Enjeux écologiques locaux et « trame verte et bleue » : l’exemple de Reims

Éric LavoisyStéphane Delavallade

La trame verte et bleue (TVB) constitue, à l’échelle de l’agglomération rémoise, un réseau d’espaces structurants sur lequel ont été identifiés des enjeux écologiques.

Issue des éléments arrêtés dans le Schéma Régional de Cohérence Écologique (SRCE), et complétée localement, la trame verte et bleue présente trois grandes catégories d’espaces :

  • des espaces à caractère naturel : la majorité de la Coulée Verte, le Mont de Berru ;
  • des espaces urbanisés ou à urbaniser incluant plus ou moins d’espaces verts publics et privés ;
  • des espaces agricoles.

Auxquels on peut ajouter les espaces linéaires accompagnant les voies routières et ferrées.

Le parc de la Cerisaie, un vaste espace de promenades de 12 ha en grande partie boisé – © D.R.

Un cadre de vie renforcé par le végétal

La TVB, à l’échelle de l’agglomération rémoise, prend en compte les orientations du Schéma de Cohérence Territoriale (Scot) qui incite à créer un cadre de vie renforcé par la présence du végétal, attractif et identifiable, et à maîtriser l’urbanisation.

La TVB a vocation à être progressivement intégrée dans le Plan Local d’Urbanisme (PLU) des communes constitutives de l’agglomération, à l’instar de la Coulée Verte déjà identifiée dans les 10 communes concernées.

Avec la révision du PLU de la ville de Reims s’est présentée l’opportunité de définir concrètement comment la TVB pouvait être appréhendée, tout en tenant compte de l’ensemble des besoins de développement d’une collectivité.

Deux principes, trois niveaux

Le PLU définit pour la trame verte et bleue :

Deux principes sur la totalité des espaces de la TVB du territoire communal, 968 ha soit 20 % de la surface : une section continue, la Coulée Verte, qui forme un espace à lui seul de 256 ha sur Reims ; des secteurs discontinus qui n’ont pas vocation à être obligatoirement reliés physiquement les uns aux autres mais qui définissent des secteurs à préserver, soit 712 ha au total à Reims.

Trois niveaux, selon le degré d’importance biologique et les usages :

  • Au niveau 1 : 102 ha d’espaces biologiques importants, à protéger strictement pour leur valeur faunistique et floristique, ainsi que pour leur mosaïque d’habitats. Exemples : certains espaces très naturels de la Coulée verte : marais des Trous de Leu, ripisylve du parc de la Cerisaie…
  • Au niveau 2 : 298 ha d’espaces biologiques importants, à vocation environnementale mais aussi sociétale, avec des usages liés au patrimoine vert : tourisme, sport, éducation, détente. Exemples : Les Promenades, Parc de Champagne, Parc Léo Lagrange

  • Au niveau 3 : 568 ha d’espaces biologiques complémentaires, faisant l’objet de projets d’urbanismes à moyen et long terme, en zone déjà urbanisée ou en zone agricole. Exemples : 12e Escadre, secteur la Husselle…

Espaces TVB hiérarchisés de la ville de Reims

Des espaces oubliés

Portée au niveau de l’agglomération rémoise, la Coulée Verte vise à reconquérir les espaces situés le long du canal de l’Aisne à la Marne et de la Vesle, modeste rivière traversant l’agglomération rémoise. Pendant de très longues années, ces espaces relativement inaccessibles, bouleversés par l’aménagement de l’autoroute A4, ont été oubliés et peu investis sinon à travers quelques activités comme la pêche, l’aviron ou l’accueil de jardins familiaux. Ils se présentaient comme un ensemble d’un seul tenant, peu urbanisé mais hétérogène et morcelé.

La Vesle est un espace naturel fragile dont la qualité doit être protégée. C’est particulièrement le cas pour les champs de captage situés à proximité et alimentant en partie le réseau d’eau potable.

Les marais des Trous du Leu, site devenu une Réserve Naturelle Régionale – © D.R.

Un lien Nord/Sud

La Coulée Verte constitue un lien entre le nord et le sud de Reims et possède un potentiel urbain, paysager et environnemental.

En 2003, consciente de l’intérêt et des opportunités présentés par un espace de 650 ha au coeur de l’agglomération, la communauté d’agglomération lance le projet de Coulée Verte en créant une Zone d’Aménagement Différé (ZAD) avec les objectifs suivants : offrir de nouveaux espaces de loisirs aux habitants de l’agglomération et des espaces verts de proximité aux quartiers limitrophes ; organiser le lien entre les différentes communes de l’agglomération concernées ; mettre en valeur la coulée verte pour ses qualités écologiques ; préserver et valoriser son rôle de corridor biologique en milieu urbain ; constituer l’ossature majeure de la trame verte de l’agglomération.

Des qualités biologiques révélées

Des liens physiques ou géographiques sont à compléter ou à réaliser, des équipements sont à créer pour permettre de constituer à terme un espace cohérent de détente et de loisirs.

Liées au rythme des acquisitions foncières, les premières réalisations se concrétisent à partir de 2007, offrant progressivement aux habitants de l’agglomération de nouveaux secteurs de promenades et permettant de révéler les qualités biologiques de certains milieux.

Selon leurs situations et les usages, les aménagements et les modes de gestion sont plus ou moins importants, l’esprit général étant de mettre à disposition des espaces à caractère naturel, respectueux des enjeux biologiques.

Le parc de la Roseraie installé sur d’anciens jardins privés – © D.R.

 

Une coulée verte aménagée depuis 2007

Plusieurs aménagements se sont succédé de 2007 à nos jours :

• La berge du canal : cet agencement offre un itinéraire de liaison piéton-cycle de 17 km dans le cadre d’une convention avec Voies navigables de France. Il constitue l’armature principale permettant le lien avec les autres parties constitutives de la Coulée Verte.

• Les berges de Vesle : rendues accessibles par l’installation de plusieurs passerelles de franchissement, elles offrent un autre itinéraire de promenades permettant de remettre en valeur la rivière et les espaces contigus dont de nombreux lotissements de jardins familiaux.

• Le parc de la Cerisaie est un vaste espace de promenades de 12 ha en grande partie boisé. Il accueille, sur une partie, des activités encadrées de sport-nature (tir à l’arc, accrobranche, VTT…).

• Le parc de la Roseraie est un espace linéaire installé en partie sur d’anciens jardins privés et des parcelles maraîchères disparues. Outre les activités de détente et de promenades, ce secteur accueille un jardin intergénérationnel associant des pensionnaires de maisons de retraite et des enfants des écoles ainsi qu’un jardin d’insertion dédié aux publics en difficultés.

• Le parc Saint-Charles résulte de la valorisation d’une ancienne friche recolonisée naturellement par la végétation, en un site pour la pratique sportive.

• Les marais du Trou du Leu : classé en zone Natura 2000, le site est devenu une Réserve Naturelle Régionale en 2014. Cet espace exceptionnel abrite plusieurs espèces rares et protégées. Fermé au public pour sa préservation, il fera l’objet de visites encadrées par le Conservatoire des Espaces Naturels de Champagne-Ardenne.

Un vaste espace de promenades

Les aménagements de la coulée verte devraient continuer dans les prochaines années dans le but de poursuivre les liaisons entre les espaces, le canal et la Vesle sur les différentes communes traversées et de favoriser les liaisons transversales vers d’autres espaces verts majeurs de l’agglomération. Ils ont également pour objectif d’aménager le secteur des Châtillons et du Bois d’Amour à Reims et de développer les équipements favorisant la pratique sportive.

Ainsi continue de se tisser un vaste espace de promenades qui permet à la fois d’offrir aux habitants de nouvelles opportunités pour les loisirs mais aussi de révéler et favoriser les potentiels biologiques à travers l’agglomération rémoise.