Édito : Du sol au la : de la plante à la mélodie
Il est entendu que la matière végétale est omniprésente dans la fabrication des instruments de musique. Le cornet à bouquin et le serpent qui est sa basse sont de bois gainés de cuir, équipés d’une embouchure de trompette. La kora est une harpe construite sur un fruit de cucurbitacée. Les xylophones, balafons et autres sont des séries de lames de bois dur disposées au-dessus de calebasses savamment échantillonnées pour jouer le rôle de résonateurs de Helmolz… Les tam-tam et assimilés sont des tiges évidées et tendues de membranes. Les graines sèches, introduites dans des corps creux, fournissent des auxiliaires de rythme comme les maracas. Les Cannes de Provence sont savamment exploités pour la production des anches de clarinette et de saxophone.
Mais on trouve aussi des résines et les gommes, des teintures qui entrent dans la fabrication des vernis, des colophanes, etc.
Pour aborder, dans Jardins de France la magnifique contribution du règne végétal à la lutherie, nous avons choisi de nous placer dans la situation des premiers artistes découvrant les potentialités des arbres et des plantes. Il s’agit presque d’écrire une économie musicale de cueillette. Nous examinerons donc ce que le génie végétal nous a offert et nous offre encore pour fabriquer nos instruments de musique, à travers les tiges, fruits et graines… Sans aucun doute, verrons-nous se définir sous nos yeux une catégorie humaine bien particulière et méconnue : le musicien-botaniste !
Daniel Lejeune
Administrateur de la SNHF