Enseignement supérieur et recherche agronomique : Des évolutions institutionnelles pour renforcer la capacité d’adaptation de l’horticulture et du paysage

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Dans un monde où les modèles sont à revoir, le domaine de l’horticulture et celui du paysage ont un rôle déterminant à jouer. Tous deux doivent, pour cela, également revoir comment ils envisagent leur rôle et, partant, comment ils doivent être enseignés aux nouvelles générations.

 

Cours de pédologie sur le terrain © Agrocampus Ouest

Dans un monde en profonde mutation, où les ressources naturelles sont limitées et de plus en plus dégradées, où la population mondiale augmente et s’urbanise, l’enseignement supérieur et la recherche agronomique ont un rôle majeur à jouer pour construire des transitions efficientes vers des modèles agricoles, alimentaires, urbains et ruraux soutenables. Les bouleversements sont certes d’ordre climatique mais les enjeux énergétiques, alimentaires, sanitaires et de conservation de la biodiversité sont plus que jamais à l’ordre du jour.

À ces défis majeurs s’ajoutent les mutations de la société de la connaissance : la mondialisation des formations et de la recherche d’une part et la transition numérique d’autre part, qui ouvre des champs encore totalement inexplorés et va bousculer les modes de production, les filières et les métiers. Le rapport à la connaissance évolue et offre des opportunités nouvelles de coopérations s’appuyant sur des dispositifs de plus en plus collaboratifs et mutualisés, à construire dans une démarche de responsabilité sociétale.

Enseignement supérieur et recherche se regroupent pour une meilleure efficacité

Ainsi, l’enseignement supérieur et la recherche agronomique agricole, alimentaire et environnementale doivent se structurer pour relever ces défis et accompagner ces transitions. Au 1er janvier 2020, l’Inra et l’Irstea vont se regrouper pour former l’Inrae tandis qu’Agrocampus Ouest et Montpellier SupAgro vont fusionner pour constituer un nouvel établissement : l’Institut national d’enseignement supérieur pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (l’Institut Agro créé le 1er janvier 2020). Ce nouvel établissement a vocation à intégrer à terme d’autres établissements d’enseignement supérieur agronomique.

Conforter l’enseignement et la recherche dans le domaine de l’horticulture et du paysage

Cet institut, multisite, devra renforcer encore les capacités actuelles de recherche et d’enseignement de façon plus intégrée, holistique ou encore systémique afin de faire face aux enjeux du monde agricole et rural, spécifiquement ici ceux des acteurs des filières horticoles et paysagères. Le changement global, dans toutes ses dimensions (changement climatique, érosion de la biodiversité, évolution des marchés, attentes des consommateurs en matière de qualité et de sécurité des produits, étalement urbain, etc.), mais également les défiances de plus en plus importantes envers la science nécessitent un décloisonnement des approches. La capacité à penser et à dialoguer entre disciplines, entre filières ou entre acteurs constituera une des clés de l’adaptation au monde de demain. Le regroupement des institutions d’enseignement supérieur favorisera ces éclairages complémentaires.

Quels chantiers et quels bénéfices pour l’Horticulture ?

Dans le domaine de la production horticole, que ce soit en ornement, en fruits, en légumes, ou en production de semences et plants, la transition agro-écologique constitue un véritable défi, sinon une rupture. Par exemple, en matière de génétique végétale et de création variétale, de nouveaux enjeux doivent être considérés avec des critères de sélection émergents tels que l’adaptation des variétés aux nouvelles conditions climatiques et aux pratiques culturales plus économes en ressources (eau, azote minéral…).  De même, la sélection pour la résistance aux pathogènes devra considérer la nécessaire réduction des intrants tout en développant les qualités organoleptiques et nutritionnelles. Ces défis nécessitent une encore plus grande intégration pluridisciplinaire.

Des investissements seront nécessaires autour du phénotypage haut débit et automatisé, du traitement de données lourdes (ou « big data ») et de la modélisation. De nouveaux domaines de recherche comme l’épigénétique deviennent importants pour comprendre comment, à partir d’un même génome, un effet épigénétique peut permettre à une plante de s’adapter à un nouvel environnement. La conception des substrats et des sols à partir de ressources renouvelables (et pas seulement de tourbes issues de milieux sensibles riches en biodiversité ou de terre arable), la question du chauffage des abris de culture, représentent également un challenge important, de même que la robotisation qui permet d’appliquer les intrants au plus juste et de préserver les ressources.

Enfin, de nouvelles formes de produits et de modes de commercialisation sont nécessaires en réponse aux évolutions de la consommation dans un contexte de reterritorialisation de l’alimentation. C’est bien l’ensemble des facteurs qu’il convient d’appréhender et d’intégrer si le chercheur souhaite penser les solutions et transitions.

Les démarches de type « laboratoires vivants » (« living lab »), ou plus généralement les démarches participatives associant les divers acteurs aux intérêts et représentations pas forcément convergents peuvent représenter un levier précieux pour développer ou valider des innovations.

En matière de génétique végétale et de création variétale, de nouveaux enjeux doivent être considérés avec des critères de sélection émergents tels que l’adaptation des variétés aux nouvelles conditions climatiques et aux pratiques culturales plus économes en ressources (eau, azote minéral…) © Agrocampus Ouest

Quels défis pour les paysagistes de demain ?

Le paysagiste se trouve lui aussi confronté aux défis du changement global dans toutes ses dimensions (environnementales, sociétales, économiques) quel que soit son espace d’intervention (ville, campagne, périurbain). La transition agro-écologique impose, là encore, de penser les enjeux de façon plus globale, notamment en termes de réversibilité des installations, d’utilisation plus économe du foncier, d’intégration de la nature en ville (trames vertes et bleues, rôle des espaces verts pour les îlots de fraîcheur…), de participation des acteurs (y compris la population) au projet de paysage.

Les pédagogies de demain seront plus actives, plus différenciées et pourront prendre place tout au long du parcours professionnel  © Agrocampus Ouest

Prospective sur la formation

Les évolutions institutionnelles à venir devraient permettre aux chercheurs et enseignants-chercheurs des établissements concernés de mener des recherches plus intégrées et systémiques en s’appuyant sur des objets d’étude souvent spécifiques aux établissements actuels pour ensuite faire en sorte que les étudiants de demain bénéficient d’une formation par la recherche renforçant leur capacité d’adaptation aux enjeux de la transition agro écologique… qui passera aussi par une transition pédagogique.

Des pédagogies plus actives, plus différenciées, pouvant prendre place tout au long de la vie et à partir de parcours variés, permettront de concevoir les nouvelles variétés ainsi que leur mode de production et de consommation, qui seront forcément plus… agro-écologiques ! Quant aux paysages de demain, leur conception et leur mise en œuvre réclameront des capacités renforcées en ingénierie dans un monde de plus en plus urbanisé où la place et le mode de culture du végétal spécialisé seront profondément revus, nécessitant de faire davantage de liens entre approches et disciplines complémentaires… plaçant ainsi le futur établissement au cœur des nouveaux enjeux !

 

Dominique Vollet
Directeur adjoint d’Agrocampus Ouest, directeur du campus d’Angers[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_cta h2= »Les jeunes diplômés témoignent » h2_font_container= »color:%23913a81″ use_custom_fonts_h2= »true » use_custom_fonts_h4= »true » css= ».vc_custom_1583857063446{background-color: #e2e2e2 !important;} »]« J’ai été diplômée d’Agrocampus Ouest, Angers en 2017. J’ai suivi le cursus ingénieur en trois ans après une classe préparatoire BCPST où j’ai choisi de faire la spécialité Horticulture avec l’option « amélioration des plantes » en dernière année. J’ai choisi cette formation car le domaine du végétal m’intéresse beaucoup. Les productions sur lesquelles nous travaillons regorgent de nouveaux défis. En plus, la formation propose une dimension internationale qui m’intéresse particulièrement. Je suis actuellement doctorante en troisième année à l’Inra et je travaille en génétique sur la résistance à la maladie des taches noires chez le rosier de jardin. Après ma thèse, j’aimerais travailler en tant que sélectionneur ou en recherche et développement à l’étranger. »

Diana Lopez, doctorante en génétique[/vc_cta][/vc_column][/vc_row]