, 1946), la santé désigne un état complet de bien-être physique, mental et social. Si nous pouvons tous aisément citer des recommandations pour améliorer notre santé physique, telles que manger cinq fruits et légumes par jour ou pratiquer une activité physique régulière, force est de constater que les mesures d’hygiène mentale sont moins promues.

[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_single_image image= »19343″ img_size= »full » add_caption= »yes » alignment= »center »][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_column_text]Parmi un ensemble de mesures, l’OMS (2016) mentionne que le fait de se rendre dans des espaces de nature urbains est favorable à la santé mentale des individus. Quels sont les effets bénéfiques observés? Afin de répondre à cette question, une revue de la littérature scientifique a été conduite. Elle a permis de recueillir plus de 300 articles (1*) apportant des éléments de réponse concernant l’amélioration de trois états internes principaux: le stress, l’humeur et l’anxiété.

La réduction du stress

Tout le monde connaît le stress, mais que traduit réellement ce vocable ? Selon la psychologie, il s’agit d’un ensemble de modifications psychologiques et corporelles en lien avec une demande environnementale (Lazarus & Folkman, 1984). Face à un élément stressant, le corps et l’esprit se mobilisent pour avoir les ressources nécessaires afin de satisfaire la demande. Cette réponse est parfaitement saine mais sa chronicisation est susceptible d’entraîner des effets délétères sur la santé mentale et physique. La revue de littérature réalisée montre un constat intéressant à ce sujet: les personnes résidant à moins de 300 mètres d’un espace de nature éprouvent moins de stress et renseignent une meilleure santé générale que celles résidan à plus d’un kilomètre de tels environnements (Stigsdotter et al., 2010). Les espaces de nature urbains permettent effectivement de se décentrer des stresseurs (Kaplan, 1995) que nous expérimentons au cours de la journée tels que le trafic routier, le bruit de la ville, les mails, etc. Il en résulte des réponses de détente, psychologiques et physiologiques, comme la réduction de la fréquence cardiaque ou la diminution de la tension artérielle (Lanki et al., 2017). Présenté ainsi, il n’est donc pas étonnant que les personnes renseignent une réduction de leur stress de 87 % en moyenne à la suite d’une visite d’un espace de nature urbain (Hansmann, Hug, & Seeland, 2007). Cependant, les bénéfices observés ne se limitent pas au stress : l’humeur est également affectée.

L’amélioration de l’humeur

Si le stress désigne une réponse à une demande environnementale, l’humeur renvoie quant à elle à un état affectif davantage pérenne. Nous éprouvons tous des variations de notre humeur mais il est souvent difficile de décrire cet état et de le rattacher à un déclencheur spécifique. Si nous avions connaissance jusque-là que l’humeur pouvait être améliorée ou stabilisée par les professionnels de santé, nous savons aujourd’hui que les espaces de nature urbains le permettent également. Les études sont d’ailleurs unanimes à ce sujet: que la nature soit présentée en film (Olafsdottir et al., 2020), en photographies (Pretty et al., 2005) ou réellement (Davydenko & Peetz, 2017), nous observons une amélioration de l’humeur marquée par l’émergence d’émotions positives. Plus encore, une demi-heure de marche par semaine permettrait de réduire la prévalence de la dépression de 7 % (Shanahan et al., 2015). L’effet obéit ici à une loi de dose-réponse où la réduction de l’humeur négative est d’autant plus forte que le temps passé dans l’espace de nature augmente (Liu et al., 2017). Combien de temps faut-il alors passer dans un espace de nature pour en retirer des bienfaits ? Une méta-analyse conclut qu’une exposition très courte, de cinq minutes, suffit à améliorer l’humeur d’une personne (Barton & Pretty, 2010). Les espaces de nature urbains sont donc bénéfiques aux personnes stressées et/ou présentant une humeur négative. Mais qu’en est-il des individus anxieux ?

De la relaxation psychologique pour réduire l’anxiété

L’anxiété désigne un sentiment subjectif lié au fait de se sentir menacé, couplé avec un ensemble de modifications psychophysiologiques visant à préparer le corps à l’action. Si le stress se limite à la perception d’un stresseur présent actuellement, l’anxiété témoigne davantage d’un ancrage dans le futur, impliquant la nécessité de recentrer le sujet sur l’instant présent. Les études, plus rares à ce sujet, témoignent d’une diminution de l’anxiété associée à la quantité de végétal proche du domicile (Hystad et al., 2019). Des recherches montrent que le contact avec les espaces végétalisés permet aux personnes d’éprouver un état de relaxation psychologique marqué par un renforcement du sentiment de liberté (Stefan,  2016), une réduction de la pression liée au temps (Johansson et al., 2011) et un sentiment de paix, de déconnexion par rapport à un milieu urbain, sollicitant et bruyant (Chiesura, 2004). Le ressenti conjoint de ces sentiments permet de réduire l’anxiété éprouvée par la personne (Song, Li, Li, Xu, & Hu, 2016).

Conclusion

La littérature montre que le contact avec la nature permet de réduire le stress, d’améliorer l’humeur et de réduire l’anxiété en favorisant la relaxation psychologique. Les propos, ici centrés sur les espaces de nature urbains, sont tout à fait applicables aux jardins à but thérapeutique (Vajou et al., 2018). Ces bénéfices sont corroborés par plus de 300 publications scientifiques. Certains chercheurs considèrent que l’effet n’est plus à prouver (MacIntryre et al., 2019) mais qu’il est à spécifier. Effectivement, au cours de la revue de la littérature, nous nous sommes aperçus que certaines caractéristiques environnementales comme l’hétérogénéité paysagère (Meyer-Grandbastien, 2019) ou la visibilité (Gatersleben et al., 2013) pouvaient moduler l’intensité de l’effet bénéfique observé. Plusieurs travaux sont aujourd’hui conduits en ce sens pour comprendre au mieux l’influence de ces paramètres.

 

Bastien Vajou
Psychologue, chargé d »étude à Plante & Cité

(1*) Voir la liste bibliographique.

POUR EN SAVOIR PLUS

Meyer-Grandbastien, A. (2019). Perception écologique et sociale de la biodiversité des espaces verts urbains publics [Thèse de doctorat, Université de Rennes 1]. These.fr. http://www.theses.fr/2019REN1B073
Vajou, B., Fromage, B., Andrieu, B., & Galopin, G. (2018).
Contribution des médiations végétales à l’autodétermination dans
des situations pathologiques. L’Évolution Psychiatrique, 83(1),
29–43. https://doi.org/10.1016/j.evopsy.2017.11.002
Vajou, B. (2021). Santé mentale et expérience de nature – La construction d’une expérience de nature favorable à la santé mentale et au bien-être: étude in situ des composantes comportementales, cognitives et affectives [Thèse de doctorat,
Université d’Angers]. These.fr.  http://www.theses.fr/s190393[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]