Ecrin, confort, plaisir…pelouse ou gazon?

Howard Wood

Douillette et utile à la fois, la pelouse offre un grand confort visuel et tactile à leurs usagers. Plus encore, elle est l’élément paysager précieux pour la qualité de notre environnement, agissant directement sur la qualité de l’eau et de l’air, apportant la fraîcheur et atténuant les bruits… Pourquoi s’en passer ?
On estime que les gazons de la planète emprisonnent annuellement environ 12 millions de tonnes de poussières, entraînées ensuite dans le sol par l'eau condensée sur les feuilles et les précipitations. © GNIS

 

À première vue, sans intérêt particulier, ni pour sa floraison ni pour sa couleur ou texture, l’herbe de nos pelouses est pourtant la « base » de tous les aménagements paysagers. Le vaste tapis vert reste le lieu privilégié de détente, de jeux, sur lequel on aime marcher ou s’allonger. En termes de qualités environnementales, les gazons prennent de l’avance sur d’autres végétaux. Ils adoucissent les conditions les plus extrêmes, en s’associant au bitume et au béton de la ville par exemple, grâce à leur capacité de piéger la poussière, rafraîchir l’air, filtrer l’eau, amortir les bruits, capturer le gaz carbonique, libérer l’oxygène…
Autour de sites industriels ou urbains, et à proximité de couloirs de transport, la poussière contient souvent une proportion significative de toxines, mais aussi les spores de champignons et de fougères, les pollens, particules souvent inhalées.

 

Véritable filtre végétal

La surface d’un gazon est irrégulière par rapport à une surface lisse, telle qu’un trottoir ou une route. L’air qui passe juste au-dessus et à travers les feuilles d’un gazon est donc ralenti par la friction. Le contact entre l’air et une feuille de gazon permet à la particule de rester attachée à la feuille, ceci est encore plus efficace si la feuille est humide. Le ralentissement de l’air ne lui permet plus de transporter les particules les plus lourdes, et celles-ci tombent entre les brins d’herbes. Ceci ressemble au dépôt de sédiments transportés puis déposés par une rivière.
 

« Régulateur » de température

Au sein d'une même ville, ou d’un même jardin, des différences importantes de températures (7-10°C) peuvent s’observer selon la nature de l'occupation du sol, le relief et l'exposition. Ces « îlots de chaleur » sont aussi des microclimats artificiels. Le gazon refroidit son environnement par le processus d'évapotranspiration permettant une économie d'électricité en réduisant la climatisation des bâtiments adjacents. Un mètre carré de gazon, un jour d'été, perd grâce à l’évaporation et la transpiration, environ 2,69 litres d'eau. Un mètre carré de pelouse libère 100 litres d’eau par an et l’impact de 100 m2 équivaut à 70 tonnes d’air conditionné.

 


Favorise la biodiversité, meuble le sol…

Les graminées permettent un développement important de la microfaune du sol. Par exemple, les écosystèmes de prairies peuvent soutenir des populations abondantes de vers de terre, allant de 200 à 300 par mètre carré. L'activité des vers de terre augmente la macroporosité du sol, ce qui a comme conséquence l’accélération de la vitesse d'infiltration de l'eau dans le sol et une amélioration du rechargement des nappes phréatiques.
 

Doux « tampon » anti-bruit

En contact avec les gazons, une certaine énergie du son peut être perdue. L’atténuation du bruit ambiant par la présence de pelouse peut atteindre 5 dBA (décibels A). Par comparaison, plus nous nous éloignons d’une source sonore, plus le bruit diminue. Ainsi, le bruit perçu diminue de 6 dB à chaque fois que la distance nous séparant de la source du bruit double. De même, sur route, le bruit augmente de 3 dBA quand le trafic passe de 1000 voitures par heure à 2 000 voitures (de 65 dBA à 68 dBA).
 

Un piège pour le carbone

Les parties aériennes des graminées gazons composées essentiellement de feuilles vertes sont capables de capter le gaz carbonique, tout au long de l’année, par la photosynthèse. Le carbone est capturé dans la plante et séquestré dans le sol par le développement et la décomposition du système racinaire. Les graminées ont un système racinaire fasciculé, fibreux et très développé, dont la masse est de l’ordre de 1,5 kg de matière sèche au m2, ce qui représente de 70 à 90% de la masse totale de la plante. Une prairie a le potentiel de séquestrer 1,1 tonne de CO2 /an. Un gazon entretenu peut capturer 10 à 12 tonnes de CO2 /an dans ses feuilles et ses racines.


Un « bol d’air frais »

Une surface de gazon d’un hectare a une production brute d’oxygène équivalente aux besoins de 170 personnes. Autrement formulé, une pelouse de 230 m2 produit l’équivalent des besoins en oxygène d’une famille de 4 personnes. Les surfaces enherbées apportent des réels bénéfices à l’environnement.